Recapitalisation des banques européennes : la bataille des chiffres

Contrairement au régulateur européen, la Commission souhaite actualiser l'exposition souveraine des établissements.
Copyright Reuters

L'Autorité bancaire européenne (EBA) n'est pas décidée à céder à la pression. Réunie jeudi à Londres, elle a précisé qu'elle n'actualisera pas les expositions des différents établissements bancaires au risque souverain et qu'elle n'envisage pas d'organiser de nouveaux stress tests. Elle a en revanche annoncé que la situation des fonds propres des banques du Vieux-continent était en cours de réévaluation afin de prendre en compte l'intensification de la crise de la dette.

Or, la Commission européenne qui, par la voix de son président José Manuel Barroso, a renouvelé le même jour son appel à un renforcement des fonds propres des banques coordonné, prône une mise à jour des différentes expositions. « Nous devons réévaluer les actifs, particulièrement la dette souveraine, et promouvoir la recapitalisation pour s'assurer de la viabilité des banques », a ainsi déclaré le commissaire européen à la concurrence Joaquin Almunia.

Même si le principal lobby bancaire, l'Institut de la finance internationale (IFI), n'en démord pour l'instant pas, le plan du 21 juillet qui prévoyait une décote de 21 % des obligations hellènes détenues par les banques, paraît donc de plus en plus obsolète sur ce point.

La plupart des scénarios envisage désormais une décote plus importante et sur davantage de titres. Une étude récente d'Alpha Value considère ainsi une dépréciation de 50 % des obligations grecques. Mais, tablant sur un éventuel effet de contagion aux autres pays de la zone euro, elle applique également une décote de 25 % sur la dette irlandaise et portugaise et de 10 % sur les titres espagnols et italiens. Dans ces conditions, Alpha Value estime à 44 milliards d'euros le besoin de recapitalisation des 39 principales banques cotées du continent (lire tableau ci-dessus). Patrick Artus, directeur de la recherche de Natixis, précise quant à lui que même dans le cas improbable d'une décote brutale de 50 % sur toutes les dettes souveraines des PIIGS (Portugal, Italie, Irlande, Grèce, Espagne), le besoin de recapitalisation pour les seules banques françaises ne serait que de 25 milliards d'euros.

Pour s'approcher du montant de 100 à 200 milliards d'euros de besoin de capitaux global des banques européennes évoqué par le FMI, Alpha Value estime qu'il faut ajouter 44 milliards d'euros issus des dépréciations, 33 milliards au titre des nouvelles normes Bâle III et 93 milliards en raison du ralentissement économique et de l'augmentation du coût du risque, soit un total de 144 milliards d'euros.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.