Le salut des artistes viendra-t-il des petites salles de spectacles ?

La richesse culturelle de la France vibre aussi au travers des multiples indépendants, cinémas ou petites salles privées de spectacles vivants. Suite au couvre-feu mis en place dans plusieurs régions, le gouvernement a convoqué les acteurs de la culture jeudi dernier. Les petites salles étaient présentes.
(Crédits : Darcy Comédie)

« Pour ne pas que le secteur culturel s'effondre, le gouvernement a décidé de prendre des mesures spécifiques : 85 millions d'euros d'aides pour le spectacle vivant », déclarait la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, jeudi dernier. Quand et comment sera déployé ce plan ? Telle est la question que se pose Loïc Bonnet, à la tête de l'association TPR créée pendant le confinement, regroupant plus de 80 théâtres privés en régions. Ne « rentrant pas dans les cases » pour les aides, ce chef d'entreprise a constaté que sa profession, à la différence des restaurateurs ou des exploitants de salles de cinéma, était méconnue, voire ignorée des pouvoirs publics. D'où l'idée de faire « front commun » avec les dizaines d'autres théâtres privés de France, hors Paris. Le fondateur du théâtre à L'Ouest de Rouen a su se faire entendre car il était présent jeudi dernier auprès du gouvernement et se dit satisfait du montant alloué au secteur et des autres mesures annoncées. À savoir : pour le spectacle vivant musical, le fonds de sauvegarde et de compensation sera doté de 55 millions d'euros supplémentaires. Le gouvernement proposera aussi au Parlement de prolonger l'exonération de taxe sur les spectacles au premier semestre 2021 pour alléger les charges entreprises du secteur. Enfin, un fonds d'urgence spécifique et temporaire de solidarité pour les artistes et techniciens du spectacle sera doté de 10 millions d'euros.

Grâce à la création de l'association TPR, plusieurs petites salles ont pu déjà toucher des aides de la région par exemple, comme celle du Darcy Comédie à Dijon. « Compte tenu de la situation, le salut des artistes viendra peut-être de nos petites salles qui peuvent continuer à programmer car elles ont des petites capacités et sont plus agiles. Contrairement aux Zénith qui nécessitent des moyens économiques importants », constate Carlos Goncalves, fondateur du Darcy Comédie. « Pour les artistes habitués à tourner dans des grandes salles, cette situation est compliquée car les habitudes sont très ancrées dans les productions mais le système devra changer. Pour certains, ce sera un retour aux sources », remarque Loïc Bonnet. Dans les petites salles, les réactions sont immédiates. « Faire rire dans une petite salle est beaucoup plus difficile que dans un Zénith où il y a l'effet de masse », poursuit-il.

Christian Legal : un artiste dijonnais qui retourne aux sources

À en croire l'ambiance de ce 17 octobre dernier au Darcy Comédie, Christian Legal a sans nul doute le talent d'imitateur avec l'art de mettre en scène des personnalités dans des situations improbables. Ce qui provoque l'hilarité (imaginez Lucchini chez les Anges de la téléréalité...) L'humoriste a également démontré son talent de performeur vocal dans ce spectacle - qui apparait comme celui de la maturité - avec plus de 40% de chansons parodiées. « Le 11 mars dernier, j'ai fait la première et la dernière représentation de mon spectacle - Christian Legal se l'imite #auxdégatsdeslieux - au théâtre du Gymnase à Paris... Un record ! », ironise Christian Legal. Un rire jaune pour cet artiste dijonnais qui était programmé tous les mercredis au théâtre du Gymnase à Paris durant trois mois. Ce dernier a continué à communiquer via les réseaux sociaux pendant le confinement. Mais, « lorsqu'on lance dans un nouveau spectacle, il faut le faire vivre », souligne l'humoriste. C'est pourquoi en retournant sur ses terres natales, il a poussé la porte du Darcy Comédie, à Dijon. La petite salle privée qui accueille environ 200 places, en temps normal, devait fêter ses un an au lendemain du confinement. Un véritable choc pour Carlos Goncalves, le fondateur. Le chef d'entreprise a changé régulièrement de programmation en l'espace de six mois. Un challenge pour s'adapter aux annulations, reports, contraintes sanitaires et désormais couvre-feu. « La rentrée a été sauvée grâce au festival Rires et Vins au féminin qui a très bien fonctionné », confie-t-il. Lorsque Christian Legal lui a proposé trois dates de spectacles, dont la première offerte pour les donateurs qui avaient soutenu financièrement le théâtre pendant le confinement, ce dernier n'a pas hésité. Un contrat gagnant-gagnant puisque le public était au rendez-vous avec presque 80 personnes présentes chaque soir.

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Commentaire 1
à écrit le 28/10/2020 à 11:03
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C'est même la que se trouve le véritable vivier de l'art français, les gros n'étant plus devenus que de vulgaires rentiers chaque jour moins talentueux.

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