Jeep Grand Cherokee : Un beau 4x4 germano-italo-américain "politiquement incorrect"

Dernier avatar des ex-relations avec l’allemand Daimler, ce gros 4x4 américain repose sur la plate-forme du Mercedes ML. Mais, depuis, Jeep est passé sous la coupe de l’italien Fiat… Ce gros engin cosmopolite, qui reçoit une boîte auto à 8 rapports, est « politiquement incorrect ». Mais son confort et son agrément général séduisent.

Le Jeep Grand Cherokee, si typiquement yankee dans on allure et son gabarit est en fait très cosmopolite. Ce 4x4 de luxe a ainsi inauguré la plate-forme du tout dernier Mercedes ML en guise de cadeau de rupture entre l'allemand Daimler et le groupe américain Chrysler - auquel Jeep appartient. Depuis, le consortium du Michigan est passé sous la coupe de l'italien Fiat avec lequel il a fusionné en début d'année. Résultat : voici donc, bizarrement, une Jeep-Mercedes-Fiat ! Drôle de cocktail.

 

Nous revoilà donc au volant de ce Jeep Grand Cherokee apparu en 2011 en Europe, mais restylé et doté désormais d'une boîte automatique à huit vitesses ultra-moderne, censée baisser les consommations et les émissions de CO2. Avec ses formes massives, carrées, mais d'un dessin très sobre, ce Jeep élégant dans son genre ne passe pas inaperçu dans nos rues.

 

A l'intérieur, on retrouve les mêmes formes géométriques, sans chichis. Nous, on apprécie. Bonne position de conduite, avec des réglages électriques en tous genres, plastiques de qualité - mais le faux aluminium et le faux bois détonnent - , assemblages soignés. C'est le Jeep le mieux construit de l'histoire. Il inspire confiance, même s'il n'est pas aussi cossu qu'un Audi, un BMW ou… un Mercedes. Mais, c'est incontestablement aujourd'hui un modèle haut de gamme, vraiment luxueux. Si l'on a beaucoup de place à bord, le coffre, encombré par une vraie roue de secours, réserve en revanche une hauteur sous tablette assez faible pour une telle voiture.

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Moteur puissant et onctueux

 

Haut perché, avec une bonne visibilité périphérique, on domine la route et… les autres. Une sensation très agréable, pas seulement pour l'ego comme on pourrait le croire, mais aussi pour voir loin et anticiper. Protégé par la masse de tôle, on se sent serein. Le moteur diesel de 250 chevaux émet un beau bruit rauque de six cylindres. De la puissance, il en a... Et c'est bien plaisant. Même si on n'a pas autant de répondant qu'à bord d'un BMW X5. A cause du poids (2,35 tonnes).

 

La boîte huit, achetée chez l'allemand ZF, réagit agréablement, avec douceur. Mais, contrairement à l'ancienne transmission à cinq rapports d'origine Mercedes, on ne peut plus bloquer les rapports sur les deux ou trois premiers. En ville ou sur petite route sinueuse,  voire en descente de col, c'était bien pratique. Du coup, on est toujours un ou deux rapports trop haut par rapport à ce qu'on souhaiterait, en particulier en virage. Ca, c'est dommage pour la précision. Utiliser les palettes n'est pas très utile, d'autant que la boîte réagit alors trop lentement.

 

En ville, l'arrivée assez brutale de la cavalerie pose un petit problème de dosage. Car la voiture se met à foncer avec un léger temps de retard sur la pression à l'accélérateur…Quand la puissance déboule, on est déjà en vue du prochain feu rouge! Avec la nouvelle boîte, le phénomène est mieux maîtrisé que par le passé. Mais, on regrette toujours de ne pas dompter  parfaitement ladite puissance. On a l'impression de dilapider un peu une telle énergie. Ceci dit, on s'y habitue. La consommation a baissé. Sur route et autoroute, on se retrouve à 9,7 litres aux cents. Correct pour un tel engin. En ville, ça grimpe forcément. Ca nous fait une moyenne de consommation autoroute-route-ville  supérieure à 10 litres. Le précédent Grand Cherokee avec la transmission à cinq vitesses nous avait valu 11 litres aux cents.

 

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Confort bluffant

 

A part le (léger) problème de dosage de la puissance, que l'on apprend à maîtriser, la conduite en ville ne pose pas de problème. Sauf le gabarit (en largeur). Même si le Grand Cherokee braque bien, il est délicat de caser une telle masse dans nos parkings. Et, une fois placés, on risque de ne pas pouvoir sortir. Les places de parking ont été construites selon les mensurations des voitures d'il y a trente ans, beaucoup plus étroites qu'aujourd'hui. Même si l'empreinte au sol n'est guère supérieure à celle d'un grand monospace façon Renault Grand Espace.

 

On déplore aussi une direction à l'américaine, c'est-à-dire très douce, mais trop démultipliée, un peu floue, qui n'aide pas à placer la voiture avec précision dans nos petites rues étroites. En revanche, le confort et l'onctuosité des commandes font merveille pour lisser les ralentisseurs, pavés et autres inégalités délibérément imposées par nos élus. La filtration est excellente, surtout pour un 4x4 ! Sous ses dehors de grosse brute, ce 4x4 est en fait fort bien élevé. Même en tout-terrain, le confort reste appréciable. Seul inconvénient au chapitre confort : comme sur toutes les voitures d'outre-Atlantique, le cuir est glissant et ne maintient donc pas très bien le corps en virage.

 

Grands espaces

 

Le domaine de prédilection du Jeep, ce sont les grands espaces. Les autoroutes sont avalées sans s'en rendre compte, même si les saignées se manifestent par des trépidations à haute vitesse. Sur départementales sinueuses, avec un centre de gravité haut perché, les suspensions souples donnent une certaine sensation de flottement. La précision et l'agilité ne sont pas le fort du Grand Cherokee. Il faut le savoir avant de l'acheter et en tenir compte à la conduite. Un BMW X5 est plus fin à mener. Les brusques changements d'appui, le gros ricain n'aime pas trop. C'est la contrepartie du fait que ce Jeep isole parfaitement de la route.

 

Mais, quand on intègre le caractère du véhicule, on se rend vite compte que la voiture tient très  correctement la route. Et on s'amuse finalement au volant. Rien à voir avec les Jeep d'antan. Ce n'est pas une petites sportive, évidemment. Mais puissance, filtration et confort induisent un type de conduite qui nous a plu. La sécurité est assurée. Sauf au… freinage ! Les distances d'arrêt pour stopper une telle masse sont un rien trop longues.

 

Un vrai tout-terrain

 

Les aptitudes au tout-terrain sont réelles, avec une excellente garde au sol, mais le choix persistant par le constructeur de pneus coréens Kumho, réputés bas de gamme, déçoit à ce prix. Jeep aurait pu proposer une monte de meilleure qualité, des Michelin par exemple. L'arsenal électronique permet de choisir la configuration ad hoc en fonction du terrain (terrain rocailleux, sable, boue, neige, gamme de rapports courts…). Et ça fonctionne ! Le Grand Cherokee ne renie rien de ses origines. Il faut d'ailleurs avoir des besoins en tout-terrain pour justifier l'achat d'un tel véhicule. Sinon, c'est gâcher la marchandise. Mais l'éternelle contradiction de ces gros 4x4 de luxe demeure ! Qui va risquer d'abîmer une auto si raffinée et onéreuse en faisant du tout-terrain pur et dur ? Dès lors, tout le dispositif à bord de ce Jeep est finalement inutile pour 99% des clients…

 

Jeep Gd Cherokee

Bien conçu

 

Le Grand Cherokee est bien conçu à partir d'un excellent châssis Mercedes et a priori soigneusement fabriqué. Il est soyeux, cossu, plaisant à conduire quand on est habitué, et généreusement équipé avec notamment un excellent système audio Harman Kardon. L'écran tactile est simple d'utilisation Les commandes sont facilement accessibles. Bien mieux qu'à bord des rivaux germaniques. L'ergonomie apparaît donc très satisfaisante. Et la vitesse s'affiche en gros chiffres devant les yeux. Quand Fiat s'en inspirera-t-il pour ses modèles dont les compteurs sont illisibles ?

 

Ah si, tout de même: un détail exaspérant! Comme chez Mercedes, la fonction recyclage de l'air du climatiseur se désactive d'elle-même au bout de sept-huit minutes, quand le système juge que l'air intérieur est saturé. Résultat:  ledit système vous remet en prise directe avec les pots d'échappement du dehors. Dans un embouteillage, vous respirerez donc régulièrement les merveilleuses effluves du  vieux camion diesel qui est devant vous...

 

L'engin a de la personnalité. Ca nous rassure à l'heure de l'uniformisation mondialisée. Le Grand Cherokee est le modèle le plus vendu du célèbre label américain, avec 255.000 unités en 2013 sur un total de plus de 731.000 Jeep. Il s'en vend toutefois peu en France (467 l'an dernier). En version Limited, la moins chère et celle à conseiller car elle se contente de pneus à flancs hauts confortables et aptes au tout-terrain, comptez 55.190 euros, auxquels il faut ajouter 6.500 d'impôt prétendument écologique. Moins cher que les concurrents germaniques - 10.000 euros de différence et encore plus si l'on se réfère à l'équipement -, mais moins incisif à conduire, notre Limited comprend l'aide au stationnement couplée à une très utile caméra de recul. On peut d'ailleurs l'utiliser, même quand on coupe les « bips bips », contrairement aux rivaux germaniques. Bravo. Notons un démarrage et un accès sans clé, une alarme, un volant électrique, des sièges également électriques chauffants à mémoire en cuir, dans une très chic nuance beige sur notre véhicule d'essai… En revanche, l'option GPS couplée au toit ouvrant à 3.510 euros est mesquine. Le système de navigation devrait être de série à ce niveau de gamme.

 

Modèle d'essai : Jeep Grand Cherokee 3,0 CRD Limited : 55.190 euros (+ malus de 6.500 euros)

 

Puissance du moteur : 250 chevaux (diesel)

 

Dimensions : 4,82 mètres (long) x 1,94 (large) x 1,78 (haut)

 

Qualités : Présentation cossue, fonctions simples à utiliser, confort, onctuosité générale, moteur puissant, aptitudes 4x4

 

Défauts : Gabarit et poids, puissance un peu difficile à doser, comportement flou, freinage insuffisant

 

Concurrents : VW Touareg 3,0 TDi 245 : 63.270 euros ; Mercedes ML 350 Blue Tec : 64.650 euros; BMW X5 3,0d Lounge Plus : 66.400 euros

 

Note : 14,5 sur 20

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Commentaires 8
à écrit le 27/04/2014 à 16:26
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A ce prix et à un tel niveau de prétention "luxe", constater la présence de faux aluminium, de faux bois, ça fait vraiment maquignon.

le 27/04/2014 à 18:45
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Aux USA, le premier prix (ht) est en dessous de 30000$. A ce prix, on ne peut être trop exigeant sur le plastique et le faux bois. Mais on a la BA 8 rapports, la clim...

le 28/04/2014 à 21:46
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A 22000 euros ou 30000 dollars je conçois le faux bois, le faux alu, mais à 50000 euros, soit 68000 dollars en Europe l'imitation bois/alu est plus que douteuse et le Gap de prix est injustifiable. Autant importer le véhicule des US que de l'acheter ...

à écrit le 26/04/2014 à 18:02
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Après l'avoir brièvement conduit aux USA, j'ajoute une critique aux vôtres: l'assise des sièges avant est bien trop courte: de vrais strapontins.

à écrit le 26/04/2014 à 17:14
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Jeep est une entreprise italienne, pourquoi ne pas le dire simplement ? Il redeviendra peut-être américain lorsque GM aura repris Fiat/Chrysler. Ce type de véhicule ne peut pratiquement plus rouler en Europe. Pour rappel les 4x4 sont interdits de for...

à écrit le 26/04/2014 à 16:01
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Très très beau 4X4, il a vraiment de la gueule celui-là. Le "politiquement incorrect" me rappele aussi des alliances Renault-Nissan ou PSA-Dacia où le nombre de voitures vendu augmente mais pas le chiffre d'affaires des usines françaises. Cherchez l'...

à écrit le 26/04/2014 à 9:38
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Les moins sont: 1)le selecteur de vitesse pas pratique car on se trompe entre P R N D et tralala. 2) le frein à pied mal placé.

à écrit le 25/04/2014 à 21:40
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Je trouve assez surprenant que vous fassiez un article sur un véhicule qui ne se vendra pratiquement en France et que vous qualifiez vous même, à juste titre de mon point de vue, de politiquement incorrect. Bizarre! Par ailleurs vous qualifiez ce vé...

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