Hommage national pour le gendarme Beltrame, victime des attaques de l'Aude

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Les hommages a beltrame se multiplient[reuters.com]
(Crédits : Regis Duvignau)

PARIS (Reuters) - La France rendra un hommage national au lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, l'officier de gendarmerie qui a succombé à ses blessures samedi après avoir pris la place d'une otage lors de l'attaque d'un supermarché de Trèbes (Aude) par un individu radicalisé.

L'annonce en a été faite par l'Elysée dans un communiqué à l'issue d'un conseil restreint de défense convoqué par Emmanuel Macron au lendemain de cette attaque.

"Le président de la République a décidé qu'un hommage national serait organisé en l'honneur du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, qui a fait le don de sa vie pour protéger nos concitoyens", a indiqué la présidence.

Avec ce décès, le bilan des attaques commises à Carcassonne et Trèbes par un Français d'origine marocaine se présentant comme "un soldat de l'Etat islamique" s'est alourdi à quatre morts et 15 blessés.

L'assaillant, âgé de 25 ans, a été abattu lors de l'assaut donné par le GIGN dans le supermarché où il s'était retranché, alors qu'il venait d'ouvrir le feu sur le lieutenant-colonel Beltrame qui s'était substitué à une otage à l'issue d'une négociation.

Radouane Lakdim, un habitant de Carcassonne condamné pour des faits de droit commun et fiché "S" depuis 2014 pour ses liens avec la mouvance salafiste, avait auparavant tué le passager et blessé le conducteur d'une voiture qu'il a volée, puis ouvert le feu sur quatre CRS qui faisaient un footing près de leur caserne.

Les enquêteurs ont découvert à l'intérieur du supermarché trois engins explosifs de confection artisanale, une arme de poing de calibre 7,65 mm et un couteau de chasse, a-t-on appris samedi de source judiciaire.

De même source, on indique qu'une perquisition réalisée au domicile de Radouane Lakdim a permis la découverte de notes faisant allusion à Daech et faisant penser à un testament, ainsi que des supports numériques.

La compagne de l'assaillant et un de ses amis, un mineur né en 2000, ont été placés en garde à vue vendredi soir.

Dans son communiqué, l'Elysée a souligné que l'enquête ouverte sur ces attaques, qui mobilise "plusieurs centaines" de personnes, devait "faire toute la lumière sur les éventuels liens du terroriste avec Daech, qui a revendiqué l'attentat, sur les complicités dont il aurait pu bénéficier (...) ainsi que sur les étapes de son parcours de radicalisation."

PLUIE D'HOMMAGES

Le chef de l'Etat a en outre "demandé la convocation cette semaine par les préfets de l'ensemble des groupes d'évaluation départementale suivant les individus ayant fait l'objet de signalements pour radicalisation."

Le procureur de Paris, François Molins, a indiqué vendredi soir que Radouane Lakdim avait fait l'objet en 2016 et 2017, de la part des services de renseignements, "d'un suivi effectif qui n'avait permis de mettre en évidence aucun signe précurseur pouvant laisser présager un passage à l'acte terroriste".

Le dernier acte qualifié de terroriste en France remontait au 1er octobre 2017, une attaque à la gare Saint-Charles de Marseille où deux jeunes femmes avaient été poignardées à mort.

Les hommages se sont succédé tout au long de la journée après la mort du lieutenant-colonel Beltrame.

"Jamais la France n'oubliera son héroïsme, sa bravoure, son sacrifice", a déclaré le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, en annonçant la mort du gendarme.

La ministre des Armées, Florence Parly, a salué de même l'"héroïsme" de cet officier de 44 ans sorti major de sa promotion de l'Ecole militaire interarmes de Saint-Cyr Coëtquidan en 1999 et qui avait pris ses fonctions en août dernier au commandement du groupe de gendarmerie de l'Aude.

Le président de l'Assemblée nationale, François de Rugy, a décidé de mettre les drapeaux du palais Bourbon en berne et annoncé que les députés rendraient eux aussi un "hommage solennel" la semaine prochaine aux victimes des attaques et aux forces de l'ordre.

Le recteur de la grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a estimé que le courage de l'officier de gendarmerie et la valeur de son engagement "touchent l'ensemble de la Nation et émeuvent tous ceux qui, victimes ou adversaires du terrorisme international, refusent avec force cette calamité fanatique et criminelle qui frappe notre pays."

Interrogé sur BFMTV, le directeur général de la gendarmerie nationale, le général Richard Lizurey, a indiqué qu'il serait "naturel" de donner la nom d'Arnaud Beltrame à une promotion d'officier, "car il incarne toutes ces valeurs qui doivent être les nôtres et qui doivent nous guider, la générosité, l'engagement, la détermination et le sens du sacrifice au profit de la sécurité des autres".

(Service France, édité par Tangi Salaün)