Une semaine marquée par la menace d'une hausse des taux de la BCE et par la flambée du pétrole

A la une de l'actualité cette semaine, le statu quo décidé par la Banque centrale européenne et la perspective d'une prochaine hausse des taux directeurs de la zone euro en juillet. Les déclarations de Ben Bernanke sur la faiblesse du dollar, le sommet de la FAO sur la crise alimentaire, l'offre de France Télécom sur TeliaSonera et la baisse du chômage dans l'Hexagone ont également fait les gros titres.

LA BCE LAISSE SES TAUX INCHANGES ET POURRAIT LES REMONTER EN JUILLET.

Sans surprise. Le conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne, qui s'est réuni jeudi à Francfort, a décidé de laisser le taux directeur de la zone euro inchangé. Si cette décision ne faisait aucun doute, les déclarations de Jean-Claude Trichet étaient en revanche très attendues et ont surpris. En "état d'alerte élevé" face aux risques inflationnistes, le président de la BCE a laissé entrevoir une légère hausse des taux en juillet. "Nous avons noté que les risques pour la stabilité des prix sur le moyen terme avaient encore augmenté. Les taux d'inflation ont augmenté de manière significative depuis l'automne dernier, en raison notamment de fortes hausses des prix de l'énergie et des produits alimentaires", a-t-il mis en avant. En mai, l'inflation au sein de la zone euro a en effet atteint son plus haut niveau historique à 3,6% sur un an. La BCE table désormais sur un taux de 3,4% pour 2008, bien au-delà de son objectif de 2%. Et les chiffres satisfaisants de la croissance européenne (0,8% au premier trimestre et 2,2% sur un an, des chiffres révisés à la hausse mardi par Eurostat) écartent, du moins provisoirement, les pressions politiques pour la mise en place d'une politique monétaire moins restrictive.

Flambée du pétrole

En revoyant les taux à la hausse, très certainement d'un quart de point, les banquiers centraux européens entendent prémunir l'économie contre d'éventuels "effets de second rang", c'est-à-dire une augmentation des salaires pour suivre la hausse des prix. Conséquence directe des déclarations inattendues de Jean-Claude Trichet : l'euro s'est très nettement renchéri vis-à-vis du dollar, entraînant dans son sillage le baril de pétrole. Ce dernier s'est même envolé de six dollars le jeudi et de huit dollars le vendredi, passant la barre des 136 dollars le baril vendredi soir à New York, un record absolu. De quoi inquiéter les marchés, tant à Paris qu'à Wall Street où les grands indices ont piqué du nez.

BEN BERNANKE S'INQUIETE DE LA FAIBLESSE DU DOLLAR ET LAISSE ENTREVOIR UNE PAUSE DANS SA POLITIQUE DE BAISSE DES TAUX.

Mardi, c'est Ben Bernanke qui avait surpris les marchés. Le président de la Réserve fédérale s'est en effet inquiété de la baisse de dollar et de ses effets sur l'économie américaine. "Les défis que notre économie a affrontés au cours de l'année écoulée ont pesé sur le taux de change du dollar, ce qui a contribué à une hausse malvenue des prix à l'importation et de l'inflation des prix à la consommation", a-t-il déclaré lors d'un colloque sur la politique monétaire à Barcelone. Un signe fort pour les marchés alors que la politique de change est traditionnellement réservée au secrétaire au Trésor, Henry Paulson. D'autant plus que les dirigeants américains font généralement preuve d'une "négligence bienveillante" face à la baisse du billet vert, qui renforce la compétitivité de leurs entreprises. L'inquiétude de Ben Bernanke semble en tout cas également indiquer un tournant dans la politique monétaire américaine. Pour faire face à la crise des subprimes, la Fed a en effet procédé depuis septembre dernier à d'importantes baisses de son taux directeur, passé de 5,25% à 2%. "Pour l'instant, la politique semble bien positionnée pour promouvoir une croissance modérée et la stabilité des prix dans la durée", a-t-il expliqué, laissant entrevoir implicitement un statu quo monétaire. Car, si la baisse des taux a permis de lutter contre la menace de récession de l'activité, en stimulant notamment les exportations à un moment où la demande intérieure commençait à fléchir, elle a aussi renforcé les risques inflationnistes.

CRISE ALIMENTAIRE : ACCORD IN-EXTREMIS ET A MINIMA AU SOMMET DE LA FAO

Réunis à Rome cette semaine, les pays membres de la FAO, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, ont évité de justesse un échec retentissant. Alors que la flambée des prix des matières premières provoque des émeutes de la faim dans de nombreux pays, les dissensions politiques ont débouché sur un accord à minima, bien loin des ambitions initiales. Dans leur déclaration finale, les 193 pays participants se sont engagés à réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde d'ici à 2015. Plus de 860 millions de personnes souffrent aujourd'hui de malnutrition et la crise actuelle en menace 100 millions de plus. Pour "éliminer la faim et garantir la sécurité alimentaire pour tous", la FAO estime qu'il faut doubler la production alimentaire mondiale d'ici à 2050 et mettre l'accent sur le développement de l'agriculture des pays pauvres, surtout en Afrique. Autre déclaration d'intention : la nourriture "ne devrait pas être utilisée comme moyen de pression économique et politique". Plus de 6,5 milliards de dollars de promesses de dons ont également été recueillis pour lutter contre la faim et la pauvreté. Cependant, de nombreuses questions de fonds n'ont pas fait l'objet d'un consensus. Sous la pression des Etats-Unis et du Brésil, le texte se contente d'indiquer que "des études approfondies" sont nécessaires sur les biocarburants, accusés d'alimenter la hausse des prix agricoles. Les subventions sont également à peine évoquées dans la déclaration finale, les signataires se limitant à s'engager à réduire "les obstacles au commerce et les politiques qui sont à l'origine de distorsions des marchés".

FRANCE TELECOM LANCE UNE "DEMARCHE AMICALE" SUR L'OPERATEUR SCANDINAVE TELIASONERA, QUI LA REJETTE

France Télécom redevient conquérant. Huit après l'acquisition d'Orange pour près de 50 milliards d'euros, le groupe dirigé par Didier Lombard a lancé jeudi une "démarche amicale" sur l'opérateur scandinave TeliaSonera. Dette incluse, France Télécom est prêt à débourser entre 32 et 34 milliards d'euros pour mettre la main sur ce groupe né en 2003 de la fusion du Suédois Telia et du Finlandais Sonera. Réaction immédiate du conseil d'administration scandinave : cette offre "sous-évalue de manière substantielle l'entreprise". Un sentiment partagé par le gouvernement suédois, premier actionnaire de l'opérateur avec 37,3% du capital mais qui souhaite se désengager dans le cadre de son programme de privatisation. Son homologue finlandais, qui détient 13,7% du groupe, s'est montré plus réservé. Face à ces réticences, Didier Lombard s'est donné 15 jours pour négocier et convaincre. "Ce projet d'offre, fondée sur la logique de partenariat ne deviendra une offre formelle qu'avec l'accord du conseil de TeliaSonera et de ses deux principaux actionnaires", a-t-il indiqué. S'il parvenait à ses fins, le rapprochement entre les deux groupes créerait le quatrième opérateur mondial de télécoms. Avec 237 millions de clients, (168 millions dans le mobile et 69 millions dans le haut-débit fixe), la nouvelle entité occuperait, "des positions de premier plan dans 30 pays, dont 21 où il détiendrait une position de leader". Surtout TeliaSonera est "très présent sur les pays émergents, d'Eurasie notamment, qui connaissent une forte croissance avant même que l'Internet ait pu s'y développer", explique France Télécom.

LE CHOMAGE FRANÇAIS AU PLUS BAS DEPUIS 25 ANS

Nouvelle baisse du chômage en France au premier trimestre. Le taux de chômage est même retombé à son plus bas niveau depuis 1983 à 7,2% de la population active en métropole. Sur les trois premiers mois de l'année, le nombre de demandeurs d'emploi a ainsi baissé de 0,2 point, ramené ainsi à la barre symbolique de 2 millions de personnes. Pour l'ensemble de l'année, les analystes s'attendent cepedant à une diminution moins forte du chômage qu'en 2007, en raison d'une moindre croissance mais aussi d'une progression un peu plus forte de la population active. Pour autant, le gouvernement français s'est félicité de ces bons résultats sur le front de l'emploi. Le Parti Socialiste a estimé que cette baisse n'est "due qu'aux effets mécaniques de l'évolution de la démographie et au recours de plus en plus massif aux contrats précaires". En tout cas, 250.000 créations d'emplois permettaient de stabiliser le niveau du chômage en 2000 alors qu'elles permettent aujourd'hui de faire fortement baisser le nombre de demandeurs d'emploi.

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