Saudi Aramco : pourquoi les profits du roi du pétrole saoudien chutent

Le géant pétrolier saoudien a vu son bénéfice net plonger de 14,5% au premier trimestre en comparaison avec le premier trimestre 2023. Un résultat dû en grande partie à la demande de l'Arabie saoudite et de l'OPEP+ de diminuer sa production de pétrole. Mais le début de l'année n'a pas non plus été bon pour la plupart des majors pétrolières.
Saudi Aramco a annoncé, ce mardi, avoir réalisé un bénéfice net de 27,27 milliards de dollars au premier trimestre, en baisse de 14,5% par rapport à la même période de l'année dernière.
Saudi Aramco a annoncé, ce mardi, avoir réalisé un bénéfice net de 27,27 milliards de dollars au premier trimestre, en baisse de 14,5% par rapport à la même période de l'année dernière. (Crédits : Benoit Tessier)

Le mastodonte saoudien marque le pas en ce début 2024. Saudi Aramco a annoncé, ce mardi, avoir réalisé un bénéfice net de 27,27 milliards de dollars au premier trimestre, en baisse de 14,5% par rapport à la même période de l'année dernière.

« Le bénéfice net pour le premier trimestre 2024 est de 102,27 milliards de SAR (27,27 milliards de dollars), contre 119,54 milliards de SAR (31,88 milliards de dollars) pour le même trimestre en 2023 », a indiqué le groupe pétro-gazier dans un document transmis à la Bourse saoudienne.

Le géant explique son résultat mitigé comme étant « principalement le résultat d'une diminution du volume de pétrole brut vendu ». Premier exportateur mondial de brut, l'Arabie saoudite produit actuellement environ neuf millions de barils par jour (bpj), bien en dessous de sa capacité de 12 millions de bpj.

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Cette situation fait suite à une série de réductions de production remontant à octobre 2022, lorsque les pays producteurs de pétrole de l'OPEP+, que Ryad codirige avec Moscou, ont annoncé une réduction de leur production de deux millions de barils par jour pour faire remonter les prix. En plus de cette réduction, l'Arabie saoudite et plusieurs autres membres de l'OPEP+, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés, ont accepté en avril 2023 de réduire leur production de plus d'un million de bpj.

Après une réunion de l'OPEP+ en juin 2023, l'Arabie saoudite a ensuite annoncé une nouvelle réduction d'un million de bpj. Enfin, en mars, le ministère saoudien de l'Energie a déclaré que la dernière réduction en date, qui a pris effet en juillet 2023, serait prolongée jusqu'au deuxième trimestre 2024, après quoi « ces volumes de réduction supplémentaires seront restitués progressivement en fonction des conditions du marché ».

L'Arabie saoudite sollicite son géant national

Aramco, en tant que producteur national de pétrole subit donc les décisions du dirigeant de facto du pays, le prince héritier Mohammed ben Salmane, qui a cruellement besoin des recettes pétrolières pour financer un ambitieux programme de réformes économiques et sociales connu sous le nom de Vision 2030. Ce dernier vise à préparer le pays à l'après-pétrole.

D'autant qu'en décembre, le ministère saoudien des Finances a indiqué qu'il prévoyait des déficits budgétaires jusqu'en 2026, du fait des dépenses élevées en faveur des réformes. Dans ce contexte, le PIB de l'Arabie saoudite a baissé de 1,8% sur un an au premier trimestre 2024 par rapport à 2023, a déclaré l'Autorité générale des statistiques dans une estimation préliminaire publiée la semaine dernière. « Cette baisse est principalement due à une baisse de 10,6% des activités pétrolières », selon la même source.

En attendant, la limitation de la production nuit donc aux revenus de l'Arabie saoudite et d'Aramco. Pour trouver des fonds à court terme, Aramco a vendu 1,7% de ses actions sur le marché boursier saoudien en décembre 2019, générant 29,4 milliards de dollars lors de la plus grande introduction en Bourse au monde. L'Arabie saoudite a aussi récemment transféré une nouvelle tranche d'actions d'Aramco au fonds d'investissement public (PIF), au centre d'un vaste programme de réformes du royaume.

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La plupart des autres pétroliers en perte

Derrière les raisons intrinsèques à l'Arabie saoudite, le pétrolier national subit aussi un contexte géopolitique compliqué. Si les cours du pétrole qui avaient reflué depuis les sommets de 2022, ont rebondi après le 7 octobre en raison des risques géopolitiques avec la guerre entre Israël et le Hamas, les prix du gaz en revanche ont plongé depuis leurs records au début de la guerre en Ukraine.

Ainsi, le géant pétrolier britannique BP a lui aussi enregistré un bénéfice en forte baisse au premier trimestre en raison de prix du gaz en repli qui ont pesé sur les ventes, et d'un effet de comparaison défavorable. Le bénéfice net part du groupe a chuté de 72% sur un an à 2,3 milliards de dollars, pour un chiffre d'affaires qui a reculé de 13% sur un an à 50 milliards de dollars, d'après un communiqué publié ce mardi. Le bénéfice sous-jacent aux coûts de remplacement, mesure hors éléments exceptionnels qui est la plus scrutée par les marchés, est en baisse pour sa part de près de moitié à 2,7 milliards de dollars.

« Nous avons généré un autre trimestre résilient du point de vue financier et continuons à faire des progrès dans notre stratégie » a commenté le directeur général Murray Auchincloss. « Nous simplifions et réduisons la complexité à travers BP et prévoyons de générer au moins 2 milliards de dollars d'économies d'ici la fin 2026 à travers les évaluations de notre portefeuille, des transformations numériques, des efficacités de chaîne d'approvisionnement », entre autres, ajoute-t-il, cité dans le communiqué. Le groupe annonce un nouveau programme de rachat d'actions de 1,75 milliard de dollars pour les trois prochains mois ainsi qu'une augmentation de sa dette en raison d'investissements.

La semaine dernière, Shell avait également publié un bénéfice net en recul de 15,5% à 7,4 milliards de dollars au premier trimestre pour un chiffre d'affaires ayant essuyé une diminution de même ampleur, mais ces chiffres meilleurs qu'attendus avaient été bien accueillis par le marché.

TotalEnergies à contre-courant

A l'inverse, TotalEnergies a enregistré un bénéfice net de 5,7 milliards de dollars au premier trimestre 2024, améliorant encore ses résultats de 3% par rapport aux trois premiers mois de l'année 2023. Le groupe affiche en revanche un Ebitda ajusté (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement) - l'indicateur de rentabilité le plus suivi par les investisseurs - en baisse de 19% par rapport au 1er trimestre à 11,5 milliards de dollars.

Le PDG de l'entreprise, Patrick Pouyanné, cité dans un communiqué publié le 26 avril, estime notamment que les résultats du début d'année, sont « conformes à ses objectifs ambitieux pour l'année 2024. »

TotalEnergies à la Bourse de New-York ?

Par ailleurs, le PDG de TotalEnergies a aussi affirmé réfléchir à une cotation principale de son groupe à la Bourse de New York, « une question légitime », a-t-il déclaré à Bloomberg en évoquant la montée en puissance de l'actionnariat nord-américain, qui détient près de 50% du capital de l'entreprise. « Ce n'est pas une question d'émotion. C'est une question d'affaires », a-t-il ajouté, pragmatique. Le PDG répondait notamment à une question sur le déplacement de la cotation principale du groupe, aujourd'hui établie à Paris, vers la place new-yorkaise. Aujourd'hui, le groupe a déjà des titres inscrits à Londres et à New York, mais de manière secondaire.

« Nous sommes confrontés à une situation où les actionnaires européens vendent ou maintiennent leur participation, et où les actionnaires américains achètent », a justifié le patron du fleuron du CAC 40, au cours d'un entretien. Depuis 2012, la part de l'actionnariat institutionnel nord américain est passée de 33% à 48% (dont 47% pour les Etats-Unis) en 2023 tandis que celle de l'Europe (hors Royaume-Uni) est passée de 45% à 34% sur la même période. L'actionnariat institutionnel représente 78% de l'actionnariat total de l'entreprise. « L'emplacement du siège social n'est pas remis en question, dit-il : il restera à Paris », a par ailleurs précisé Bloomberg dans son article.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 09/05/2024 à 20:56
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Bonjour, la demande mondiale est en réduction, car chaque jours, le changement est en cours plus d'énergie vert et moins de pétrole... Certe, la voiture électrique ne donne pas totalement satisfaition, mais chaque jour la demande énergétique évolue.....

à écrit le 07/05/2024 à 16:41
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es SUPERPERTES!!!! il faut compenser ca a l'euro pret avec une taxe de perequation sur les ecolos, ca reduira les inegalites dans la perte!!! je propose une taxe de 10% sur le salaire des profs, ca reduira les inegalites dans les salaires, donc ca fa...

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