La Ceinture Verte fait pousser des « fermes clé en main » autour des villes

Relocaliser la production de légumes bio à la périphérie des centres urbains, c’est l’ambition de La Ceinture Verte, jeune groupe coopératif qui fournit des fermes clés en main à des maraichers, avec le soutien de collectivités. De Rouen à Pau en passant par Valence et Poitiers, le modèle creuse son sillon. Explications.
Pour relocaliser 10% de la consommation de légumes frais autour de villes comme Pau ou Valence, ce sont 50 à 100 fermes qu'il faut créer, affirme le groupe coopératif
"Pour relocaliser 10% de la consommation de légumes frais autour de villes comme Pau ou Valence, ce sont 50 à 100 fermes qu'il faut créer", affirme le groupe coopératif (Crédits : DR)

Quatre ans et une quinzaine de maraîchers installés. La Ceinture Verte aurait-il trouvé la martingale qui permettra aux grandes villes de regagner un peu de leur souveraineté alimentaire ? C'est sans doute aller un peu vite en besogne mais le concept développé par ce jeune groupe coopératif ne manque pas d'intérêt. Créé en 2020 dans le Béarn par un trio d'entrepreneurs en quête de sens, il s'est donné pour ambition de réimplanter des fermes légumières bio à la périphérie des agglomérations. Objectif : stimuler l'offre de circuits courts dans les centres urbains.

Une approche standardisée

La recette que les fondateurs ont mise au point est originale. Le groupe (20 salariés) fonctionne en réalité à la manière d'un bureau d'étude et d'ingénierie. Il fournit des fermes clés en main à des maraîchers, non pas en propre, mais par le biais de coopératives territoriales d'intérêt collectif (des SCIC) qu'il anime. Lesdites sociétés sont co-créées et co-financées par des collectivités volontaires et des partenaires publics ou privés. Signe particulier, l'approche est standardisée que la ferme soit située dans le bocage normand ou dans le couloir rhodanien : « un facteur de passage à l'échelle », justifient ses dirigeants.

Concrètement, tous les maraîchers se voient dotés d'un terrain de plus ou moins deux hectares équipé de 1.500 m2 de serres, d'un système d'irrigation et d'un hangar d'exploitation avec chambre froide et station de lavage. Le tout moyennant le paiement d'un loyer progressif: de 350 euros au démarrage à 750 euros au terme de cinq ans. Obligatoirement sociétaires de la coopérative territoriale, ils sont accompagnés pendant trois ans par des tuteurs et des ingénieurs. A charge pour chaque SCIC de trouver les fonds nécessaires (emprunt ou aides publiques) et de dénicher les terrains puis les candidats à l'installation.

Bientôt onze coopératives

« Ce modèle permet aux maraîchers de dégager un chiffre d'affaires de 50.000 euros par an pour un salaire de 2.000 euros mensuels », chiffre Eric Ducoudray, directeur de la SCIC de Rouen. Celle-ci est la dernière à avoir vu le jour après celles de Pau, Valence, Limoges, Le Havre, Clermont-Ferrand et Paris-Est et avant celles de Caen, Poitiers et Amiens attendues dans les prochaines semaines. Notoirement déficitaire en fermes légumières, la Métropole rouennaise s'est engagée à injecter 100.000 euros au capital social de la coopérative pour « travailler à rendre viable des exploitations », expliquent ses services.

Deux premières fermes devraient sortir de terre dans les prochains mois à quelques kilomètres de Rouen sur un terrain appartenant à la collectivité. Mais l'objectif est nettement plus ambitieux. La coopérative table sur « une quinzaine ou une vingtaine » d'entités à horizon de cinq ans. Pas simple dans une région où les terres cultivables s'arrachent autour de 20.000 euros l'hectare. « Le foncier sera l'un des premiers défis », reconnaît d'ailleurs Eric Ducoudray. Un autre sera de perpétuer les exploitations dans un environnement de marché compliqué par l'inflation. Sur les 16 maraîchers installés par le groupe depuis quatre ans, un premier a jeté l'éponge et un autre rencontre des difficultés.

Un ratio qui reste cependant très inférieur à la norme. « Parmi les nouveaux titulaires du brevet professionnel de responsable d'exploitation agricole plus d'un tiers échouent à trouver des terres et la moitié abandonnent dans les cinq ans en raison de difficultés techniques ou économiques », rappelle la Métropole de Rouen dans son argumentaire. Comme une invitation à mettre ceinture (verte) et bretelles.

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Commentaires 4
à écrit le 24/05/2024 à 8:10
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Il faut enseigner la culture des plantes à l'école, il faut que les humains soient de plus en plus indépendants de l'obscurantisme agro-industriel qui nous tue. Ce n'est ni plus ni moins qu'une question de survie de l'humanité là.

à écrit le 23/05/2024 à 18:30
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Bah, avec tous les polluants atmo, je préfère laisser le soin aux autres de déguster la production locale... c'est bien connu, les polluants ne migrent pas vers la terre. Si encore c'était dans des fermes container il n'y aurait pas débat.

le 23/05/2024 à 19:43
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"Bah, avec tous les polluants atmo, je préfère laisser le soin aux autres de déguster la production locale... " Je ne suis pas convaincu qu'une production agricole périurbaine soit significativement plus sale qu'une production rurale abusant de ...

à écrit le 23/05/2024 à 18:30
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Bah, avec tous les polluants atmo, je préfère laisser le soin aux autres de déguster la production locale... c'est bien connu, les polluants ne migrent pas vers la terre. Si encore c'était dans des fermes container il n'y aurait pas débat.

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