Irlande : ça suffit !

Les Irlandais ont jusqu'à présent accepté sans broncher des plans d'austérité sans précédent. Les marchés semblent en demander encore. Mais la douleur sociale est maintenant trop forte. Seule solution: les gouvernements européens doivent s'unir. D'urgence.
Brian Cowen, premier ministre irlandais, manque d'un soutien ferme de l'Europe

Pauvre Irlandais! Contrairement aux Grecs, ils ont été jusqu'à présent des élèves modèles. Le genre dont le FMI ou les marchés obligataires rêvent. Ils ont passé un premier plan de rigueur très dur dès février 2009, bien avant que les marchés ne s'emballent. A l'époque, tous les autres pays en étaient à des plans de relance, et le keynésianisme semblait avoir remporté la partie.

Comme cela ne suffisait pas à enrayer le déficit, le gouvernement impopulaire de Brian Cowen, le premier ministre britannique, a recommencé une fois, puis deux fois, puis trois fois. A chaque fois, la rigueur était un peu plus douloureuse. Les fonctionnaires ont perdu 15% de leur salaire! Le budget quadri-annuel qui sera présenté à la fin du mois devrait aller encore plus loin, sans doute avec des coupes budgétaires dans la santé. Même le FMI des années Camdessus, le Français-père-la-rigueur d'il y a une quinzaine d'année, aurait légèrement hésité à passer une telle potion amère à un pays africain.

Et pourtant, tels des zombies assoiffés de sang, les marchés obligataires ne s'en contentent pas. Les taux obligataires irlandais atteignent de nouveaux records (heureusement sans conséquences immédiates, l'Irlande n'ayant pas l'intention d'émettre de nouvelles obligations avant début 2011).

Le malheur est que les marchés ont raison d'être inquiets. Malgré la rigueur, le déficit irlandais n'est pas contrôlé. Il atteint 32% du PIB cette année. Oui, 32%, ce n'est pas une faute de frappe. Les banques du pays ont accumulé de telles mauvaises dettes (essentiellement à cause d'une énorme bulle immobilière) qu'elles ont dû être sauvées une nouvelle fois le mois dernier. Le coût est disproportionné à la taille du petit pays qu'est l'Irlande.

Tout le monde voit bien qu'il s'agit d'un cercle vicieux. A chaque plan de rigueur supplémentaire, l'économie irlandaise ralentit un peu plus. Les recettes fiscales s'effondrent (elles sont en 2010 inférieures à 2009, année où la crise était la plus forte!). Cela provoque une hausse du déficit... et on recommence: rigueur, panique sur les marchés, rigueur...

Ne reste qu'une seule solution: les pays européens doivent se serrer les coudes. Madame Merkel doit immédiatement clarifier sa position et ne laisser aucune ambiguïté: en cas de danger de défaut de paiement, l'Europe doit être prête à venir au secours de l'Irlande.

Cela coûtera-t-il de l'argent aux contribuables allemands, et français? Sans aucun doute. Mais beaucoup moins que de laisser l'Irlande partir à la dérive. Après la Grèce et l'Irlande, les marchés pourront s'attaquer au Portugal. Puis à l'Espagne. Où cela s'arrêtera-t-il?

Angela Merkel réplique que les marchés obligataires devraient partager une partie du coût. Je suis tout à fait d'accord. Depuis quand est-ce qu'un investisseur devrait ne courir aucun risque? Mais il faut que la règle du jeu soit claire, et rapidement explicitée. Si tous les gouvernements européens s'accordent sur le prix que paieront les porteurs obligataires, ces derniers seront mis devant le fait accompli. Ils hurleront, certainement. Et alors? Mais là encore, cela signifie agir vite, et politiquement uni. Malheureusement, cela ne semble pas être le cas actuellement. En attendant, les Irlandais, au quotidien, en paient le prix.

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Commentaires 2
à écrit le 24/01/2011 à 10:08
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Il y a une erreur au debut du deuxieme paragraphe, la ligne 3. Brian Cowen est le premier ministre irlandais, pas le britannique.

à écrit le 24/01/2011 à 10:05
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A l'egard du deuxieme paragraphe, ligne 3. Brian Cowen est le premier ministre irlandais, pas britannique.

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