Qui peut encore sauver les banques ?

Par Philippe Mabille, directeur adjoint de la rédaction .
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Comment arrêter la curée ? Faute de réponses de la part des politiques européens sur les moyens de sortir de la crise de la zone euro, les marchés ont pris pour cible les banques, et en particulier les banques françaises : après la nouvelle débâcle d'hier, BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Généraleont vu s'évanouir 60 milliards d'euros de capitalisation : si ceci n'est pas un krach bancaire... ! Jugée plus fragile que ses deux concurrentes, la banque présidée par Frédéric Oudéa subit les attaques les plus virulentes, sanctionnant sans doute son incapacité, depuis l'affaire Kerviel, à redonner confiance dans son modèle économique de banque universelle indépendante. Intervenue dans un climat de panique irrationnelle, la communication de la banque ce lundi matin, assortie d'un plan d'économies, n'a pas eu d'effet immédiat sur les investisseurs. Injuste ? Probablement. Après la nouvelle déroute d'hier, l'action Société Généralecute; Générale vaut moins du tiers de sa valeur nette comptable Et si l'on se base sur les actifs nets par action publiés au 30 juin, la décote du cours de BNP Paribas dépasse les 50%... Une telle suréaction des marchés ne peut s'expliquer que par une grave crise de confiance qui dépasse les banques elles-mêmes. Et plus le temps passe, plus septembre 2011 ressemble au funeste mois de septembre 2008. Pas de panique, nous assurent cependant les banques centrales, aucun « Lehman Brothers » n'est à craindre en Europe. A cela, plusieurs raisons. Même si la Grèce était rayée de la carte, ce serait un problème microscopique, même pour les banques les plus exposées : il n'y a donc pas de souci côté fonds propres, au risque près d'une contagion à l'Italie et l'Espagne... Côté liquidités, la Banque centrale européenne affirme disposer d'une capacité d'intervention «illimitée», les banques ayant plus de 5.000 milliards d'euros de créances mobilisables. Alors, où est le problème, sinon du côté des politiques? A force de tergiverser, de souffler sur les braises en évoquant ce week-end des scénarios de sortie de l'euro pour forcer Athènes à accélérer sa marche vers la rigueur, l'Allemagne est en train de transformer ce qui était un petit problème au départ (la Grèce pèse moins de 3% du PIB de l'eurozone) en un très, très gros danger. Danger qui menace, via l'affaiblissement des banques, l'ensemble des économies européennes et pourrait bientôt devenir incontrôlable. Il est donc plus que temps d'arrêter les frais : tant que les politiques ne feront pas leur boulot, comme les y a invités fermement Jean-Claude Trichet, la communication des banques restera inaudible. Heureusement, personne ne veut vraiment d'un krach bancaire en Europe. Pour preuve, Angela Merkel a assuré hier que le processus parlementaire d'approbation du Fonds européen de stabilité financière sera bouclé à la fin du mois. Le FESF pourra dés lors enfin prendre le relais de la BCE pour acheter la dette des pays en difficulté... en attendant les eurobonds.

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