Écrans : Bradley Cooper dans la peau de Leonard Bernstein

Après « A Star Is Born », Bradley Cooper est de retour derrière et devant la caméra avec « Maestro », biopic sur Leonard Bernstein.
Bradley Cooper dans le rôle de Leonard Bernstein.
Bradley Cooper dans le rôle de Leonard Bernstein. (Crédits : © Jason McDonald/Netflix)

Son empreinte est aussi bien gravée dans nos mémoires que sur les disques estampillés de la glorieuse étiquette jaune Deutsche Grammophon. Illustre pianiste, compositeur, enseignant, chef d'orchestre : Leonard Bernstein est une légende du XXe siècle dont les œuvres continuent de bercer et d'influencer le paysage musical mondial. Ce monument, Bradley Cooper relève le pari de s'y attaquer, en lui consacrant un biopic sur Netflix en cette fin d'année. Il y tient le rôle-titre tout en signant la réalisation, le scénario et la coproduction aux côtés de Steven Spielberg et Martin Scorsese, entre autres. Un film d'une virtuosité et d'une maîtrise folles dans lequel les talents du cinéaste se mesurent à ceux de son sujet.

Célèbre pour avoir donné naissance à la partition de West Side Story, c'est en 1943 que Bernstein commence à écrire celle de sa carrière, lorsqu'il est appelé pour remplacer au pied levé Bruno Walter à l'Orchestre philharmonique de New York. C'est aussi par cet épisode que démarre Maestro. Après une brève vision en couleur d'un Bradley Cooper méconnaissable sous les traits du compositeur à l'hiver de son existence - l'oscarisé Kazu Hiro a dû créer cinq prothèses afin de le représenter aux différents âges de Leonard Bernstein -, l'image passe au noir et blanc pour s'attaquer à ce fameux coup de téléphone providentiel. Le jeune Lenny bondit alors du lit qu'il partage avec une conquête masculine pour se retrouver devant pupitre et musiciens. Applaudissements, flashs des photographes et félicitations des journalistes : le triomphe est instantané.

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Sa clé de sol, son épouse

Ces premiers instants effrénés donnent le la à un long-métrage nous emportant dans un tourbillon de mouvements, de dialogues et de musique et s'autorisant les ruptures de format, de ton et de code dans sa mise en scène. Passé le chapitre de la naissance de l'artiste, la caméra - décidément habile, habitée et inspirée - du réalisateur s'invite à une soirée chez la sœur du musicien. Assis à son piano, celui-ci le quitte dès qu'il aperçoit Felicia Montealegre, pour qui le coup de foudre est immédiat. Le sien comme le nôtre, puisque la star du Broadway des années 1940-1950 est campée par une Carey Mulligan qui irradie la pièce, l'écran et tout le film par le brio de son jeu entre force, élégance et souffrance couvée.

Dès lors, c'est à travers le duo « Lenny et Felicia » que se reflète le récit de l'homme. Car la clé de sol de Leonard Bernstein, celle qui détermine sa place dans le monde et lui offre toute sa portée dans l'art, c'est son épouse. Au fait de la bisexualité de son mari, Felicia Montealegre l'accepte tout au long des vingt-cinq années de ce mariage si singulier. Exception faite lorsqu'un amant semble l'éclipser aux yeux de son homme. Un délitement que le long-métrage exploite dans des discussions conjugales qui frappent par leur justesse.

Si c'est par le prisme du couple que Bradley Cooper a fait le choix de nous brosser le portrait de Léonard Bernstein, il n'en oublie pas pour autant sa musique. Adoubé par Jamie, Nina et Alex, les trois enfants Bernstein à qui il dédie son film, le réalisateur s'est vu offrir par ces gardiens de l'héritage familial, en plus de l'accès à leur maison d'enfance pour y tourner des séquences, le droit d'utiliser le monumental répertoire du musicien. Ce sont donc ses œuvres qui composent l'intégralité de la bande originale, nous permettant de découvrir des morceaux plus confidentiels, d'en redécouvrir certains au détour de scènes qui les éloignent de leur contexte d'origine, racontant ainsi le génie par le biais de ses créations. Un composant essentiel, qui prend toute son ampleur dans ce qui sonne comme l'apothéose du film : la reconstitution du légendaire concert donné par Leonard Bernstein à la cathédrale d'Ely, en 1973. Longue de plus de six minutes et tournée en plan-séquence sous l'œil du chef d'orchestre et conseiller Yannick Nézet-Séguin, la scène a nécessité six ans de travail au cinéaste et acteur. De ce morceau de bravoure naît un moment de cinéma grandiose, à l'image de Maestro dont l'élan créatif souligne à bien des égards le talent de Bradley Cooper, homme-orchestre sur lequel le grand écran peut et doit compter.

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