Nucléaire : la première mini-centrale française attendue à Marcoule

L’exécutif veut avancer sur la question des « small modular reactors », ces petits réacteurs dont la puissance ne dépasserait pas les 300 mégawatts.
Marine Godelier
Le site nucléaire de Marcoule (Gard).
Le site nucléaire de Marcoule (Gard). (Crédits : © SEBASTIEN NOGIER/REUTERS)

Selon nos informations, un troisième conseil de politique nucléaire (CPN) devrait se tenir en début de semaine. Il y a quelques jours, le secrétaire général de l'Élysée, Alexis Kohler, a convoqué plusieurs hauts fonctionnaires afin de préparer cette réunion à huis clos, initialement prévue début janvier et reportée pour cause de remaniement. L'objectif, selon une source ministérielle : prendre des « décisions structurantes » afin d'accompagner la relance de l'atome en France, actée par Emmanuel Macron il y a deux ans.

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Cette fois, il n'y sera pas seulement question des réacteurs « classiques », les fameux EPR (réacteurs pressurisés européens) que l'exécutif veut mettre sur pied le plus vite possible afin de prendre le relais du parc actuel, mais plutôt d'un modèle réduit, aux usages encore flous : les small modular reactors (SMR), de petits réacteurs nucléaires dont la puissance ne dépasserait pas les 300 mégawatts (MW) contre 1 500 MW pour les EPR. L'exécutif devrait en effet acter le choix du site de Marcoule, dans le Gard, pour accueillir le premier prototype de SMR français, Nuward, porté par EDF, le Commissariat à l'énergie atomique (CEA), TechnicAtome et Naval Group. De quoi donner de la visibilité à cette filière encore balbutiante, même si la « mini-centrale » en question ne devrait pas voir le jour avant 2030, au mieux.

Neutrons lents ou rapides ?

Ces derniers mois, le gouvernement n'a pas caché son intérêt pour les SMR. Près de 1 milliard d'euros de fonds publics ont ainsi été consacrés à leur développement, via le plan d'investissement France 2030. Y compris à destination d'acteurs moins « traditionnels » qu'EDF, puisque l'État a sélectionné six start-up du secteur en novembre pour se partager une partie de l'enveloppe. La plupart d'entre elles convoitent d'ailleurs également le site de Marcoule, parmi lesquelles Naarea, Newcleo ou encore Hexana. Et, en l'absence d'appel d'offres, digèrent mal la préférence accordée à Nuward (même si rien n'est encore officiel).

Près de 1 milliard d'euros de fonds publics ont été consacrés au développement de la filière

D'autant que ces jeunes pousses ont un argument de taille à faire valoir. Contrairement à Nuward, qui resterait un réacteur à eau pressurisé « classique » à l'instar des installations actuelles (EPR compris), leurs SMR fonctionneraient grâce à un procédé innovant : celui des « neutrons rapides ». Soit la même méthode que le projet de recherche Astrid, abandonné en 2019 par l'État, qui consistait à mettre au point un réacteur de ce type... sur le site de Marcoule, justement.

Le principe : utiliser des neutrons non ralentis par un modérateur (comme de l'eau, dans le cas Nuward), afin de maintenir le plus possible la réaction de fission en chaîne. Ce qui permettrait d'extraire 60 à 70 fois plus d'énergie à partir de la même quantité d'uranium naturel, et par là même exploiter le moins possible de matière première issue des mines. Autrement dit, de « fermer le cycle ».

Même si elle n'a jamais été déployée à grande échelle, cette solution n'est pas récente : dès le début des années 1970, Marcoule a également abrité le prototype de réacteur à neutrons rapides Phénix, mis à l'arrêt il y a quinze ans. Alors que l'État a choisi de tourner le dos à cette technologie (en raison de problèmes techniques et de freins économiques avec la chute du prix de l'uranium naturel et, surtout, d'une politique de recul progressif du nucléaire), certains acteurs de la filière plaident désormais pour son grand retour.

Et militent pour que celui-ci reprenne racine là où tout a commencé, à Marcoule. Qui reste d'ailleurs aujourd'hui encore le seul site du CEA consacré au nucléaire civil situé en bord de fleuve, avec 30 laboratoires et quelque 700 chercheurs spécialisés dans le cycle du combustible. Un terrain prêt à l'emploi, en somme.

Marine Godelier

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Commentaires 5
à écrit le 26/02/2024 à 23:08
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Nuward a une puissance installée de 170 MW mais est construit par paire, ce qui fait un total de 340 MW, et n'est donc plus très "small"....

à écrit le 25/02/2024 à 17:26
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bonjour', le besoin se nomme bateaux de croisiere

à écrit le 25/02/2024 à 13:39
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Les S MR sont une fausse bonne idée.

à écrit le 25/02/2024 à 11:56
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Comme l'a bien expliqué le député Raphaël Schellenberger, implanter le SMR Nuward à Marcoule n'a pas de sens.parce que il ne s'agit pas là d'une technologie innovante : même s'il est plus petit que les réacteurs que l'on connaît, Nuward se base sur ...

à écrit le 25/02/2024 à 10:53
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Coquille : "le Commissariat à l'énergie atomique (CEA)," devenu, depuis Mr Fillon premier ministre "le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), ".

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