Les autres films de la semaine

Parmi les sorties cinéma de la semaine: "Désengagement", "Mongol", "L'ombre de Bogota", "Young Yakusa", "Les seigneurs de la mer".

"Désengagement"
L'Israélien Amos Gitaï évoque les déchirements de son pays à travers des rencontres et des retrouvailles familiales en plusieurs épisodes. Le premier se déroule dans un train italien: un Israélien, Uli (Liron Levo), fait connaissance (et plus si affinités) avec une Palestinienne. Le deuxième s'ouvre dans une belle demeure un peu défraichie d'Avignon où Uli se rend pour honorer son père adoptif qui vient de mourir. Là, il retrouve sa demi-soeur (Juliette Binoche) qui vit en France, créature fantasque et séductrice, qui se plaît à rappeler le parcours peu banal de leur père: juif américain, il s'est établi en France où il a été professeur de droit.

L'ouverture du testament (par une notairesse jouée par Jeanne Moreau) réserve bien des surprises qui débouchent sur le troisième acte: le père a pensé à la fille d'Ana, abandonnée par celle-ci dans un kibboutz de la bande de Gaza où elle est née. Du coup, c'est tout un passé qui ressurgit pour la jeune femme et avec lui le remords, le désir de retrouver cet être si tôt livré à lui-même. Dernier acte à Gaza où les demi-frères se rendent, Uli comme officier de l'armée israélienne chargé de veiller au retrait des colons israéliens, à de l'été 2005.

Ana, elle parvient, non sans mal, à s'approcher de sa fille lors d'une scène de retrouvailles bouleversantes. Mais la jeune fille appartient à une colonie d'irréductibles religieux qui n'entendent pas évacuer une terre qu'on les avait encouragés à occuper et manifestent leur résistance par des chants et des incantations. De l'autre côté des barbelés, les palestiniens houspillent ces colons, contribuant à l'état de chaos, de confusion qui traverse tout le film, à l'image d'un pays tiraillé entre ses différentes cultures.
N.T.

"Mongol"
"Là où il passe, l'herbe ne repousse pas". C'est l'image classique de Gengis Khan. Un conquérant sanguinaire et monstrueux. Une vision que vous allez oublier avec "Mongol" de Sergei Bodrov. Le réalisateur russe prend le parti de présenter la jeunesse du souverain. Témüdjin (1162-1227) était généreux, fidèle en amitié, plein d'attention vis à vis de Borte, son épouse, qu'il choisit comme fiancée dès l'âge de 9 ans! Chacun connaissait le chef de guerre qui constitua un empire gigantesque s'étendant de la mer Caspienne à la Mandchourie en passant par le nord de l'Inde. Cette fresque historique révèle comment Temüdjin, orphelin très jeune et esclave, se transforma en Gengis Khan, littéralement le Khan Océan. Tourné en Chine, au Kazakhstan et en Mongolie intérieure, "Mongol" propose les ingrédients indispensables du film épique: grands espaces et batailles spectaculaires qui démontrent tout l'art de la guerre déployé par le chef mongol. Nommé pour les Oscars dans la catégorie des films étrangers, "Mongol" est servi par une forte composition du japonais Tadanobu Asano dans le rôle-titre.
J.L.L.

"L'ombre de Bogota"
Rappelant le cinéma des néoréalistes italiens des années cinquante, ce film du jeune colombien Ciro Guerra est en noir et blanc. L'histoire d'un pauvre type, Mane, handicapé des jambes qui vit dans un quartier déshérité de Bogota. Incapable de payer son loyer ni de trouver du travail, l'invalide, tyrannisé par son propriétaire, est désespéré. Mais une rencontre va changer les choses: il se lie d'amitié avec un homme étrange aux sempiternelles lunettes noires qui porte les passants sur ses épaules moyennant rétribution. Ce "porteur" SDF va être une révélation à plus d'un titre pour l'estropié.
N.T.

"Young Yakusa"
Spécialiste du Japon, Jean-Pierre Limosin (auteur de "Tokyo Eyes" et d'un documentaire sur Takeshi Kitano) plonge dans l'univers de la mafia nippone. Le réalisateur a passé un accord avec un parrain pour ne tourner aucune image des activités illégales des yakuzas, en échange de quoi ses images sont restées entièrement indépendantes, sans aucun contrôle. Le film est le récit initiatique d'une rencontre, celle d'un jeune homme sans travail ni avenir et d'un parrain, homme jeune, lui-même en pleine crise identitaire. Placé par sa mère en apprentissage au sein d'un clan mafieux, Naoki va découvrir le quotidien des Yakuzas pendant une année entière. Ensuite, il lui appartiendra de choisir: rester ou quitter ce monde qui s'accroche à son passé avec des rites séculaires dont la répétition finit par être lassante.
N.T.

"Les seigneurs de la mer"
Passionné par les requins depuis l'enfance, le jeune Rob Stewart, devenu biologiste et photographe sous-marin, veut en finir avec le mythe du requin mangeur d'hommes propagé par des films comme "Les dents de la mer". En fait, ce mythe, entièrement fabriqué, serait destiné à masquer le massacre de la population de requins à des fins commerciales. Et de citer quelques chiffres éclairants: il y a chaque années cinq décès dans le monde causés par des requins contre 100 décès par des éléphants et des tigres. En un an, les crocodiles, espèce protégée, ont tué dans le monde autant de personnes que les requins en 100 ans. Du Costa-Rica aux Îles Galapagos en passant par le Guatemala, Stewart et l'équipage du fondateur de l'association Sea Shepherd, Paul Watson, tentent de mettre en échec les braconniers à la solde de mafias asiatiques soutenues par des gouvernements corrompus. Il s'en prend aussi à la pratique du Shark-Finning qui consiste à pêcher les requins pour leur couper les ailerons puis à en rejeter les corps à la mer, la plupart du temps encore vivants.
N.T.

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