Energie : la zone industrielle du Havre a faim d’électrons, RTE promet d’être au rendez-vous

Le gestionnaire du réseau de transport d'électricité (RTE) va construire 55 kilomètres de nouvelles autoroutes électriques pour répondre à la demande exponentielle du complexe industrialo-portuaire havrais.
Le réseau grand trafic existant date d'une cinquantaine d'années et sera bientôt sous dimensionné.
Le réseau grand trafic existant date d'une cinquantaine d'années et sera bientôt sous dimensionné. (Crédits : RTE)

« Si tous les coups partent sur la zone havraise, la consommation d'électricité sera multipliée par quatre en 8 ou 9 ans. C'est énorme ! ». Edouard Philippe le martèle à chacune -ou presque- de ses interventions publiques dans son fief. Faute de nouvelles capacités électriques, la bascule vers l'économie décarbonée de la plaque industrialo-portuaire de l'estuaire de la Seine se fera avec un boulet au pied. L'ancien premier ministre s'en est encore alarmé dernièrement lors d'une visite à l'usine Renault de Sandouville aux côtés de Bruno Lemaire. « C'est l'un des trois facteurs limitants de la réindustrialisation avec la disponibilité du foncier et celle des talents », a expliqué en substance le maire du Havre.

Lire aussiÉlectricité : RTE prépare les esprits à la construction de nouvelles lignes à très haute tension en France

Message reçu 5 sur 5 par le gestionnaire du réseau à haute tension. RTE se prépare, en effet, à lancer la construction de deux nouvelles autoroutes électriques dans la basse vallée de Seine, aujourd'hui desservie par des lignes « à grand trafic » vieilles d'une cinquantaine d'années. Au terme de trois ans d'étude et de plusieurs semaines de concertation publique, le projet dit de « transition énergétique des boucles de la Seine » vient de franchir un jalon clé avec le choix du « tracé de moindre impact » par les préfets des deux départements traversés.

Il est désormais acquis que la première ligne de 400.000 volts reliera sur 30 kilomètres Rougemoutiers dans l'Eure et les usines de Port-Jérôme en Seine-Maritime en longeant la liaison existante. Quant à la seconde de 225.000 volts, moins sujette à oppositions, elle sera enterrée sur 25 kilomètres entre Port-Jérôme et la zone industrialo-portuaire du Havre.

Un réseau ancien et bientôt sous capacitaire

A la clef, un investissement important de 480 millions d'euros rendu indispensable par le déploiement à venir de nouveaux moyens de production sur la côte normande : les parcs éoliens offshore et les EPR de Penly. Mais aussi, en aval, par la poussée de l'électrification des usages. Laquelle est particulièrement sensible dans la zone industrielle du Havre Port-Jérôme comme le constate la déléguée de RTE pour l'Ile-de-France et la Normandie.

 « Trois phénomènes se cumulent, souligne-t-elle. Les changements de process chez les industriels en place, le verdissement de l'hydrogène et l'implantation prévue de nouveaux établissements dans le recyclage du plastique ou les e-carburants notamment ». Au reste, Nathalie Lemaître observe déjà une multiplication par quatre des demandes de raccordement. « Les études exploratoires menées avec Haropa montrent que la consommation devrait passer de 600 MW aujourd'hui à 2400 MW en 2030 », précise-t-elle.

RTE rassure

Pour la déléguée de RTE, cela ne fait pas l'ombre d'un doute. Le projet « boucles de Seine » est à même de répondre aux inquiétudes exprimées par le maire du Havre et par certains industriels puisqu'il portera à 3.000 MW la capacité du réseau haute tension en 2029. « Il faut rassurer, la dynamique est lancée. Nous serons au rendez-vous au bon rythme, au bon niveau et dans les délais », promet-elle.

L'enjeu est important pour la place havraise. La disponibilité électrique devient, en effet, un atout différenciant dans la concurrence que se livrent entre elles les grandes zones industrialo-portuaires françaises et européennes pour hameçonner les nouvelles activités décarbonées ou fixer celles qui pivotent.

Un peu partout, des projets de renforcement des réseaux sont lancés. En France,  la concertation publique pour la construction d'une nouvelle ligne de 400.000 volts autour de Fos-sur-mer s'est achevée. A Dunkerque, RTE va dépenser 270 millions d'euros pour construire deux lignes THT de 10 kilomètres chacune. Un peu plus au Nord autour du port d'Anvers, grand rival du Havre, les travaux ont débuté. Elia le gestionnaire belge du réseau haute tension remplace une liaison à grand trafic par une autre plus capacitaire. Le chantier sera terminé mi-2026. Trois ans avant celui des boucles de la Seine.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.