Fusions bancaires et emploi font rarement bon ménage

Aux dires de son président, la Société Générale pourrait prochainement fusionner. Les syndicats ont-ils raison de craindre des suppressions d'effectifs ?

Daniel Bouton a profité d'une rencontre syndicale pour évoquer huit possibilités d'alliances européennes qui permettraient à la banque française, qui emploie au total 120.000 personnes, de combler son insuffisance en fonds propres. "La réaction des salariés et des syndicats est un des éléments qui compte dans le succès d'une fusion bancaire, explique Michel Marchet, responsable CGT Société Générale et délégué syndical national du secteur bancaire. Il faut toutefois se méfier des effets d'annonce : depuis 1999, on promet régulièrement le mariage de la SG avec une autre banque".

Coup de bluff ou pas, l'annonce d'une possible fusion s'avère risqué pour la banque dans la mesure où elle peut entraîner des départs volontaires, comme c'est actuellement le cas chez ABN Amro depuis que Barclays et à un consortium emmené par Royal Bank of Scotland ont annoncé leur intention de racheter l'établissement hollandais. Certains cadres, craignant de ne pas trouver leur place dans une potentielle nouvelle entité, préfèrent anticiper. Pire : si la banque tombait dans les mains du consortium, les syndicats évoquent 11.000 suppressions d'emplois.

Peu de transparence.

Pour savoir si les fusions bancaires sont destructrices d'emplois, regardons du côté de BNP et Paribas (BNP Paribas), Crédit Agricole et Crédit Lyonnais (Calyon) ou encore Natexis et Ixis (Natixis). Parce qu'il existait une réelle complémentarité entre les strucutures, l'emploi semble y avoir été préservé. C'est surtout en cas de doublons qu'il y a de la "casse", ce qui explique sûrement pourquoi le président de la SG écarte l'idée d'un rapprochement avec BNP Paribas.

"Certes, les banques ont annoncé un solde positif général des effectifs, mais cette augmentation aurait été plus forte sans fusion, juge Michel Marchet. En réalité, toutes les fusions franco-françaises ont détruit des emplois".

"L'objectif d'une fusion n'est pas de réduire les effectifs. Au contraire, il repose sur un contexte de forte activité, note pour sa part un consultant du pôle banque d'un grand cabinet de recrutement, qui préfère garder l'anonymat. En France, ces opérations sont plutôt bien encadrées par les syndicats et les plans sociaux, quand il y en a, reposent sur des départs volontaires. Une fusion peut même être une conjoncture favorable pour les salariés car les banques concurrentes sont toujours intéressées à proposer un poste aux professionnels de qualité".

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