Les marchés à la merci des chiffres de l'emploi américain

Très mal orientés depuis jeudi, les marchés sont dans l'attente du chiffre mensuel de l'emploi américain pour janvier, attendu en début d'après-midi. Un mauvais chiffre et la spirale baissière pourrait reprendre voire s'amplifier.

Risque maximum sur les marchés ce vendredi. Après les lourdes chutes de la veille (-2,75% pour le CAC 40, plus de 5% de baisse à Madrid et Lisbonne, le Dow Jones retombé sur les 10.000 points...) et la mauvaise orientation de Tokyo (-2,89%) ce vendredi, les Bourses vont évoluer dans l'attente du chiffre mensuel de l'emploi américain pour janvier, attendu en début d'après-midi. Un mauvais chiffre et la spirale baissière pourrait reprendre voire s'amplifier.

Outre les chiffres de janvier, on attend la révision des chiffres annuels allant d'avril 2008 à mars 2009. La rumeur (à moitié confirmée par la Maison Blanche) évoque une très forte révision à la hausse avec 700.000 à un million de suppressions d'emplois de plus que les chiffres initiaux. Déjà, hier, les statistiques hebdomadaires d'inscriptions au chômage aux Etats-Unis ont inquiété avec un chiffre supérieur aux prévisions et une moyenne mobile sur quatre semaines, plus représentative d'une tendance, en hausse. Le chiffre de la productivité aux Etats-Unis, à un niveau record depuis 2003, aurait pu rassurer. A ceci près qu'une telle productivité signifie aussi de massives suppressions d'emplois et des restrictions salariales, de mauvais augure pour la consommation.

Si les Etats-Unis s'inquiètent, l'Europe, elle, est encore plus fébrile. Après les craintes sur la dette grecque, ce sont celles sur les déficits espagnols et portugais qui effraient les marchés. Les écarts de taux se creusent au sein même de la zone euro entre pays solides (Allemagne, France dans une moindre mesure...) et pays à risque, notamment ceux du Sud - les Anglo-Saxons parlent des "pigs" (cochons) : Portugal, Ireland, Greece, Spain (Espagne). L'Europe de l'Est inquiète aussi au sein de l'Union européenne. La question du soutien ou de la solidarité entre pays de la zone euro voire de la survie même de l'euro, éternel orphelin d'une politique économique commune entre ses pays membres, est posée. L'euro a d'ailleurs encore baissé hier, passant même sous la barre de 1,38 dollar, inédit depuis juin dernier.

Les "exit strategy" des banques centrales après leur politique non conventionnelle de soutien massif à l'activité avec des injections de liquidités dans le système financier nourrissent "également des craintes. La Banque d'Angleterre (BoE, Bank of England) a ainsi annoncé hier, tout en maintenant ses taux d'intérêt à 0,5%, l'arrêt de ce type de mesures. La Banque centrale européenne (BCE) a donné rendez-vous en mars pour une probable telle décision. Les experts soulignent au passage un point technique : la BCE accepte de prêter de l'argent aux banques en échanges ("natissement") de titres d'Etats laissés en garantie. Les titres grecs - et demain portugais voire espagnols - vont-ils continuer à être acceptés par la Banque centrale européenne ?

Si les banques centrales retirent leurs liquidités, elles demanderont aux Etats de prendre le relai en soutenant l'activité et en favorisant les trois moteurs de l'économie, l'investissement des entreprises, leurs exportations et la consommation. Mais du fait des déficits creusés par la crise et par les plans de relance, les nations sont aussi appelées à réduire leur dette... ce qui implique des efforts (hausses d'impôts, réduction des dépenses publiques voire des effectifs publics) qui pourraient au contraire peser sur la consommation et la croissance.  Une situation tendue et paradoxale qui a de quoi susciter la nervosité des marchés.

Dans ce paysage d'une extrême fragilité, hedge funds, arbitragistes et spéculateurs de tout poil s'en donnent à coeur joie, parfois non sans logique lorsqu'ils s'en prennent à la dette de pays trop laxistes avec leurs comptes publics comme la Grèce, accusée même par Bruxelles d'avoir falsifié ses statistiques pour pouvoir intégrer la zone euro puis pour pouvoir y demeurer. Du coup, on entend Athènes puis Lisbonne dénoncer cette spéculation, la qualifiant d'immorale et d'injustifiée, tout en laissant entendre qu'elle devrait plutôt toucher d'autres pays plus mal en point. Ambiance et solidarité...

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Commentaires 2
à écrit le 05/02/2010 à 6:49
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Cette crise est désormais cyclique, la crainte est que l'interval entre deux crises ne soit pas loin de 0.

à écrit le 04/02/2010 à 21:42
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Moi qui croyais que la crise était derrière nous... On m'aurait menti ?!

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