Perquisition au Medef dans l'affaire UIMM

Le juge d'instruction Roger Le Loire s'est rendu ce jeudi au siège de l'organisation patronale au lendemain de la mise en examen de Daniel Dewavrin, un ex-président de l'UIMM, dans l'affaire des retraits en espèces de 19 millions d'euros de 2000 à 2007.

Une perquisition a été conduite par la police ce jeudi au siège du Medef à Paris, dans l'enquête sur les retraits en espèces présumés frauduleux des comptes de l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM). Les enquêteurs de la Brigade financière se sont rendus, avec le juge d'instruction Roger Le Loire et un membre du parquet, au siège de l'organisation présidée par Laurence Parisot au lendemain de la mise en examen de Daniel Dewavrin, président de l'UIMM de 1999 à 2006.

Dans un communiqué, le Medef affirme "collaborer pleinement et en toute transparence avec les autorités judiciaires afin de les aider à faire toute la lumière dans l'affaire de l'UIMM".

La procédure concerne des retraits en espèces non justifiés, et pour un but toujours mystérieux, de 19 millions d'euros des comptes de l'UIMM de 2000 à 2007. Daniel Dewavrin, interrogé par la police et le juge d'instruction Roger Le Loire, avant sa mise en examen, a toujours déclaré que Laurence Parisot avait été informée de l'existence des pratiques concernant le "cash" de l'UIMM avant l'été 2007, donc avant le début de l'enquête judiciaire.

Laurence Parisot a contesté ces affirmations, et assure avoir appris l'existence des retraits en espèces par la presse, lors de l'ouverture d'une enquête en septembre 2007. Elle a engagé une procédure judiciaire en diffamation contre Daniel Dewavrin. Ce dernier a été mis en examen mercredi 9 avril, pour "abus de confiance et recel d'abus de confiance" et laissé en liberté, sans contrôle judiciaire par le juge Le Loire.

Il a précédé de 1999 à 2006, à la tête de l'UIMM, Denis Gautier-Sauvagnac, déjà mis en examen depuis le 15 janvier pour "abus de confiance, recel d'abus de confiance et travail dissimulé".

Plusieurs autres personnes sont poursuivies, dont l'ex-bras droit de Denis Gautier-Sauvagnac, Dominique de Calan. Les dirigeants de l'UIMM ont expliqué que l'argent avait servi à "fluidifier les relations sociales", ce qui semble sous-entendre un financement occulte de syndicats de salariés.

Denis Gautier-Sauvagnac a déjà expliqué à la justice que la pratique des retraits en espèces était très ancienne. Il a aussi indiqué à la police qu'il avait remis une fois 5.000 euros à Daniel Dewavrin en espèces, car ce dernier l'avait sollicité pour financer un week-end, en expliquant qu'il n'avait pas eu le temps de passer à sa banque.

L'affaire, relancée lorsque la presse a révélé que Denis Gautier-Sauvagnac s'était vu promettre une somme de 1,5 million d'euros lorsqu'il a été contraint de quitter son poste, a provoqué un vif affrontement entre les dirigeants de l'UIMM et la patronne du Medef, Laurence Parisot. Cette dernière a demandé sans succès que les membres du patronat de la métallurgie abandonnent tous les mandats qu'ils détiennent dans des organismes paritaires, notamment l'Unedic (assurance-chômage) et l'Agirc (caisse de retraite des cadres).

La police n'a pas pu à ce jour vérifier la destination des fonds et aucune hypothèse n'est exclue par la justice, y compris celle du financement politique ou de la corruption ponctuelle d'élus. L'UIMM estime qu'il n'y a pas de délit et elle reconnaît avoir créé dans l'après-guerre une caisse "noire" baptisée Epim et destinée à l'origine à indemniser ses membres victimes de grèves, caisse forte aujourd'hui de 600 millions d'euros.

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