Trump absent au sommet climat, pas les Etats-Unis

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(Crédits : Philippe Wojazer)

ILE SEGUIN, Hauts-de-Seine (Reuters) - Donald Trump n'était pas présent au sommet sur le climat organisé mardi près de Paris, ce qui n'a pas empêché les Etats-Unis de faire entendre leur voix, par le biais de la société civile et des pouvoirs publics locaux.

"Nous ne pouvons pas attendre que la Maison blanche se réveille", a tonné le gouverneur de Californie, Jerry Brown, à la tribune de ce sommet baptisé One planet summit, auquel ont été conviés plusieurs dizaines de dirigeants de la planète.

"Nous, en Amérique, nous agissons au niveau local, au niveau municipal, au niveau des Etats, des entreprises, des universités, de la société civile", a-t-il ajouté dans son plaidoyer, durant lequel il a insisté sur les effets dévastateurs du dérèglement climatique dans sa région, en proie aux sécheresses et aux feux de forêt.

Pour le gouverneur démocrate, "le temps est compté et nous ne pouvons pas attendre que tous les dirigeants nationaux se mettent d'accord".

La tenue de ce "sommet d'étape", destiné à trouver des fonds pour lutter plus efficacement contre le réchauffement, est une réponse directe à la décision de Donald Trump, le 1er juin dernier, de renoncer à l'accord de Paris sur le climat.

Le président aux convictions climatosceptiques n'a pas reçu de carton d'invitation des organisateurs - la France, l'Onu et la Banque mondiale. L'Elysée a expliqué début novembre que les Etats-Unis, du fait de leur "position particulière", ne seraient représentés qu'au niveau de l'ambassadeur à Paris.

"FORMIDABLE POUVOIR"

Dans une interview à la chaîne américaine CBS diffusée dans la nuit de lundi à mardi, Emmanuel Macron a estimé que la décision du président américain avait été extrêmement "agressive" et que la proposition de Donald Trump de renégocier l'accord n'était pas une option.

Aux Etats-Unis, des initiatives ont été lancées au niveau local et régional afin de compenser le désengagement annoncé des Etats-Unis, l'un des plus gros pollueurs de la planète.

"Notre coalition (America's pledge-NDLR) représente désormais plus de la moitié de l'économie américaine", a souligné l'ancien maire de New York, Michael Bloomberg, lors d'une table ronde. "Si nous étions un pays, ce serait la troisième économie mondiale".

"Ensemble nous allons remplir l'objectif que le pays s'est fixé dans le cadre des accords de Paris en réduisant d'au moins 26% ses émissions et Washington ne peut rien faire pour nous y empêcher", a-t-il ajouté.

Même optimisme chez l'ancien secrétaire d'Etat démocrate John Kerry.

Malgré la décision "dénuée de bon sens" de Donald Trump, "nous avançons", a-t-il dit à des journalistes en marge du sommet. "Je pense que le secteur privé a décidé de ne pas rester en retrait du gigantesque marché" que constituent les énergies renouvelables.

A l'heure actuelle, 38 des 50 Etats américains se sont engagés en faveur des énergies renouvelables, ce qui représente 80% de la population américaine, a-t-il souligné.

Pour l'ancien gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger, la mobilisation viendra avant tout des citoyens.

"Vous avez un formidable pouvoir", a-t-il dit à des jeunes réunis en marge du sommet. "Parce que souvenez-vous d'une chose : aucun des grands mouvements dans le monde n'est venu d'une capitale, d'en haut", que ce soit le mouvement pour les droit des femmes ou celui des droits civiques.

(Marine Pennetier et Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)