"Ce dont ont besoin les acteurs de l'économie verte c'est de visibilité"

La conférence de l'ONU sur le réchauffement climatique s'est ouverte lundi à Durban, en Afrique du Sud. Tour d'horizon sur la question avec Jean-François Descaves, président de La Financière de Champlain.
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Quels sont les enjeux du Sommet de Durban qui se déroule en ce moment même ?


Les enjeux sont importants à la fois au niveau environnemental et économique. Les dernières études de l'AIE et du GIEC montrent que le réchauffement ne pourra être contenu au dessous de 2° mais plutôt entre 3° et 6° ce qui entrainera des conséquences irréversibles pour les éco systèmes. Sur les années 2010 et 2011 on observe déjà une accélération anormale du rythme d'extinction des espèces et ces impacts ne tarderont pas à affecter les populations. C'est pourquoi le financement du fonds vert destiné à mettre en place des politiques d'adaptation dans les pays du Sud est un enjeu majeur de ce Sommet, une occasion pour la finance de faire preuve de créativité et de responsabilité...Mais l'enjeu est également économique : on voit bien que nos politiques peinent à trouver des solutions de long terme pour relancer la croissance. Or la croissance verte, constitue un moteur de croissance durable à condition que les pays affichent officiellement, comme l'Allemagne, leur détermination à s'engager dans la transition énergétique !
 

Quels impacts potentiels pour l'économie verte ?
 

Ce dont ont besoin les acteurs de l'économie verte c'est de visibilité. Les surcapacités qui expliquent la descente aux enfers du secteur solaire seraient relativisées par les marchés si la Chine par exemple acceptait de s'engager sur des objectifs contraignants en matière de réduction des émissions. C'est tout le pari de l'Europe au Sommet de Durban : tenter de convaincre les plus gros contributeurs aux émissions de CO2 (Chine et US représentent plus de 40%) de s'engager à rentrer dans le protocole de Kyoto à l'horizon 2015. Le pari n'est pas gagné mais alors que les enjeux électoraux prévalent aux Etats-Unis, la Chine est de plus en plus préoccupée par les conséquences sociales de la dégradation de son environnement. L'Inde vient d'annoncer un plan d'investissement de 7 Md de dollars dans les énergies renouvelables mais refuse toute entrave à sa souveraineté nationale. A défaut d'engagements contraignants, le Sommet de Durban pourrait conduire les états à préciser la nature de leurs engagements volontaires. Un facteur qui viendrait s'ajouter aux signaux positifs que nous observons sur le marché du solaire notamment : ralentissement de la baisse des prix de vente des panneaux solaires (les marges des acteurs chinois sont sous-pression) et baisse du prix du silicium qui diminue les prix de revient. Un signal clair de la part des états, pourrait permettre d'éviter l'enlisement et la multiplication des faillites même si elles profiteront, à terme, aux acteurs les plus solides du marché.


En attendant meilleure fortune pour les énergies renouvelables, y a -t-il d'autres thématiques intéressantes à jouer en bourse dans l'environnement en ce moment ?
 

Les infrastructures sont directement liées à la question du réchauffement climatique. L'augmentation d'un tiers de la demande énergétique à l'horizon 2035 selon l'AIE va nécessiter de lourds investissements en infrastructures électriques et également pour relier les énergies renouvelables au réseau. L'Allemagne prévoit par exemple 150 Md d'euros d'investissements dans ce domaine. Les pays émergents eux, vont brûler les étapes en associant construction de nouvelles infrastructures et efficience énergétique (smart grids) afin de diminuer l'intensité énergétique de leur croissance. Des sociétés comme Prysmian, le grand spécialiste des câbles sous-marins pour les éoliennes off shore, et Schneider qui réalise plus de 50% de son CA dans l'efficience devraient en profiter. Autre secteur impactant fortement les émissions de CO2 : le transport. C'est pourquoi nous misons fortement sur le développement du rail, moins polluant, au travers de sociétés comme Faiveley en France et CAF en Espagne. Ces sociétés industrielles ont été entraînées dans le sillage de la baisse des valeurs cycliques malgré leur solidité financière et une bonne visibilité. Elles devraient donc être parmi les premières à profiter du rebond attendu lorsque les incertitudes macro-économiques auront été levées... provisoirement. !

 

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