Haendel, on le sait, a excellé dans l'art de l'opéra et des oratorios.
Radamisto donné le 6 février au Théâtre des Champs Elysées en version de concert, n'est pas très connu des aficionados du baroque. Quel dommage ! Cet opéra crée en 1720 par le génial compositeur est d'une rare richesse sonore et émotionnelle. Il faut dire qu'il l'a composé après cinq ans d'interruption, posant ici la première pierre lyrique de sa Royale Academy of Music. Et vingt et un ans avant la création de son oeuvre majeure, le Messie. L'histoire de Radamisto, tirée de l'une des épopées de Tacite est particulièrement tirée par les cheveux. On peut juste en retenir qu'elle met en valeur les vertus du mariage et de la fidélité. L'intérêt de cette oeuvre est bien ailleurs.
Essentiellement dans l'incroyable diversité des arias, tous ciselés comme de véritables petits bijoux. Des airs qui nous sont parfois familiers, Haendel ayant repris quelques thèmes ou l'esprit de certains passages dans plusieurs oeuvres ultérieures. Avec cette façon bien précise de construire ses phrases musicales celles-ci débutant sur un rythme lent, de lamento pour aborder soudainement un rythme endiablé et enfiévré. On retrouve dans Radamisto les meilleurs moments d'autres oeuvres oh combien magistrales telles que Rinaldo, Ariodante ou le très grand Giulio Cesar, dont on ne se lasse jamais et que le Théâtre des Champs Elysées a d'ailleurs produit il y a un peu moins d'un lustre.
Et si la musique est envoûtante et enivrante que dire de la qualité des chanteurs qui l'ont servi mercredi soir. Chacun d'entre eux symbolisant à merveille la diversité musicale de la partition. Car avec David Daniels (contre ténor), Patricia Bardon (mezzo soprano), Luca Pisaroni (basse), Brenda Rae (soprano) et Elisabeth Watts on avait là toutes les couleurs vocales, toutes les tessitures parfaitement maîtrisées. Et quelle maîtrise ! Luca Pisaroni et Brenda Rae se jouant plus particulièrement des difficultés techniques si chères à Haendel. Un regret toutefois : l'orchestre dirigé par Harry Bicket et constitué d'instruments anciens n'était guère audible. On n'entendait absolument pas le magnifique théorbe ni le clavecin. Et le seul fil conducteur était constitué des instruments à cordes, violons en tête. Dommage car la musique baroque puise aussi sa puissance et sa personnalité de la richesse instrumentale. D'où la multiplication ces dernières années d'orchestres composés d'instruments anciens, et ce, afin de replacer cette musique dans son contexte original. D'où le plaisir de bien entendre les caractéristiques sonores de chaque instrument.
Radamisto : Haendel servi par des chanteurs exceptionnels
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