Créteil accueille le Festival "Île de découvertes"

Le festival de musique contemporaine investit la Maison des Arts et de la Culture de Créteil ce week-end. L'occasion d'une rencontre entre un genre faussement exigeant et un public faussement profane.

Donner des clefs d'écoute au jeune public, développer les activités pédagogiques autour d'un répertoire contemporain réputé exigeant, associer le public à l'oeuvre musicale, tel est depuis deux ans le talent du festival "Île de découvertes", créé par l'Orchestre National d'Île de France et soutenu par le Conseil régional d'Île de France.

A côté des oeuvres de Stravinski, Ligeti, ou Messiaen, cristoliens et cristoliennes pourront ainsi découvrir ce week-end en leur Maison des Arts plusieurs oeuvres originales, commandes de l'orchestre: "Traces" de Martin Matalon, "L'Instant", un opéra de chambre d'Oscar Strasnoy, ou bien encore "A Song of Joys", pour choeur et orchestre, inspirée à Edith Canat de Chizy par un poème de Walt Whitman...

Les cinéphiles ne seront pas en reste puisqu'ils pourront redécouvrir "Monte-Cristo", film muet de Henri Fescourt adapté du roman d'Alexandre Dumas, avec une musique originale composée par Marc-Olivier Dupin.

Difficile d'amener le public francilien à la création contemporaine? Pas tant que cela, si l'on en croit le pianiste Jay Gottlieb, invité du festival et passionné de médiation musicale. "A Nadia Boulanger qui lui demandait un jour à quoi servait le public selon lui, Igor Stravinsky répondait 'le rôle du public, c'est de participer'. C'est tout à fait ce que je pense", souligne celui qui a sillonné une trentaine de villes d'Ile de France pendant six mois pour dispenser, auprès de différents collèges et lycées, conservatoires et universités, des cours sur la musique américaine.

Pour Jay Gottlieb, faire de la pédagogie autour de la musique, notamment contemporaine, c'est entre autres révéler sa dimension physique, quasi charnelle. "Je me considère comme un sensuel intellectuel et vice versa. L'un sans l'autre, pour moi, ça n'a pas de sens! Pas assez en tout cas...", s'amuse l'impétueux virtuose. "Et lorsque j'entends quelqu'un dire que la musique actuelle manque d'émotions je m'insurge: je refuse de jouer de la musique, sans émotion! "Eros Piano" (ndlr : oeuvre composée par John Adams en 1989 et que Jay Gottlieb jouera le 25 mai à Créteil) est, à ce titre, un parfait exemple de sensualité, de volupté, et c'est une musique qui sait allier - contrairement à la musique de variété par exemple - immédiateté et qualité, immédiateté et substance".

Festival "Île de découvertes", du 23 au 25 mai 2008 à la Maison des Arts et de la Culture de Créteil. Tél: 01.45.13.19.19. www.maccreteil.com et www.orchestre-ile.com

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