Le real profite de l'engouement des cambistes pour les monnaies émergentes

Alors que l'envolée de la monnaie brésilienne menace les exportations du pays, les investisseurs continuent de profiter de taux d'intérêt avantageux.
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La décision, le 5 août, de Standard & Poor's de priver les États-Unis de leur triple A, a dû soulager le gouverneur de la banque central du Brésil, Alexandre Antonio Tombini. Car, depuis, les instances monétaires du pays ont obtenu ce qu'elles cherchaient depuis des mois : un recul du real face au dollar. En effet, le lundi qui a suivi la décision de l'agence de notation, la monnaie brésilienne s'est repliée de 3,19 %, à 1.62 real pour un dollar. Soit son plus fort repli depuis le 23 mai. « Dans un environnement d'aversion au risque, les investisseurs ont soldé leurs positions contribuant ainsi au fléchissement du real », souligne Marcelo Salomon, économiste en chef chez Barclays Capital. Pour lui, cette chute est, toutefois, ponctuelle compte tenu de la solidité de l'économie brésilienne.

Depuis décembre 2008, la monnaie brésilienne s'est appréciée de près de 40 % face au billet vert. Fin juillet, elle a même atteint un plus-haut depuis 1999, à 1,53 real pour un dollar. Mais cette envolée risque de nuire à la compétitivité des exportations brésiliennes, qui représentent près de 11 % du PIB du pays. « Un real fort n'est pas bon pour la compétitivité brésilienne, notamment si les autres monnaies émergentes restent sous-évaluées », explique Paul Terres, gérant chez DWS Investments. Pour l'instant, les mesures prises par le gouvernement de Dilma Roussef se sont révélées inefficaces. Ni les interventions de la banque centrale brésilienne, qui a investi 10 % de ses réserves en dollars au cours du premier semestre, soit 47 milliards de dollars, ni la taxe sur les transactions financières adoptée en octobre 2009, n'ont réussi à refroidir la monnaie brésilienne. « Tant que le real reste attractif, les investisseurs vont toujours trouver une manière de contourner les barrières », explique Sebastien Galy, stratégiste devises chez Société Générale.

La banque centrale du Brésil est par ailleurs confrontée à un dilemme. L'institution s'est vue contrainte d'augmenter son taux directeur à cinq reprises depuis le début de l'année, à 12,5 %, pour maîtriser l'inflation, qui a atteint 6,55 % en mai. Or, ce taux d'intérêt élevé est plutôt de nature à alimenter la hausse du real. « Malgré l'inflation, le rendement du marché à revenu fixe brésilien se situe autour de 5 % ou 5,5 %, et reste toujours attractif », souligne Paul Terres. Dans ce contexte, Marcelo Salomon vise entre 1,55 et 1,50 real pour un dollar dans les 3 à 6 prochains mois avec des pics probables à 1,65 real.

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