L'économie américaine détruit de nouveau des emplois

En février, le marché a perdu 63.000 postes. Les destructions de janvier ont été révisées à la hausse. Les perspectives économiques sont maussades.

Comme le malade qui s'ignore, il est fort possible de l'économie américaine soit déjà en récession. Et ce, depuis la fin de l'an dernier. Les chiffres de croissance ou leurs révisions trancheront le débat.

Toujours est-il que l'économie américaine va mal. Surtout si l'on prend comme point de référence le marché de l'emploi. Selon les données rendues publiques cet après-midi, le marché a détruit 63.000 postes en février, alors que les spécialistes s'attendaient à une amélioration du marché. Certains tablaient même sur 100.000 créations de postes nettes!

C'est le deuxième mois consécutif que le marché de l'emploi américain affiche des destructions nettes. Et si le taux de chômage est en baisse, passant de 4,9% en janvier à 4,8% en février, qu'on ne s'y trompe pas: ayant perdu espoir de trouver un emploi, les chômeurs jettent tout simplement l'éponge et n'en cherchent plus...

Pis, les chiffres de janvier ont été révisés dans le mauvais sens: ce ne sont pas 17.000 postes qui ont été perdus, mais 22.000. De plus, sur le mois de décembre, le chiffre initial des créations a été divisé par deux. Contrairement à ce qui avait été annoncé, seuls 82.000 postes ont été créés. Enfin, comme si cela ne suffisait pas, les calculs peuvent être faits aussi en éliminant la fonction publique. En ne prenant que le secteur privé, le marché de l'emploi américain a détruit un total de 101.000 postes en février, du fait des 38.000 postes de professeurs, de pompiers ou d'infirmières créés dans le public. C'est la plus forte baisse depuis mars 2003.

Les secteurs les plus touchés sont toujours les mêmes: en regardant les chiffres, on s'aperçoit que si le secteur des services (incluant les banques) a réussi à créer 26.000 postes nets le mois dernier, la main d'oeuvre dans la construction, a été réduite (39.000 postes en moins), et ce, sur les huit derniers mois. Enfin, le secteur de la distribution a détruit 34.100 jobs, le recul le plus fort depuis cinq ans.

Il faut dire qu'entre la baisse des prix des actifs immobiliers et celle des actifs boursiers, sans oublier les déboires du marché de l'emploi, les Américains commencent à broyer du noir. La confiance des consommateurs est en berne. Selon les études, le nombre de ceux qui pensent que les emplois abondent encore est en chute libre, tandis que le nombre de ceux qui estiment au contraire que les emplois sont difficiles à trouver remonte en flèche. Pas étonnant que la confiance des consommateurs se soit située, sur février, à son plus bas niveau depuis cinq ans.

Tout cela ne peut qu'encourager les experts à penser que la Réserve Fédérale américaine pourrait, compte tenu de la faiblesse conjoncturelle, abaisser de nouveau ses taux d'intérêt dans les jours qui viennent. Son prochain conseil de politique monétaire est prévu pour le 18 mars. De quoi retirer encore un peu plus de soutien au dollar. Déjà, dans le sillage des mauvaises nouvelles sur l'emploi, le dollar perdait encore du terrain: il fallait 1,5464 dollar pour faire un euro, contre 1,5308 hier soir. Un nouveau record.

La Réserve Fédérale, même si elle prend ses décisions seule, pourrait se sentir sous la pression des experts dans les grandes institutions bancaires américaines. De plus en plus se rangent dans le camp de la récession. Dernier économiste en date à avoir franchi le pas: Ethan Harris, chef économiste chez Lehman Brothers. Dans la foulée de l'annonce des chiffres du marché de l'emploi, celui-ci a déclaré croire maintenant que "les chèques de remboursement d'impôts (prévus dans le programme de relance économique récemment voté par le Congrès) arriveront trop tard pour éviter une récession. Nous nous attendons donc à une croissance légèrement négative pour les premiers et deuxième trimestres de cette année".

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