Ghosn va définir son rôle avec les conseils de Renault et Nissan

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(Crédits : Steve Marcus)

par Gilles Guillaume

PARIS (Reuters) - Renault-Nissan va poursuivre l'évolution de sa gouvernance avec une plus grande séparation entre les fonctions stratégiques et opérationnelles, le futur rôle de Carlos Ghosn dans l'alliance restant à définir avec les actionnaires.

Le PDG de Renault et de l'alliance formée par Renault, Nissan et Mitsubishi a déjà abandonné l'an dernier la direction opérationnelle de Nissan à un numéro 2 et s'est contenté de la présidence de Mitsubishi lors de la prise de contrôle de ce dernier.

Selon des sources, il devrait faire de même à l'échelle de Renault, où son mandat de PDG arrivera à échéance en juin prochain.

Le quotidien Les Echos rapportait en décembre que le processus de sélection d'un successeur opérationnel à Carlos Ghosn avait été enclenché. Celui-ci pourrait être désigné lors du conseil d'administration du 15 février, à temps pour que les actionnaires puissent se prononcer lors de la prochaine assemblée générale du groupe Renault, le 15 juin, dont les résolutions doivent être publiées en avril.

"En matière de gouvernance, vous allez voir des évolutions qui vont dans le sens de : des responsabilités de Renault, des responsabilités de Nissan, des responsabilités de Mitsubishi et des responsabilités de l'alliance séparées", a déclaré mercredi Carlos Ghosn lors d'une audition devant les commissions des Finances et des Affaires économiques de l'Assemblée nationale.

L'idée, a-t-il ajouté, est d'éviter qu'une seule personne s'occupe de la gestion opérationnelle des trois partenaires de l'alliance en même temps que de la stratégie de l'ensemble.

"Historiquement, on a été obligés de passer par là pour créer l'alliance, mais je ne pense pas que ça perdure", a-t-il estimé.

L'alliance est devenue pour la première fois en 2017 le premier groupe automobile mondial avec plus de 10,6 millions de véhicules vendus, a-t-il ajouté, détrônant Volkswagen avec 10,54 millions d'unités hors camions.

Toyota, qui doit publier ses chiffres le 30 janvier, devrait venir en troisième position avec 10,35 millions d'unités estimées.

METTRE EN PRATIQUE LE PLAN "ALLIANCE 2022"

Le rôle futur de Carlos Ghosn au sein de l'alliance reste à définir avec les conseils d'administration de Renault et de Nissan notamment, a poursuivi le PDG de 63 ans.

"Est-ce qu'il y a une feuille de route à laquelle je peux contribuer ou pas, et avec laquelle je suis d'accord ?", a-t-il dit aux parlementaires.

"Si on est d'accord sur une feuille de route, et d'accord pour dire que je peux contribuer de manière privilégiée à cette feuille de route, on continue. S'il n'y a pas d'accord (...), on arrête."

Ce nouveau rôle envisagé pour les quatre prochaines années, la durée d'un mandat, consisterait à mettre en oeuvre le plan stratégique "Alliance 2022".

"L'alliance a annoncé sa stratégie pour les six prochaines années, Renault (a fait de même), maintenant il y a une feuille de route des conditions de mise en pratique de cette stratégie pour obtenir des résultats", a poursuivi Carlos Ghosn.

"Ce sera une discussion avec le conseil (...) et le conseil est censé représenter les actionnaires."

Les principaux actionnaires du groupe Renault sont l'Etat français puis Nissan, lui-même détenu à 43,4% par Renault.

Interrogé à l'assemblée sur le rôle futur de l'Etat dans le groupe, Carlos Ghosn a répondu que cette présence au capital était une décision qui revenait à l'Etat seul.

"Si l'Etat souhaite rester dans Renault à 15%, c'est un fait, si l'Etat souhaite changer, c'est sa décision", a-t-il dit. "(Le niveau actuel de) 15%, il est ce qu'il est."

Mais Carlos Ghosn a également estimé que l'Etat n'avait pas forcément besoin d'être actionnaire d'une entreprise pour faire entendre ses priorités, à savoir l'emploi et l'activité.

"Je me félicite que nous ayons un actionnaire de long terme (...) il est là, il est stable, il est présent", a-t-il déclaré. "Ceci étant dit, est-ce que c'est indispensable au fonctionnement de l'entreprise ? L'entreprise ne choisit pas ses actionnaires, elle a les actionnaires qu'elle a et elle fait avec."

(Edité par Dominique Rodriguez)