Ambroise Vollard, marchand beaucoup, amateur d'art énormément

A l'occasion de l'exposition du Musée d'Orsay qui présente 120 oeuvres passées dans sa galerie, voici trois livres pour mieux faire connaissance avec cet exceptionnel promoteur de l'art français, à l'origine de ce qui est aujourd'hui un marché en pleine expansion.

Pour les amateurs d'art, Ambroise Vollard reste une énigme: comment ce jeune natif de la Réunion venu à Paris poursuivre des études juridiques est-il devenu, dès l'âge de 21 ans, LE marchand de l'avant-garde française de 1887 à 1939, qui plus est sans connaître ni la peinture ni le milieu artistique? Plus de 5.000 oeuvres, souvent majeures, sont ainsi passées entre ses mains. Alors rejetées par les collectionneurs traditionnels, elles sont le plus souvent devenues des classiques qui figurent aujourd'hui dans les musées.

Dès 1893, il ouvre un minuscule local dans "la rue des tableaux", la Rue Lafitte dans le 9ème arrondissement parisien, là où tous les galeristes modernes (expression d'alors pour contemporain) se côtoyaient, pour y rester jusqu'en 1924, changeant de numéro et de taille au fil des années.

Renoir, Cézanne, Van Gogh, Gauguin, Manet, Degas d'abord, Derain, Bonnard, Pissaro, Redon, Valtat, les Nabis, ensuite, Vlaminck, Maillol, Rouault, Matisse, Picasso, enfin, les signatures sont devenues incontournables, grâce à ce féru autant de négoce que d'esthétisme.

Le talent de ce visionnaire, avide d'argent mais aussi de reconnaissance, lui permet même d'orienter la production de certains artistes, telle la commande d'une quarantaine de vues de Londres à Derain ou le modelage de bronzes à Renoir dont les mains arthritiques ne pouvaient plus tenir le pinceau. Enfin, voulant démocratiser les oeuvres, il devient éditeur de lithographies, imposant la couleur quand l'époque était à la gravure en noir et blanc.

Une exposition au Musée d'Orsay présente 120 toiles que Vollard a eu entre ses mains: la confirmation qu'un grand marchand n'est pas seulement un grand commerçant, mais aussi un grand mécène et un grand amateur d'art.




- "C'était Ambroise Vollard" par Jean Paul Morel, Fayard, 622 pages, 28 euros: très détaillé, un peu fouillis.
- "Ambroise Vollard, un marchand d'art et ses trésors", par Isabelle Cahn, Découverte Gallimard, 128 pages, 12,30 euros: très didactique, richement illustré.
- "Souvenirs d'un marchand de tableaux" par Ambroise Vollard, Albin Michel, 427 pages, 20 euros: anecdotes et analyses très personnelles.

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