Face à la crise, le PS et la droite rivalisent dans la rigueur

François Fillon annoncera ce mercredi des mesures de redressement des finances publiques. François Hollande préconise d'aller plus loin dans la baisse du déficit en 2012.
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Alors que François Fillon annoncera ce mercredi des mesures de redressement des finances publiques, dont le montant global avoisinerait les 3 à 4 milliards d'euros en 2011, avant d'atteindre les 10 milliards en 2012, la question de la crise et du budget de la France agite le Parti socialiste. Annonces gouvernementales obligent, les candidats à la primaire ont précipité leur rentrée, à la veille de l'université d'été du PS, qui se tiendra ce week-end à La Rochelle.

Pour combattre l'austérité à la mode Fillon ? Non pas. Ils en rajoutent plutôt dans l'affichage d'une volonté de rigueur. Dans une interview à « Libération », Manuel Valls préconise ainsi d'affecter à la baisse du déficit la totalité des recettes nouvelles qu'un gouvernement socialiste dégagerait après 2012 (50 milliards d'euros, prévoit le projet du PS) grâce à la remise en cause des « cadeaux » de Nicolas Sarkozy et une réforme fiscale. Le projet socialiste prévoit, lui, de réserver la moitié seulement de ces recettes au désendettement.

François Hollande, qui tiendra ce mercredi midi une conférence de presse, refuse certes cette « surenchère dans l'austérité » à laquelle se livre Manuel Valls, comme le déclare l'un de ses soutiens, le secrétaire national du PS à l'Économie, Michel Sapin, dans une interview à « La Tribune » (cf. ci-contre). Mais l'ancien premier secrétaire du PS se veut plus rigoureux que Nicolas Sarkozy : il va préconiser d'aller plus vite dans la baisse du déficit en 2012, comme l'explique Sapin. Il souligne que la baisse du déficit est la condition de la croissance, un raisonnement plutôt nouveau dans la bouche d'un socialiste : ils sont d'ordinaire plus proches des positions keynésiennes, selon lesquelles l'accroissement du déficit peut favoriser la croissance. Bref, c'est à qui donnera le plus de gages de rigueur.

En face, à droite, le gouvernement sait les risques qu'il prend à présenter un nouveau budget de rigueur mis en oeuvre en pleine année électorale. Pas question, évidemment, d'obérer le pouvoir d'achat des salariés une année d'élection présidentielle. Ainsi, l'exécutif pourrait certes revenir sur les exonérations de charges attachées aux heures supplémentaires, la dernière mesure de la loi Tepa restée encore intacte. Mais pas question de remettre en cause les allégements de charges dont bénéficient les salariés réalisant des heures sup. Ce sont les entreprises qui paieront plus de cotisations. Formellement, le dispositif Tepa - pas de cotisations à la charge des salariés sur les heures sup ni d'impôt sur le revenu - ne sera donc pas touché (voir ci-dessous). C'est ainsi que Bernard Thibault a pu se féliciter de constater que « les salariés ne sont pas ciblés » par les mesures évoquées par François Fillon auprès des leaders syndicaux.

Qui paiera, alors ? Les riches aux revenus « exorbitants », selon l'expression de Valérie Pécresse, ministre du Budget. Mais cette contribution, probablement exceptionnelle, ne représentera qu'une toute petite partie des 10 milliards d'euros évoqués. Ce sont donc, surtout, les entreprises qui seront mises à contribution. À travers une série de mesures, remettant en cause leurs niches fiscales. Là aussi, le gouvernement marche sur des oeufs, voulant éviter de mettre trop les PME à contribution. Une distinction est faite entre les grandes entreprises, que le gouvernement n'hésite pas à taxer plus, et les petites. Taxer sans obérer leur compétitivité. Un équilibre délicat à trouver.

 

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