EADS : Thierry Breton estime que l'Etat a été "irréprochable"

Auditionné vendredi par la commission des Finances du Sénat dans le dossier EADS, Thierry Breton, ancien ministre de l'Economie, a réaffirmé que l'Etat avait été "irréprochable". Il s'est dit également "mécontent" que la Caisse des dépôts se soit portée acheteuse d'une partie des titres EADS cédés par le groupe Lagardère en avril 2006. La CDC réaffirme avoir agi de façon totalement autonome.

S'exprimant au début de son audition par la commission des finances du Sénat sur les soupçons de délit d'initiés massif au sein du groupe EADS en 2006, l'ancien ministre de l'Economie Thierry Breton a réaffirmé vendredi que l'Etat avait été "irréprochable" dans le dossier EADS, en se disant "choqué" que l'Etat ait été accusé d'avoir joué "un rôle néfaste, mauvais".

"Je mesure parfaitement bien l'émotion immense que provoque cette affaire dans l'opinion publique, et je la comprends", a dit Thierry Breton, revenu vendredi matin des Etats-Unis où il est désormais enseignant. Une émotion qu'il a redite à maintes reprises, réagissant notamment à "l'écoeurement" des salariés d'EADS et surtout Airbus, évoqué par Thierry Foucaud, sénateur de la Seine-Maritime.

L'ancien ministre de l'Economie, Thierry Breton, a également dit qu'il avait été "mécontent" que la Caisse des Dépôts se soit portée acheteuse d'une partie des titres EADS cédés par le groupe Lagardère en avril 2006. "Cela pouvait donner le sentiment à la partie allemande que nous voulions contourner l'esprit du pacte interdisant à la France de monter au-dessus de sa participation indirecte de 15% dans le capital", a déclaré l'ancien ministre.

"Il était interdit à l'Etat français de préempter et de monter au delà de 15%" du capital par le pacte d'actionnaires conclu avec les groupes Lagardère et DaimlerChrysler", a-t-il rappelé, insistant sur le caractère extrêment complexe du dossier EADS.

"Je n'ai jamais été prévenu", a ajouté l'ancien locataire de Bercy en soulignant qu'il avait appris "par la presse" que la Caisse des dépôts allait prendre 2,25% du capital d'EADS dans le cadre de la cession annoncée le 4 avril par le groupe Lagardère de 7,5% du groupe aéronautique et de défense.

L'ancien ministre a souligné qu'il n'avait "pas donné la moindre consigne" à la Caisse qui, selon lui, rend compte au parlement et non au ministère de l'Economie. Thierry Breton a précisé qu'il avait été informé "en novembre 2005 par Manfred Bischoff pour DaimlerChrysler et Arnaud Lagardère de leur intention éventuelle de céder tous les deux conjointement une partie de leur participation". "J'ai tout de suite fait part de ma très grande réserve sur cette décision", a-t-il indiqué, en expliquant qu'EADS, "engagé dans des programmes de très long terme", devait bénéficier d'un actionnariat stable.

La CDC sera reçue à son tour par la commission des sénateurs le mercredi 10 octobre, à 10 heures, et pourra donner son point de vue publiquement sur cette affaire. Mais sans attendre, celle-ci a publié un communiqué vendredi, dans lequel elle affirme avoir "agi dans cette opération en qualité d'investisseur de long terme, aux côtés d'autres institutions financières" et cela "de manière autonome" et en n'ayant "reçu aucune instruction des pouvoirs publics". La CDC fait valoir que le prix d'achat de ces titres EADS, 32,60 euros, "était alors inférieur à l'estimation de nombreux analystes financiers, et se situait en-dessous des titres des principaux concurrents d'EADS, s'agissant des principaux ratios d'évaluation boursière".

Le patron de la CDC, Augustin de Romanet, sera en outre auditionné ce mardi à l'Assemblée sur les modalités d'achat d'actions d'EADS par la CDC en avril 2006, a annoncé vendredi le président de la commission des Finances de l'Assemblée, Didier Migaud (PS). Cette audition, ouverte à la presse, aura lieu mardi à 11 heures 30 devant la commission des Finances. Seront entendus, en même temps que M. de Romanet, l'ancien député UMP Philippe Auberger, ex-président de la commission de surveillance de la CDC, et le directeur financier de la Caisse, Dominique Marcel.

Interrogé par ailleurs sur les "parachutes dorés", c'est-à-dire les conditions financières particulièrement avantageuses offertes aux dirigeants à leur départ, Thierry Breton a rappelé qu'il avait mis en place une loi "peu de temps après (son) arrivée à Bercy" pour obliger les entreprises à faire voter ces mesures en assemblée générale.

L'ancien ministre a d'ailleurs rappelé que Noël Forgeard, ancien co-président d'EADS, qui a vendu ses stocks options et bénéficié également d'un "parachute doré" n'était pas concerné par cette loi car EADS est une entreprise de droit néerlandais.

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