Daech, c’est la dèche !

« Et bang, la dèche » disait Coluche en citant le Bangladesh encore sous les eaux après une famine ou l'inverse.

Eh bien, la dèche est là avec Daech, le califat autoproclamé entre Syrie et Irak.

C'est une dèche que l'on a refusé de voir grandir depuis quinze ans, un signal faible sur lequel les yeux se sont fermés.

Les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis ont fait connaître au monde le terrorisme islamiste qui sévissait depuis au moins 1998. Les protestations de l'époque contre les attentats ont vite tourné à l'antiaméricanisme.

Les manifestations organisées les 26, 27 et 28 septembre derniers en France, notamment par des responsables religieux musulmans, pour protester contre la décapitation d'Hervé Gourdel en Algérie et les massacres, viols et actes racistes de Daech, sont les premières à cette échelle même si les participants furent peu nombreux. Le silence était assourdissant, un silence terrorisé.

La prise de parole (s) doit libérer les musulmans de cette terreur

Car le terrorisme islamiste sévit non seulement au Proche-Orient et en Afrique du Nord, mais aussi en Afrique subsaharienne, et il forme des terroristes qui ont sévi ou vont sévir ailleurs. Tout cela encourage la suspicion, le racisme et l'ambiance de guerre civile qui va en découler. C'est la dèche.

Ce verrou qui vient de sauter est lié à la présence de six états arabes dans la coalition internationale contre Daech (Jordanie, Arabie saoudite, Koweït, EAU, Qatar et Bahreïn). Parmi ces États, deux au moins ont financé le terrorisme islamique, l'Arabie saoudite et le Qatar, pour des raisons de rivalités. Et ces rivalités ne sont pas éteintes. L'Iran, qui ne fait pas partie de la coalition, a financé le soutien des chiites contre les sunnites.

Et la Turquie qui vient de la rejoindre s'oppose pourtant aux Kurdes mais serait prête à intervenir au sol. Les mystères du Moyen-Orient... Au moins cette union de façade fait-elle prendre conscience de la bête immonde aux financeurs.

Pour eux aussi, c'est la dèche

Car, peut-on détruire Daech ? Non. Économiquement, un large territoire de 8 millions de personnes avec puits de pétrole et raffineries artisanales trouvera toujours des contrebandiers pour acheter à bas prix des produits revendus à forte marge. Militairement, les 20 000 combattants, comme à Gaza, se fondent dans la population, enterrent leurs armes, en fabriquent de nouvelles, et la première frappe avec victimes collatérales sera une condamnation de la coalition qualifiée alors d'aveugle.

C'est la dèche.

Je repars en plongée.

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L'ouvrage le plus récent de Philippe Cahen :
Les Secrets de la prospective par les signaux faibles, Éditions Kawa, 2013.

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