Place aux femmes, oui. Mais, jamais, sans les hommes !

Jeudi 17 avril, Capgemini a co-organisé, en partenariat avec l’association WoMen’Up, son premier événementiel de l’année sur un sujet qui désormais tient à cœur ce leader mondial du conseil et des services informatiques : la mixité en entreprise. Avec un angle de vue particulier : donner la parole aux hommes pour savoir ce qu’ils en pensent vraiment. Instructif.
De gauche à droite, Gérald KARSENTI (HP), Polly SUMNER (Salesforce.com), Isabelle ROUX-CHENU (Capgemini), Najette KADRI-MAROUARD (IBM), Daniel CHAFFRAIX (Capgemini).

Sans l'engagement des hommes, la mixité restera un vœu pieu. Isabelle Roux-Chenu en est certaine. Elle parle d'expériences et de connaissances, aussi bien théoriques que pratiques. Directrice Juridique du Groupe Capgemini, c'est elle qui depuis 2011 pilote et motive, au sein de ce leader mondial du conseil et des services informatiques, la politique en faveur de l'égalité hommes-femmes, au niveau international.

Juriste chevronnée, elle a longtemps évolué dans des milieux professionnels masculins. Que ce soit à Paris, la Nouvelle-Orléans, Bruxelles ou New-York, cette diplômée des barreaux de Paris et New-York,  a fait ses armes dans des cabinets d'avocats et une société de courtage maritime en étant (presque) seule parmi des hommes. Dynamique, enthousiaste, éclairée, elle n'en a pour autant jamais oublié sa féminité et son goût de l'art. Dans le bureau, au 11, rue de Tilsitt, de celle qui a été recrutée en 1998 pour créer la direction juridique de Capgemini à l'approche de l'an 2000, les photos de ses enfants et les clichés du Pont Neuf enveloppé par l'artiste Christo en 1985, de son retour de Manhattan sur un cargo, émergent au milieu des dossiers et des cartes de visite qui abondent.

Son engagement pour la mixité au sein de Capgemini s'est de facto concrétisé en 2010. Il est né d'un triple constat. 60 % des diplômés des universités dans le monde sont des femmes ; comment peut-on les laisser de côté et ne pas leur accorder la place qui doit leur revenir aux postes à responsabilités ? Comment, lorsqu'on est une entreprise de services, ne pas prendre en considération ses clients et ses partenaires, alors qu'eux-mêmes sont de plus en plus ouverts au management au féminin ? La société évolue, les entreprises aussi. Capgemini, première SSII des services informatiques en France, considérée comme l'un des cinq leaders dans le monde, ne peut être à la traîne sur ces questions de justice sociale.

 

CapGemini, le bon élève 

L'idée a germé en elle. Sa force et son sens de la persuasion en douceur ont convaincu la direction du Groupe, conduite par Paul Hermelin, de s'emparer du sujet. Le programme Women@Cagemini est né en 2012 de la collaboration de nombreuses femmes, mais également d'hommes du Groupe Capgemini, engagés sur le sujet en France et à l'international. Et, dès le départ, s'est fixé pour objectif de faire la promotion de l'égalité homme-femme à l'échelle internationale.

Pour convaincre l'ensemble des collaborateurs, un seul argument fait vraiment mouche : les chiffres. La mixité n'est pas un sujet réservé aux féministes, c'est avant tout une question de performance économique, un formidable accélérateur de business. Le Groupe, qui a réalisé l'an dernier 10,09 Md d'euros de chiffre d'affaires, se doit d'être sur tous les fronts pour croître. Résultat : dans la plupart des filiales du Groupe, les managers ont mis les bouchées doubles pour lancer le programme Women@Capgemini au niveau local.Pour convaincre du bien-fondé de sa politique, Isabelle Roux-Chenu a choisi pour cet évènement de s'adresser en priorité aux hommes et aux jeunes. Rien ne peut se faire sans eux.

En 2013, Capgemini a recruté plus de 32 000 personnes dans le monde dont 45 % de jeunes diplômés et 31% de femmes. En France, sur les 2000 nouveaux salariés engagés l'an dernier, 1400 sont des représentants de la Génération Y. Si les jeunes femmes figurent désormais en bonne place dans les recrutements, sur la totalité du Groupe elles restent encore minoritaires. Au niveau global, 30 % de l'effectif est féminin, 12 % des vice-présidents sont des femmes et, au plus haut niveau de l'entreprise, on compte seulement 14 femmes parmi 158 hommes. Au premier hit-parade des entreprises françaises pour leur féminisation, réalisé par Ethics & Boards pour le ministère du droit des femmes en octobre 2013, la position en bas du classement de Capgemini a confirmé la nécessité pour le Groupe de poursuivre une politique ambitieuse.

Concrètement, Isabelle Roux-Chenu et les membres du réseau Women@Capgemini reçoivent désormais l'appui nécessaire pour faire bouger les lignes. Ce jeudi 17 avril, elle a, en partenariat avec l'association WoMen'Up et La Tribune, orchestré son premier événementiel de l'année, au 11, rue de Tilsitt.

 

L'égalité, un levier de performance 

En introduction de la manifestation, la parole a été donnée à une dizaine de partenaires et clients grands comptes de Capgemini. Du Brésil à l'Asie, en passant par la Silicon Valley et Paris, le consensus règne. Au fil de la vidéo de 6 minutes, chacun s'exprime et souligne l'urgence de rendre justice aux femmes dans la vie professionnelle. Pour le chairman d'Airbus, « les différences font la différence ». C'est une nouvelle fois une question de business. Une question de confiance et de transparence également.

Pour Polly Sumner, Chief Adoption Officer de Salesforce.com :

« A l'avenir, les clients seront toujours plus demandeurs de transparence. Avoir confiance dans le partenaire avec qui l'on fait des affaires sera plus que jamais une condition sine qua non de réussite. »

Pour faire confiance à son interlocuteur, il faut être sûr qu'il respecte la justice sociale, l'égalité homme-femme et l'intégration de la diversité dans le management. Ce sont des revendications légitimes. Elles doivent naturellement faire partie des valeurs de l'entreprise. Et pas seulement en terme de communication, mais bel et bien se traduire dans les faits. Tous l'attestent « les entreprises qui respectent la mixité réussissent mieux que les autres. Pourquoi se priver d'un levier de performance ? »

 

Seule la réussite de l'entreprise compte

Les hommes invités à débattre sur la question de la mixité, en deuxième partie de soirée, ont abondé dans ce sens. L'un d'eux indique que « les hommes sont promus pour leurs ambitions, les femmes pour leurs réalisations » Gérald Karsenti, le Président-Directeur Général de HP France, qui enseigne aux élèves de HEC, est particulièrement pertinent sur ces questions. Au sein de son entreprise, il est l'un des plus fervents défenseurs de la mixité.

« Quand, pour un recrutement, je m'entretiens avec une candidate, c'est moi qui lui « vends » le job, qui doit la convaincre qu'elle a le talent qu'il faut, qu'elle a les compétences et qu'elle va réussir. Avec un candidat, c'est l'opposé. A peine aura-t-il pénétré dans mon bureau qu'immédiatement, en général, sans même avoir cerné le job dont je veux lui parler, il me dira « je suis ton homme ». Les femmes sont terrorisées au début de l'entretien, les hommes, eux, le sont à la sortie. Ce n'est qu'alors qu'ils se demandent comment ils vont faire. »

A ses côtés, Boris Saragaglia, le créateur de Spartoo.com, et Paul Morlet, le fondateur de LuluFrenchie, sont deux jeunes chefs d'entreprise de la Génération Y. Confortant les conclusions de l'enquête menée par Emmanuelle Duez, la co-fondatrice de WoMen'Up, avec Mazars, sur la manière dont la Génération Y réagit à la mixité, tous deux l'affirment : pour eux, la question homme-femme n'est plus un sujet en soi. Ce qui importe, c'est le talent et la qualité de la personne. « The right person at the right place. » Tous deux refusent en bloc la notion de quota. Qu'on soit un homme ou une femme, peu importe. Seule compte la réussite de l'entreprise.

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