La version intermédiaire du rapport du Giec sur le dérèglement climatique

La Tribune publie des extraits de la version intermédiaire du rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat qui sera publié vendredi. Un texte qui ne laisse aucun doute quant à la gravité des conséquences du réchauffement climatique en cours.

Plus de 500 experts climatiques parrainés par l'ONU (Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat) rédigent actuellement à huis clos à Paris le résumé de leur important rapport d'évaluation sur les changements climatiques. Déterminant pour les prochaines négociations sur l'avenir du Protocole de Kyoto, ce rapport, le quatrième réalisé par le Giec en 16 ans, lève les derniers doutes sur le constat scientifique du réchauffement de la planète mais aussi sur la responsabilité des activités humaines dans ce phénomène. Il souligne l'importance de mettre rapidement un coup d'arrêt aux émissions de gaz à effet de serre (Ges) à l'origine des changements climatiques. La Tribune, qui s'est procuré une copie de la version intermédiaire ("final draft") du résumé, dont la version définitive ne sera achevée et publiée que vendredi, en présence des représentants des Etats engagés dans le processus, en livre ici quelques morceaux choisis.

"Les concentrations atmosphériques actuelles de dioxyde de Carbonne et de méthane excèdent de loin les valeurs préindustrielles déterminées par carottage glacier couvrant une période de 650.000 ans. Les augmentations de gaz à effet de serre depuis 1750 sont principalement dues aux émissions provenant de l'usage des carburants fossiles, l'agriculture et les changements d'usage des terres (...). Le dioxyde de carbone est le plus important gaz à effet de serre anthropique. Sa concentration dans l'atmosphère a augmenté d'une valeur préindustrielle de 280 ppm (parties par million) à 379 ppm en 2005. (...).

"Onze des douze dernières années sont classées parmi les douze plus chaudes dans le registre des températures à la surface du globe (depuis 1850). (...) La tendance moyenne au réchauffement sur les cinquante dernières années (...) est près du double de celle sur les 100 dernières années. (...).

Les nouvelles analyses des ballons de sonde et les mesures par satellites des températures troposphérique (inférieure et intermédiaire) montrent des taux de réchauffement similaires à ceux observés à la surface de la terre et compatibles dans leurs incertitudes respectives, réconciliant largement une divergence qui avait été relevée dans le troisième rapport".

"La teneur moyenne en vapeurs d'eau de l'atmosphère a augmenté depuis au moins les années 1980 au dessus des terres et des océans tout comme dans la troposphère supérieure. L'augmentation est largement compatible avec l'eau supplémentaire que l'air chaud peut contenir".

"Les observations montrent que la température moyenne de l'océan dans le monde a augmenté à des profondeurs d'au moins 3000 mètres et que l'océan est en train d'absorber l'essentiel de la chaleur accumulé par le système climatique. Un tel réchauffement provoque une dilatation de l'eau et est considéré comme ayant contribué de 0,42 mm [0,30 à 0,54] l'an à la montée du niveau de la mer entre 1961 et 2003 et 1,6 mm [1,1 à 2,1] de 1993 à 2003".

Les glaciers montagneux et la couverture neigeuse ont diminué en moyenne dans les deux hémisphères. Les diminutions des glaciers et couvertures glaciaires ont contribué à la montée des mers de 0,50 [0,32 à 0,68] mm par an de 1961 à 2003 et 0,77 [0,55 à 0,99] mm par an de 1993 à 2003."

"Le niveau moyen des mers dans le monde est monté en moyenne de 1,8 [1,3 à 2,3] mm par an entre 1961 à 2003. Le rythme était plus rapide entre 1993 et 2003, environ 3,1 [2,4 à 3,8] mm l'an, mais la mesure des marées montre des rythmes similaires à d'autres périodes depuis 1950. (...). Il y a un niveau de confiance élevée dans le fait que le rythme observé de la montée des mers s'est accru entre le 19° siècle et le 20° siècle, et la montée totale durant le 20° siècle est estimée à 0,17 mètre [0,12 à 0,22]."

"De nombreux changements dans le climat ont été observés à l'échelle des continents ou des bassins océaniques. Ils incluent les systèmes des vents, les précipitations, la salinité océanique, la glace maritime, les couvertures glaciaires, et des aspects du climat extrême".

"Les températures moyennes de l'Arctique ont augmenté près de deux fois plus vite que la moyenne sur les 100 dernières années. (...). Une période de chaleur a également été observée de 1925 à 1945, mais semble avoir eu une répartition spatiale différente du récent réchauffement".

"Les températures au sommet de la couche de permafrost ont augmenté de plus de 3°C depuis les années 1980. La surface maximum couverte par la glace saisonnière a diminué d'environ 7% dans l'hémisphère nord depuis 1900".

"Les tendances de long terme du volume des précipitations entre 1900 et 2005 ont été observées dans beaucoup de régions. Des précipitations significativement accrues ont été observées dans les parties est de l'Amérique du nord et du sud, du nord de l'Europe et en Asie centrale. Un assèchement a été observé au Sahel, en méditerranée, dans le sud de l'Afrique et le sud de l'Asie. Les précipitations ont hautement variables dans l'espace et le temps, et dans d'autres régions de solides tendances de long terme n'ont pas été observées."

"Des sécheresses plus intenses et longues ont été observées dans des régions plus amples depuis les années 1970, particulièrement dans les régions tropicales et sub-tropicales. L'augmentation des sécheresses dues à l'élévation des températures et la diminution des précipitations ont contribué à ces changements. Les changements des températures à la surface de la mer, les modes de circulation atmosphérique, et la diminution de la couverture neigeuse sont également liées aux sécheresses".

"Certains aspects importants du climat semblent ne pas avoir changé".

"Les données disponibles depuis le troisième rapport d'évaluation montrent que la différence moyenne entre les températures de jour et de nuit n'ont pas changé depuis 1979, les deux ayant augmenté de presque le même rythme".

Les scientifiques estiment "probable" (...) l'hypothèse qu' "une augmentation du nombre et de l'intensité des cyclones tropicaux" soit intervenue après 1970, "plus probable qu'improbable" celle d'une "influence humaine discernable sur cette tendance" et "probable" celle d'une poursuite de la tendance au 21° siècle.

"Il est très probable que les augmentations de gaz à effet de serre anthropiques aient provoqué la plupart des hausses des températures moyennes dans le monde depuis le milieu du 20° siècle. Les influences humaines discernables s'étendent à présent à d'autres aspects du climat, y compris les températures continentales moyenne, les modes de circulation atmosphériques, et certains types d'évènements extrêmes".

"Les analyses des modèles et des contraintes provenant des observations suggèrent que l'équilibre global du réchauffement moyen auquel il faut s'attendre si les concentrations de carbone sont stabilisées à 550 ppm (parties par million) est probablement compris dans une fourchette de 2°C à 4,5°C au dessus des valeurs préindustrielles, avec la meilleure estimation à environ 3°C. Il est très improbable que le réchauffement soit inférieur à 1,5°C. Les valeurs substantiellement supérieures à 4,5°C ne peuvent pas être exclues, mais l'accord des modèles avec les observations n'est pas aussi bon pour ces valeurs".

"Pour les deux prochaines décennies un réchauffement de 0,2°C par décennie est projeté pour une catégorie de scénarios d'émissions SRES (NDLR : special reports on emission scenarios, incluant des facteurs démographiques, socio-économiques ...). Si les concentrations (NDLR : de CO2) étaient stabilisées à leurs niveaux de 2000, un réchauffement engagé de 0,1°C par décennie serait à prévoir".

"Les processus climatiques, les phénomènes de retour, et leurs échelles de temps implique que le réchauffement anthropique et la montée des mers pourraient continuer pendant des siècles même si les concentrations de gaz à effet de serre étaient stabilisées".

"La contraction de la couverture glaciaire du Groenland continuera à contribuer à la montée du niveau de la mer après 2100. Les modèles actuels suggèrent qu'un réchauffement moyen mondial (par rapport aux valeurs préindustrielles) de 1,9 à 4,6°C conduirait à une disparition pratiquement complète du revêtement glaciaire du Groenland et à une montée subséquente du niveau de la mer d'environ 7 m, s'il dure le millénaire. Ces températures sont comparables à celles intervenues lors de la dernière période interglaciaire il y a 125.000 ans, quand les informations paléo climatique témoigne d'une diminution de la glace polaire et d'une hausse du niveau de la mer de 4 à 6 m."

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