Assurance n'est pas confiance

Chaque semaine, découvrez les chroniques sur la vie au bureau réalisée par Sophie Peters. Anecdotes, conseils, expériences : pour sourire mais aussi mieux se sentir dans son job.

 

La crise ne s'attaque pas seulement aux finances et à l'emploi. Elle bouleverse aussi un peu de nos structures psychologiques. Ainsi d'une certaine forme de confiance en soi qui, hier encore, était considérée comme le parangon de la réussite dans le monde du travail : joli discours, assorti du look qui va bien, et d'une mine bien bronzée. Bref, tout dans l'apparence, rien dans la profondeur. De quoi montrer à tous une assurance sans faille.

 

Dans le chaos actuel, dans ce nouveau rythme qui nous impose d'être moins dans le contrôle et plus ouvert, plus curieux de ce qui peut advenir, plus souple aussi, cette panoplie n'est plus de mise. Elle est criarde, donne des allures de pantin et n'est pas d'un grand secours !

 

Contrairement à ce que prétendent les défenseurs d'une vision mécaniste de l'individu, la confiance ne s'apprend pas dans des stages de développement personnel, pas plus qu'elle ne s'acquière en lisant des manuels de management. On a pu faire croire qu'un moi fort, cela pouvait s'apprendre et s'organiser. Or, l'une des clefs du bien-être est la mobilité psychique, la fluidité de l'identité et la souplesse de la pensée. Être fort, avoir une véritable confiance en soi, c'est accepter au contraire de sortir d'une volonté de maîtrise pour accueillir ce qui fait sens au travers de toutes les expériences créatrices du quotidien, c'est-à-dire ce qui permet d'approcher, de conforter, d'enrichir et de laisser évoluer son propre sentiment d'identité.

 

regard intérieur

 

L'importance donnée au regard extérieur, à l'appréciation des autres, à leur jugement, à leur critique, empêche de se constituer un regard intérieur bienveillant et encourageant, propice au développement d'une réelle confiance en soi. Trop tourné à l'extérieur de lui-même, l'individu est soumis à la nécessité de s'adapter aux demandes des autres.

 

Voilà pourquoi la crise est d'autant plus cruelle pour tous ceux dont l'identité s'est essentiellement formée autour de leur activité professionnelle, tous ceux qui se sont suradaptés, voulant montrer à quel point ils sont performants. Les business schools ont reçu le message. Elles sont en train de revoir leurs programmes. « Ces dernières années, on a vu se développer des organisations sans âme, sans identité, où seuls les rapports de forces et les égoïsmes peuvent s'épanouir », a confié Bernard Ramanantsoa, directeur général du groupe HEC à « La Tribune du manager ». Une personne qui connaît ses forces et ses faiblesses, trouve plus facilement des solutions à ses problèmes. Elle est aussi capable d'anticiper les évolutions qu'elle sent se dessiner ou qu'elle souhaite induire.

 

L'estime de soi et la confiance se cultivent dans la vie de tous les jours, à travers nos relations aux autres, mais aussi avec soi-même et avec le monde, par une attitude juste. Il existe une idée centrale pour favoriser une relation : lorsque je parle, je parle de moi. Lorsque j'écoute, je laisse l'autre parler de lui.

 

J'ajouterai que si je m'apprête à faire un reproche, il vaut mieux que je me demande si ce reproche, je ne me l'adresse pas d'abord intérieurement. Oui, ce n'est pas agréable à découvrir, mais c'est ainsi : beaucoup de nos critiques nous concernent en premier lieu.

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