Roselyne Bachelot dénonce la "publicité mensongère" de Leclerc sur les médicaments

La publicité du distributeur, demandant à ce que les médicaments non remboursés soient disponibles en grande surface, crée des remous jusqu'à faire réagir la ministre de la Santé. Cette dernière a dénoncé ce mardi une "publicité mensongère". Leclerc affirme en effet qu'il pourrait vendre jusqu'à 25% moins cher ces médicaments.

Décidément, Leclerc enchaîne les coups médiatiques. Après avoir retiré de ses rayons six produits de grande marque en février dernier pour dénoncer la hausse des prix, le bouillonnant distributeur s'attaque cette fois au monopole des médicaments.

Dans une publicité très contreversée visible en ce moment à la télévision, le groupe de supermarchés demande à ce que les médicaments soient disponibles dans les grandes surfaces et affirment qu'ils seraient alors vendus 25% moins chers dans ses espaces Leclerc.

Le distributeur à l'emblématique patron Michel-Edouard Leclerc, qui a l'habitude de militer pour l'ouverture de nouveaux marchés à la grande distribution, surfe sur l'intention du gouvernement annoncée en mars d'autoriser au deuxième trimestre la vente en libre service, dans les pharmacies, de quelque 200 médicaments à prescription facultative, dont les prix seront librement fixés par les industriels, les pharmaciens et leurs grossistes. Une autorisation qui fait espérer à la grande distribution alimentaire de pouvoir un jour elle aussi vendre des médicaments.

Mais la réclamation de Leclerc, via un spot de télévision, a fait rugir jusqu'à la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot. Face à l'affirmation d'une baisse des prix de 25% de la part du distributeur, celle-ci a dénoncé ce mardi une "publicité mensongère". "Dire que ce serait un bénéfice en terme de pouvoir d'achat, alors que les expériences étrangères montrent qu'après trois mois de baisse les (prix des) médicaments reflambent, c'est une publicité mensongère", s'est-elle indignée.

La ministre a estimé qu'"indiquer que des médicaments sont de moins en moins remboursés alors que nous sortons des médicaments du remboursement et que nous en faisons rentrer encore plus" était également mensonger. "On sort 200 millions de médicaments du remboursement, c'est pour en faire rentrer pour 900 millions", a-t-elle expliqué en référence au fait qu'au moment même où des médicaments sont déremboursés, de nouvelles molécules remboursées par la Sécurité sociale sont mises sur le marché.

Chez les pharmaciens, le souhait de Michel-Edouard Leclerc de vendre un jour des médicaments en grandes surfaces n'est également pas passé. Lundi, deux mouvements de pharmaciens ont ainsi fermement critiqué l'assaut médiatique du distributeur.

Le Collectif national des groupements de pharmaciens d'officine (CNGPO), qui regroupe 8.500 des 23.000 pharmacies françaises, a estimé dans un communiqué que les pharmaciens d'officine sont "avant tout des professionnels de santé" et que "leur mission première ne consiste pas à vendre des médicaments, mais à être un acteur de la chaîne de soins qui place le patient, sa santé et sa sécurité, et non l'argent, au centre de ses préoccupations".

"M.Leclerc promet des baisses de prix sur des produits qu'il n'est pas autorisé à distribuer, pour mieux dissimuler les augmentations de prix sur des produits dont il a aujourd'hui quasiment le monopole", a réagi pour sa part l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), qui dit représenter 3.000 officines.

Indiquant que le prix des cent premiers médicaments de médication officinale ont augmenté de "seulement 1% en quatre ans", l'USPO a même ironisé, en disant trouver "dommage que les grandes surfaces ne soient pas aussi performantes pour défendre le pouvoir d'achat des Français".

Une polémique qui avait déja surgi avant même la diffusion du spot télévisé. Spécialiste des publicités à message politique, Leclerc s'était vu apposer dans un premier temps un avis défavorable pour sa publicité sur les médicaments de la part du Bureau de vérification de la publicité (BVP).

Mais le CSA, pour la première fois saisi sur une campagne de publicité d'un groupe de grande distribution depuis janvier 2006, ne s'était pas ensuite opposé au spot, estimant qu'il "ne présentait pas le caractère d'une publicité politique, interdite par la loi".

Du coup, face à cette campagne de pub, les pharmaciens ont décidé de contre attaquer. La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a ainsi annoncé ce mardi qu'une campagne nationale d'information sur les pharmaciens allait bientôt être lancée pour mettre un "coup d'arrêt aux intérêts mercantiles" de distributeurs comme Leclerc ou de l'Union Européenne.

"Cette campagne, ouverte à toute la profession, a pour but de montrer que le pharmacien est un professionnel de santé publique et de mettre un coup d'arrêt aux intérêts mercantiles" a déclaré mardi Jocelyne Wittevrongel responsable communication de la FSPF lors d'une conférence de presse.

D'un montant d'un million d'euros (hors audiovisuel) et financée par les pharmaciens, la campagne de sensibilisation qui s'appuiera sur la presse régionale et nationale, sur internet et peut-être dans l'audiovisuel, ne sera "pas lancée avant six semaines".

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