Un sénateur du parti de Silvio Berlusconi enchaîné à une colonne. Voilà une des réactions qu'a suscitée ce lundi, le "décrochage" d'un tableau de Léonard de Vinci de la galerie du musée des Offices de Florence. Avec mille précautions, "l'Annonciation" a pourtant bien été placée dans une caisse imperméable et ignifugée pour la protéger lors de son transport vers le Japon.

La célèbre huile sur bois constituera en effet le clou du "printemps italien" organisé à Tokyo. Une manifestation qui, outre une exposition "l'esprit de Léonardo", proposera aux Japonais des toiles du Pérugin, du Corrège, de Modigliani et de Munari; ainsi que des rétrospectives du cinéma italien et des concerts.

Le transport de "l'Annonciation" mobilise cependant toute l'attention. Des techniciens spécialisés ont été mobilisés ainsi qu'une équipe de carabiniers. L'oeuvre, assurée pour une valeur de 100 millions d'euros, a été emballée avec le plus grand soin, sous les yeux de la directrice des musées de Florence, Cristina Acini.

En revanche, le directeur des Offices, Antonio Natali, a refusé d'assister au départ du tableau en signe de protestation. Pour lui, l'oeuvre est trop fragile pour supporter le voyage en avion.

Malgré les réticences de ce spécialiste de l'art et l'opposition d'une centaine d'intellectuels transalpins à ce prêt, le ministre italien de la Culture, Francesco Rutelli (centre-gauche) a eu le dernier mot pour autoriser le départ du tableau.

Depuis 1867, date à laquelle l'oeuvre est entrée au musée des Offices, l'annonciation n'a quitté Florence que trois fois: pour Paris en 1935, pour Milan en 1939 et durant la seconde guerre mondiale où elle a été placée dans un lieu protégé.

Cette polémique intervient en plein débat sur la question des échanges d'oeuvre d'art dans le monde. La création d'un petit "musée du Louvre bis" à Abou Dhabi (Emirats arabes unis) a notamment déchaîné les passions en France ces dernières semaines.