Les Georget, une family circus pas comme les autres

En Touraine, tout le monde connaît ce clan de circassiens qui ne propose qu’un seul spectacle par an : celui de Noël.
Olga, 16 ans, durant son numéro d’anneaux.
Olga, 16 ans, durant son numéro d’anneaux. (Crédits : Sebastien Pons pour la Tribune Dimanche)

"La créature sous vos yeux est une antipodiste, une espèce très rare ; savez-vous ce que c'est ?" demande Hervé Georget, facétieux patron du cirque Georget, en croisant une femme costumée, gilet de velours noir, faux cils et arabesque au crayon noir sur la joue gauche. L'antipodiste a un nom : Germaine Delbosq Santus. Cette Franco-Britannique de 46 ans, dixième génération de circassiens par sa mère et neuvième par son père, excelle dans un art de jongler un peu oublié. Tap, tap, tap, tap. Le son est régulier, maîtrisé. Allongée sur la selle d'une Harley-Davidson, jambes tendues vers le ciel, elle fait tourner une croix enflammée... avec la plante de ses pieds. Dans le public, effet garanti !

En plus de cette antipodiste, le cirque Georget a recruté jongleurs, équilibristes, clowns et autres gais lurons venus du Kazakhstan, de République tchèque et d'Argentine. Tous vivent le temps d'une saison dans le petit village de Luynes - 5 000 habitants -, aux portes de Tours. Ici, en Touraine, tout le monde connaît les Georget. Pourtant, cet établissement ne produit qu'un spectacle par an, celui de Noël, dont on fête le 20e anniversaire. La famille Georget - composée de 12 membres actifs dans la vie du cirque - passe des mois à repérer les artistes invités. « Un numéro de cirque n'est pas une discipline des Jeux olympiques ; l'idée n'est pas que de chercher l'exploit mais aussi de solliciter tous les sens, le rire, les émotions », détaille Hervé Georget. Il joue gros avec cet événement, 35 à 40 % de son chiffre d'affaires. Pour cette famille, Noël est une période stressante, harassante en raison des répétitions et du nombre de représentations (46 en un mois). « On ne peut pas louper Noël », assure-t-il.

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Jusqu'à début janvier, près de 30 000 spectateurs, comités d'entreprise et individuels, vont défiler sous le grand chapiteau bleu et blanc. Le reste de l'année, l'entreprise oscille entre business et transmission. Le week-end, le cirque mise sur l'événementiel et la privatisation de sa salle ; la semaine, le chapiteau accueille 250 bambins et adultes au sein d'une école où l'on enseigne l'art du trapèze ou celui du tissu aérien.

Le premier cirque pédagogique

Ce cirque familial pas comme les autres, Hervé et son frère Nicolas le doivent à leurs parents, Joël et Hélène Georget. Dans les années 1970, leur père, menuisier, et leur mère, couturière, plaquent tout sur un coup de tête pour intégrer la troupe d'Alexis Gruss et Roger Lanzac, de passage à Tours. La famille décide ensuite de monter son propre établissement et invente le premier cirque pédagogique, organisé en milieu scolaire. « Mon père a voulu créer l'équivalent en cirque des classes vertes et des classes de neige », raconte Hervé. La troupe s'installe à la semaine dans une école pour produire un spectacle avec les enfants. « On a touché presque tous les écoliers de la région », se réjouit-il. Des deux frères, c'est Hervé qui a choisi de continuer dans cette voie. Mais à l'issue des confinements successifs, il ne remet pas en marche ses camions immobilisés depuis deux ans - trop cher. Le circassien nomade rejoint son frère sédentaire, installé à Luynes où il a monté une école de cirque. « Ce n'est pas facile mais on arrive encore à vivre d'un métier qu'on aime, et ça c'est un luxe ! »

Leur public, extrêmement fidèle, les suit d'année en année. « Ils viennent maintenant découvrir la troisième génération de Georget qui grandit sous leurs yeux, s'enthousiasme Hervé. Désormais le rêve et la magie sont entre les mains des enfants. » Deux des petits - Evan, 15 ans, et Olga, 16 ans - font partie du spectacle ; un troisième, Hans, 11 ans, coordonne lumières et musiques, quand il ne vend pas du pop-corn à l'entracte. Mais ils ne sont pas comme leurs parents et envisagent plutôt leur avenir hors de la piste...

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