Les autorités monétaires s'inquiètent des nouveaux effets inflationnistes de la mondialisation

Si la mondialisation a toujours un impact positif sur le prix des produits manufacturés, les choses sont en revanche différentes pour les denrées alimentaires. Lors d'un colloque à la Banque de France, Christian Noyer, son gouverneur, et Jean Claude Trichet, président de la BCE, s'en sont inquiétés.

"Les bons temps sont derrière nous": le constat est de Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France. Lors d'un colloque organisé par cette dernière, Christian Noyer et son prédécesseur Jean Claude Trichet, actuel président de la Banque centrale européenne, se sont penchés sur les effets de la mondialisation. "La récente flambée des prix des matières premières, notamment alimentaires (...) nous rappelle que la mondialisation peut aussi créer des risques inflationnistes", a enchaîné Jean Claude Trichet.

De fait, si les T-shirts "made in China", permettent encore, avec leur prix défiant toute concurrence, aux pays industrialisés d'importer de la désinflation - ce qu'a d'ailleurs souligné le patron de la Banque centrale européenne lors du colloque - il existe aussi, et de plus en plus, un effet pervers à cette situation. Car les pays émergents, en rattrapant petit à petit le niveau de vie des pays industrialisés, créent une demande accrue, en énergie comme en denrées alimentaires.

En améliorant leur régime alimentaire, en mangeant plus de viande en particulier, les millions de Chinois ou d'Indiens qui accèdent désormais à la classe moyenne dans leur pays poussent les prix du blé, du maïs, du soja, à la hausse, puisque c'est à partir de ces produits que l'on nourrit aussi le bétail.

Même chose pour la demande accrue en énergie. Avec un effet secondaire tout aussi pervers: tandis que les cours du baril de brut s'envolent, les pays industrialisés misent désormais sur des énergies alternatives, tel que les biocarburants. Mais les biocarburants sont produits avec du blé, du maïs, du soja. Autrement dit, des produits agricoles qui servent normalement à l'alimentation. Du coup, ce détournement vers les biocarburants créé une tension supplémentaire et les prix agricoles ne cessent de monter.

Bref, comme le constate Jean Claude Trichet, "la mondialisation est devenue inflationniste". De son côté, Christian Noyer a ajouté que le phénomène de la mondialisation "renforçait l'importance des chocs globaux", du fait qu'elle introduit une synchronisation plus poussée des cycles inflationnistes entre les pays, avec des risques d'amplification qui en découlent. Autrement dit, le monde est de plus en plus petit, les économies de plus en plus imbriquées et il est impossible, désormais, d'être à l'abri d'un phénomène qui touche un autre pays sur la planète.

Tous ces effets requièrent donc une vigilance supplémentaire de la part des autorités monétaires. A cet égard, Jean Claude Trichet a précisé qu'elles continuaient à "suivre avec attention la correction de marché significative qui se poursuit, pour prendre en compte toutes ses possibles conséquences".

Seule note positive qui semble se dégager de ce colloque: le fait qu'il n'y a pas de "credit crunch". "La distribution du crédit reste très dynamique en Europe", a ainsi précisé Christian Noyer et "dans la plupart des pays de la zone euro, les marchés immobiliers restent marqués par une certaine stabilité".

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