D'opposants permanents à parti de gouvernement : l'étonnante transformation des libéraux-démocrates

Les libéraux-démocrates, dont se déroule le congrès annuel, goûtent pour la première fois depuis 65 ans au pouvoir... au prix d'importants compromis avec les conservateurs, leurs ennemis d'autrefois

La proximité avec le pouvoir fait des merveilles. Il y a six mois, pas un membre du parti libéral-démocrate n?aurait imaginé partager le pouvoir avec les conservateurs, eux qui sont traditionnellement de centre gauche.
Pourtant, ce lundi, tous les libéraux-démocrates se sont levés comme un seul homme, pour une « standing ovation » pour leur leader, Nick Clegg, désormais vice-premier ministre dans une coalition? avec les conservateurs.
Pour son discours lors du congrès annuel de ce parti, qui se déroule actuellement à Liverpool, le jeune (43 ans) leader a plaidé avec passion pour ce mariage de raison, passé en mai avec David Cameron, premier ministre conservateur. Son argument est simple : les libéraux-démocrates ne pouvaient pas laisser passer cette chance d?être enfin au pouvoir, pour la première fois depuis la Seconde guerre mondiale, et d?être capables de réellement influencer la politique.
« Certains disent que nous n?aurions pas dû joindre le gouvernement alors que des coupes budgétaires sont faites, et que nous aurions dû laisser les conservateurs subir l?opprobre, explique Nick Clegg. Peut-être que c?est ce que les gens attendaient d?un parti qui a été dans l?opposition depuis 65 ans. Les gens ont l?habitude de nous voir comme des outsiders. (?) Mais la porte du changement s?est ouverte. (?) Imagine si nous l?avions fermée : comment aurions-nous pu demander de nouveau aux électeurs de nous prendre au sérieux ? »
Cette plaidoirie semble avoir bien fonctionné auprès des militants lib-dems, qui se délectent d?être enfin pris au sérieux. Traditionnellement caricaturés comme des militants à barbe et sandales, mangeant muesli organique et opposé au nucléaire par principe, les voilà soudain propulsés au centre de la scène politique. Leur conférence n?a jamais été si pleine, et les journalistes ont fait le déplacement en masse.
L?argument sera cependant plus difficile à faire passer auprès du grand public. Les sondages ne donnent plus que 15% de soutien aux lib-dems, eux qui ont recueilli 23% des votes lors du scrutin de mai. L?impression qui domine est que Nick Clegg s?est précipité sur sa chance d?être au pouvoir, oubliant au passage ses principes.
Lui réplique que les lib-dems ont enfin mis leurs principes en action, ayant déjà imposé d?importantes réformes. « Vous vous rappelez de nos (?) grandes promesses électorales ? Pour la première fois de ma vie, les libéraux-démocrates peuvent les réaliser. » En particulier, le niveau de salaire minimum à partir duquel il faut payer des impôts a été augmenté ; l?impôt sur les revenus du capital est passé de 18% à 28% ; une taxe sur les banques a été créée ; enfin ?et surtout- un référendum pour introduire une dose de proportionnelle dans le scrutin législatif sera organisé en mai prochain.
Nick Clegg en conclut avec un appel à la patience. « Si nous gardons notre sang froid, nous aurons changé le visage de la politique britannique pour de bon. Si nous gardons notre sang froid, nous aurons changé la Grande-Bretagne pour de bon. » Pour l?instant, ses militants semblent le suivre. Mais jusqu?à quand ?
 

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