Un DIF "G.I. Joe" pour managers

Pour les nostalgiques du service militaire, le DCI Campus et la fondation Saint-Cyr lancent des stages musclés, visant à développer le leadership ou la gestion du stress des cadres. Notre journaliste a testé la formule, le 23 janvier à l'Ecole militaire...

Nous sommes une dizaine de reporters stressés par la vie parisienne et un quotidien professionnel exigeant. Parfaitement disposés, donc, à participer à un extrait du stage "gestion du stress", que DCI (Défense conseil international) Campus Entreprise et la fondation Saint-Cyr proposent désormais aux cadres d'entreprise, dans le cadre d'un volet de formations portant sur le leadership, le management d'équipe et la prise de décision en situation de crise.

"Mettez vos baskets", nous a-t-on prévenu, en nous assurant que "les ateliers ne présentent bien sûr aucun danger" et que, par ailleurs, nous n'aurons droit qu'à un "échantillon light" des techniques délivrées par le GIGN (Groupe dÂ?intervention de la gendarmerie nationale). Rassurant.

Nous sommes stressés, donc. Et justement Eric, notre instructeur du GIGN, est là pour ça. 120 kg de muscles ramassés sur 1,80 m, des bras comme des poteaux et les tatouages qui vont avec. Ici, pas question de massages shiatsu sur fond sonore aquatique, nous allons devoir apprendre à "gérer les effets du stress, inévitable en entreprise, et jouer sur les trois tableaux : prévenir, contrôler le stress et tenter d'en maîtriser les conséquences", nous explique Bertrand, formateur au GIGN. Ce dernier nous explique le procédé hormonal jouant dans le cadre de l'apparition du stress et les différents facteurs qui peuvent prévenir ses effets. Sans oublier quelques conseils diététiques. On se détend.

Gérer l'agression

Mais nos instructeurs, assez rapidement, décident de nous placer en situation. Et nous invitent sans plus de précisions à nous munir de "coques" mâles et femelles, afin de pouvoir suivre la suite des exercices. La tension remonte. Evidemment, les ateliers ne comportent aucun danger, la matinée ressemblant davantage à un cours de self défense qu'à des techniques de gestion du stress applicables en entreprise. "Notre objectif est de vous positionner dans une attitude de confiance en vous, ce qui vaut aussi bien dans le cadre d'une agression physique que d'une agression verbale", insiste Eric.

Nous testons alors un exercice d'entraînement du GIGN baptisé les "portes de la mort". Rien que ça. Le but ? "Faire monter rapidement le rythme cardiaque de l'individu [à l'aide d'exercices physiques], voire le placer dans un état second du à la fatigue, comme cela est le cas en état de stress", nous expliquent les instructeurs. Expérience intéressante : ces derniers nous demandent d'enchaîner immédiatement par la lecture de codes couleurs ou numériques, afin de nous obliger à mobiliser nos facultés intellectuelles en situation difficile.

Situation de crise

Au final, nous avons parfois du mal à faire le lien entre les instructions des gendarmes et le monde de l'entreprise. Mais les explications du général à la retraite Xavier de Zuchowicz, DG de DCI Campus et ancien gouverneur militaire de Paris, visent à éclaircir les zones d'ombres : "Bien sûr, vous n'avez suivi que quelques heures de stage, mais avez pu vous rendre compte que nous cherchons à faire profiter les cadres du privé de notre savoir faire". Or, "le métier des militaires, c'est de gérer la crise", répète-t-il en décrivant la formation standard proposée par DCI Campus.

Soit quatre jours de stage articulés autour des notion de la gestion du stress, du développement du leadership, de la cohésion de groupe et de la prise de décisions en situation de crise, pour un coût d'environ 1 000 euros par personne et par jour. Bouygues, mais aussi le groupe Doux, ont déjà testé cette formule, tandis qu'un stage interentreprise davantage focalisé sur la gestion de crise a été élaboré pour six patrons bretons.

"Nos formations peuvent être financées par les Organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA) et sont évidemment éligibles au DIF et au plan de formation des entreprises", explique ainsi Xavier de Zuchowicz, en précisant que des formules sur mesure peuvent être imaginées en fonction des besoins des entreprises. "Il ne s'agira jamais de proposer des activités prétextes, type acrobranche, mais nous pouvons, par exemple, les faire travailler avec nos chevaux, les faire monter dans un Zodiac...", imagine le général à la retraite. Tout un programme.

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