EADS tombe dans le rouge en 2007, le titre décroche

Le groupe européen d'aéronautique et de défense pâtit encore des difficultés de sa filiale Airbus et de la faiblesse du dollar. Il enregistre ainsi une perte nette de 446 millions d'euros en 2007, contre un bénéfice auparavant. L'action a plongé, bien qu'EADS se montre optimiste pour 2008.

Comme en 2006, les difficultés de l'avionneur Airbus pèsent sur les résultats de sa maison-mère EADS. Le groupe européen d'aéronautique et de défense est ainsi tombé dans le rouge en 2007 avec une perte nette de 446 millions d'euros, contre un bénéfice de 99 millions l'année précédente. Du coup, l'action a reculé fortement (-6,82% à 16,1 euros à la clôture). EADS souffre également d'une exposition trop importante au dollar, alors que l'euro a frôlé ce mardi 1,55 dollar, un niveau record.

Du coup, le résultat d'exploitation ressort en baisse de 87% à 52 millions d'euros contre 399 millions auparavant. Sa filiale Airbus n'y est là encore pas pour rien, qui signe les plus mauvaises performances des différentes filiales du groupe. La perte d'exploitation de l'avionneur s'est en effet creusée à un niveau record à 881 millions d'euros contre une perte de 572 millions d'euros un an plus tôt. Son chiffre d'affaires est resté stable à 25,216 milliards d'euros.

Concernant la filiale Eurocopter, spécialisée dans les hélicoptères, le chiffre d'affaires est en hausse de 10% à 4,172 milliards d'euros. Son bénéfice d'exploitation a toutefois reculé de 18% à 211 millions, pénalisé par des provisions liées au programme d'hélicoptère de transport militaire NH90.

Le chiffre d'affaires d'Astrium, la division espace, a pour sa part progressé de 11% à 3,550 milliards d'euros, pour un bénéfice d'exploitation en hausse de 34% à 174 millions, avec l'augmentation des cadences de production d'Ariane 5 et des ventes de missiles balistiques.

Dans l'activité "défense et sécurité", le chiffre d'affaires a reculé de 7% à 5,465 milliards, pour un bénéfice d'exploitation en recul de 2% à 340 millions, en raison notamment d'un changement de consolidation du missilier MBDA.

Du côté de la division de transport militaire d'EADS, le résultat d'exploitation enregistre une perte de 155 millions d'euros en raison du retard du programme A400M, en baisse de 307%!

Sur le seul quatrième trimestre, EADS a toutefois dégagé un bénéfice net de 259 millions d'euros, contre une perte de 768 millions d'euros l'an passé.

De quoi rassurer sur l'année 2008, qui semble s'engager sous de meilleures auspices. Pour 2008, EADS prévoit ainsi d'augmenter considérablement son résultat d'exploitation à 1,8 milliard d'euros, contre 52 millions d'euros en 2007. Cette perspective est toutefois établie sur la base d'un euro à 1,45 dollar alors que la monnaie européenne vient de frôler ce mardi matin le seuil de 1,55 dollar. Le groupe table également sur un chiffre d'affaires en hausse cette année "supérieur à 40 milliards d'euros", contre 39,1 milliards d'euros en 2007.

EADS a de plus enregistré une avalanche de commandes depuis le début de l'année (366 en janvier-février). Il prévoit ainsi des commandes aux environs de 700 avions cette année, contre un record réalisé l'an passé à 1.341, et table sur environ 470 livraisons d'appareils en 2008, contre 453 avions l'année précédente.

Le groupe pourrait également relancer sa croissance externe en 2008, en envisageant deux nouvelles acquisitions, dont l'une aux Etats-Unis.

"Les améliorations constatées dans les différentes divisions, ainsi que notre récente percée sur le marché de la défense américain, annoncent un démarrage prometteur pour 2008. EADS prend de la vitesse et de l'altitude", a déclaré le président exécutif du groupe, Louis Gallois, cité dans un communiqué.

Lors de la conférence de presse qui a suivi la publication des résultats, Louis Gallois a également précisé que l'année 2008 devrait être marquée par la cession de six de ses sites Airbus. Le patron du groupe européen aéronautique a confirmé vouloir achever à l'été la vente de ces sites localisés en France, en Allemagne et en Angleterre, tout en soulignant que "la crise financière ne rendait pas la chose facile".

Louis Gallois a également confirmé le calendrier de son avion militaire A400M, qui accuse un retard de 6 à 12 mois sur l'agenda initial. Il a confirmé qu'il tablait toujours sur un premier vol de l'avion de transport militaire A400M "cet été", tout en évoquant la persistance de "risques" sur le programme.

Concernant le plan de restructuration Power 8, qui prévoit 10.000 suppressions d'emplois, Louis Gallois a répété ce mardi qu'il souhaitait des "mesures additionnelles" à l'horizon 2011-2012. "Nous devons regarder la recherche et développement", chercher "plus d'économies de coûts" et "augmenter notre protection au dollar" pour "rendre Airbus moins sensible à l'évolution du dollar", a-t-il expliqué.

Enfin, le patron d'EADS a indiqué que la décision de l'attribution d'une "golden share"(action préférentielle dotée d'un droit de veto) aux Etats français et allemand, mesure pour laquelle il est favorable, était actuellement dans les mains des actionnaires. Un groupe de travail de EADS doit présenter en mai ses résultats.

Boeing va porter plainte contre le choix de l'Air Force pour EADS

Le groupe aéronautique a décidé de contester officiellement la décision de l'US Air Force d'accorder un contrat d'avions ravitailleurs de 35 milliards de dollars à Northrop Grumman et à EADS . "C'est une mesure exceptionnelle que notre société a rarement prise et une mesure que nous prenons très au sérieux", a déclaré le PDG Jim McNerney dans un communiqué. Boeing a précisé qu'il demanderait au Government Accountability Office, l'organe d'investigation du Congrès, de réexaminer la décision du 29 février, qui a provoqué l'ire de certains parlementaires américains. De son côté, EADS s'est abstenu de tout commentaire sur la démarche de Boeing. Le dossier fait d'autant plus polémique aux Etats-Unis que le candidat républicain à l'élection présidentielle de novembre prochain, John McCain est accusé d'avoir causé la défaite de Boeing en dénonçant en 2007 une précédente attribution du contrat par l'armée de l'Air à l'américain Boeing. Ce contrat avait été annulé en raison d'une affaire de trafic d'influence.

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