Les marchés émergents, souffre-douleur des investisseurs

Le MSCI Emerging Markets a reculé de plus de 20 % depuis juillet. En cause : la dichotomie entre réalité économique et les attentes des marchés. Mercredi, l'indice HSBC EMI, basé sur le PMI des pays émergents, est ressorti à 51,9 au troisième trimestre contre 54,2 au précédent trimestre.
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L'été a été meurtrier sur les marchés d'actions. Mais les premières victimes ne sont pas celles que l'on croit. Certes, la crise de la dette, l'incapacité des gouvernements en zone euro à trouver des solutions pérennes et les inquiétudes sur le devenir de la croissance américaine ont fortement impacté les marchés financiers occidentaux.

Mais ce sont bien les places émergentes qui ont le plus souffert de l'exacerbation des sentiments de marché et du brusque regain d'aversion pour les risques chez les investisseurs. Depuis le 1er juillet, l'indice MCSI Emerging Markets a cédé plus de 20 %, là où le MSCI World et l'indice paneuropéen Stoxx 600 ont cédé un peu plus de 13 %.

Cet écart de traitement ne tient pas au hasard. Pour Alain Bokobza, responsable de la stratégie d'allocations d'actifs chez SGCIB, il relève d'une déception plus grande chez les investisseurs. « Contrairement aux pays développés où l'on sait que les perspectives de croissance ne sont pas bonnes, il y a sur les marchés émergents une dichotomie entre les attentes et la réalité économique. Dès lors, la probabilité que ces économies fassent moins bien que les attentes est plus grande », explique-t-il. C'est précisément ce qui s'est passé.

Dans ces pays, les prévisions de croissance ont été révisées à la baisse. Les derniers chiffres de l'indice HSBC EMI, publiés mercredi, confirment cette tendance. L'indice est en effet ressorti en recul à 51,9 au troisième trimestre après avoir été de 54,2 au trimestre précédent. La croissance des émergents « devrait fortement ralentir d'ici 2011 à cause notamment d'une chute des exportations et de sorties importantes de capitaux », commente ainsi Mathilde Lemoine, directeur des études économiques d'HSBC France.

Pour autant, l'activité devrait rester soutenue dans ces pays cette année et l'an prochain : le FMI, le 20 septembre dernier, a certes revu à la baisse les prévisions de croissance de la Chine mais à 9,5 % en 2011 ... contre 9,6 % initialement anticipés. Un argument très vite balayé par certains experts qui font remarquer que pour l'empire du Milieu, le rythme de croissance est, en l'espace de quelques trimestres, passé de 12 à 9 % et pourrait même toucher 7 % dans les trimestres à venir. « À force de pratiquer une politique de croissance débridée ces dernières années, les économies émergentes se retrouvent à combattre l'inflation par des mesures qui leur coûtent désormais des points de croissance » résume Alain Bobokza. Et ce dernier d'ajouter qu'en apparence « le plan de recapitalisation des banques que vient d'annoncer la Chine pourrait être une bonne chose, mais ne devrait pas rassurer. Le secteur bancaire chinois ne pourra plus offrir la même soupape de crédits qu'en 2007-2008 ».

Si le panorama des émergents n'est pas si réjouissant, pour certains, ce constat est à relativiser. « Il ne fait aucun doute que les pays émergents sont en bien meilleure position que les marchés développés, grâce à des réserves de change plus importantes et un endettement plus faible », soulignent les équipes de Franklin Templeton dans leur dernière note. Surtout, ils offrent désormais un point d'entrée intéressant. « Les actions émergentes s'échangent à des niveaux relativement bas, presque neuf fois le PER à 12 mois, ce que nous n'avions pas connu depuis la crise du crédit de 2008 », précisent pour leur part les experts d'Henderson Global Investors. Reste à savoir si la prime de valorisation de 3 % qui caratérise désormais les indices émergents face aux occidentaux (contre 20 % ces dernières années) ne constitue qu'un point bas cyclique ou une normalisation des excès passés de la théorie du découplage économique.

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