Enchères sur les actifs de Ioukos : le siège social échappe à Rosneft

Le groupe russe va débourser 6,43 milliards de dollars pour racheter d'importants actifs du groupe Ioukos, mis en liquidation judiciaire en août dernier. Rosneft a déjà dépensé quelque 15 milliards de dollars dans cette vente aux enchères très spéciale.

Un groupe inconnu, Prana, a emporté ce vendredi aux enchères un lot d'actifs (le n°13) de l'ancien numéro un du pétrole russe Ioukos comprenant son siège moscovite de 22 étages et 28.600 mètres carrés (où se déroulait la vente d'ailleurs) pour 3,88 milliards de dollars. C'est ce qu'a annoncé l'organisateur, le Fonds russe des Biens d'Etat, à l'issue de la vente. Cette dernière a donné le lieu à des enchères trés disputées. Elles ont duré près de trois heures et ont été interrompues deux fois, une première depuis le lancement du processus fin mars suite à la liquidation prononcée de Ioukos.

Les deux participants ont déposé plus de 700 offres au total et le prix définitif est plus du quadruple du prix de départ. Celui-ci était de 22,07 milliards de roubles (856,2 millions de dollars). Les participants devaient renchérir de 110 millions de roubles (4,27 millions de dollars) à chaque étape.

Prana, qui n'avait jamais participé aux enchères Ioukos jusqu'ici, était opposé à Rosneft, représenté par sa filiale Neft Aktiv. D'autres groupes inconnus avaient déjà participé à certaines des enchères précédentes, et c'est l'un d'entre eux, Unitex, qui a emporté jeudi le réseau de stations-services de Ioukos. Selon les analystes, certains grands groupes comme le géant Gazprom pourraient agir en coulisse derrière certains de ces groupes.

Deux autres sociétés étaient initialement inscrites pour ces enchères mais ne s'y sont pas présentées : Unitex, à qui la presse russe prête des relations avec les producteurs russes de gaz Gazprom et Novatek, et le groupe Benefit, lui aussi inconnu.

Si Rosneft, pourtant donné favori, a échoué, il a tout de même emporté ces dernières semaines les plus importants lots de ces ventes, notamment, jeudi, en versant 6,43 milliards de dollars pour le lot numéro 11 qui était composé d'une des principales filiales de Ioukos, Samaraneftegaz, et de plusieurs grosses raffineries. Son prix de départ était de 154,09 milliards de roubles (5,9 milliards de dollars). Les participants devaient renchérir de 260 millions de roubles (10,1 millions de dollars) à chaque étape.

Rosneft, représenté par sa filiale Neft Aktiv et opposé dans ces enchères au groupe Versar, était donné favori, après avoir déjà emporté plusieurs lots depuis la fin mars. Début mai, il avait gagné le lot 10 pour 6,8 milliards de dollars, face à Unitex, société gazière qui pourrait être liée à Gazprom. Ce lot était composé notamment de deux grosses filiales de Ioukos, Tomskneft et East Siberian Oil and Gas Company (VSNK), et de plusieurs grosses raffineries, celles d'Achinsk et d'Angarsk.

Rosneft avait ouvert le feu fin mars lors de la première enchère qui le concernait de près puisqu'elle lui a permis notamment de racheter pour 7,6 milliards de dollars 9,44% de son propre capital que détenait auparavant Ioukos. Le groupe pétrolier russo-britannique TNK-BP s'était lui aussi mis sur les rangs.

Le groupe pétrolier italien Eni associé à son compatriote spécialiste de l'électricité Enel a lui aussi gagné une importante bataille dans ce dossier, d'ailleurs face à Rosneft, avec l'acquisition pour 4,36 milliards d'euros d'importants actifs dont 20% du capital de la société pétrolière Gazprom Neft. Mais de nombreux observateurs s'attendaient à ce qu'Eni s'entende in fine avec le géant russe Gazprom, les deux groupes ayant conclu un accord stratégique en novembre dernier.

De fait, Eni lui-même a indiqué peu après la vente avoir accordé à Gazprom pour 3,7 milliards de dollars une option d'achat sur les 20% dans Gazprom Neft, ainsi qu'une option d'achat sur 51% des trois sociétés Arktikgaz, Ourengoïl et Neftegaztechnologia.

Le produit des ventes aux enchères doit servir à éponger les dettes de Ioukos, évaluées à plus de 20 milliards de dollars répartis entre 68 créanciers. L'essentiel des actifs encore entre les mains de Ioukos aura été vendu d'ici août 2007, soit un an après la mise en liquidation judiciaire du groupe en août 2006.

Trois enchères d'actifs de Ioukos, dont l'ancien PDG Mikhaïl Khodorkovski a été envoyé en prison en Sibérie, sont encore programmées pour les semaines à venir, mais l'essentiel a désormais été vendu.

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