DAKAR/PARIS (Reuters) - Le fils et un neveu de Sophie Pétronin, détenue au Mali depuis fin 2016, ont déclaré jeudi qu'ils étaient prêts à aller sur place pour la voir et tenter de la ramener en France.

Ils se sont montrés quelque peu rassurés par une nouvelle vidéo de l'otage française enregistrée par ses ravisseurs.

Cette dirigeante d'une ONG suisse d'aide aux enfants souffrant de malnutrition, âgée de 75 ans, a été enlevée le 24 décembre 2016 à Gao, dans le nord du Mali, par le Groupe pour le soutien de l'islam et des musulmans (GSIM), proche d'Al Qaïda.

Dans la vidéo diffusée mercredi soir par un site internet américain de surveillance du djihadisme, assise dans une tente, foulard sur la tête, elle s'adresse à son fils pour lui dire qu'il peut venir la voir sans crainte pour sa sécurité.

Sébastien Chadaud-Pétronin a déclaré à CNews y voir la confirmation d'éléments obtenus par des intermédiaires, selon lesquels "les ravisseurs étaient disposés à (le) recevoir".

"Je suis en train de préparer mon sac (...) Plus rien ne pourra m'arrêter. Je sais que je vais arriver à la retrouver et je sais que je vais la voir", a-t-il ajouté.

Un peu plus tôt, interrogé par Franceinfo, il s'était interrogé sur l'attitude du gouvernement français.

"On a des informations qui ne sont pas très cohérentes, puisque le Quai d'Orsay nous dit qu'il n'a pas réussi à établir le contact", avait-il déclaré. "On multiplie les appels en direction du président Macron pour qu'il clarifie sa position, qu'il nous explique ce qu'il va faire."

Son cousin Arnaud Granouillac s'est pour sa part déclaré prêt à partir avec lui au Mali. "S'il faut partir là-bas, on partira tous les deux", a-t-il dit à France Inter. "On espère qu'on sera accompagné par des services de l'Etat et qu'on rentre avec elle."

OTAGE OUBLIÉ OU SACRIFIÉ ?

La porte-parole du Quai d'Orsay a pour sa part déclaré lors d'un point de presse que la vidéo était en cours d'analyse.

"Le ministère de l'Europe et des affaires étrangères est en relation constante avec la famille de Mme Pétronin", a ajouté Agnès Von der Muhll. "Tous les services de l'Etat sont mobilisés au profit de notre compatriote."

Elle a précisé que,"pour des raisons évidentes de sécurité et d'efficacité", elle était tenue à la plus stricte discrétion.

Dans l'enregistrement diffusé mercredi soir, Sophie Pétronin dit : "Aujourd'hui, nous sommes jeudi 7 juin 2018". Mais il est impossible de certifier que la vidéo date bien de ce jour-là.

L'otage adresse ensuite un message à Emmanuel Macron et au gouvernement français, à qui elle dit être triste de ne pouvoir profiter de sa famille pendant le temps qui lui reste à vivre.

"Il ne se passe rien. Je pense que pour vous (...) je ne représente pas grand-chose, j'en suis parfaitement consciente", déclare Sophie Pétronin. "Je me dis que vous m'avez oublié. Bah, ce n'est pas très grave. Mais d'otage oublié je vais basculer dans otage sacrifié."

Dans la même vidéo, la religieuse colombienne Gloria Cecilia Narvaez, enlevée en février 2017 et détenue avec elle, demande au pape François de venir en aide à l'otage française.

Pour Sébastien Chadaud-Pétronin, "on voit qu'elle est en bonne santé". Mais "On essaie de ne pas se réjouir trop vite", a-t-il cependant déclaré à Franceinfo.

Arnaud Granouillac juge pour sa part le visage de sa tante "beaucoup moins marqué" que dans une vidéo du 1er mars. "On trouve qu'elle a repris du poil de la bête. On dirait qu'elle a repris le dessus", a-t-il déclaré à France Inter.

Les proches de Sophie Pétronin avaient été reçus le 3 mars au ministère français des Affaires étrangères par un conseiller du ministre, Jean-Yves Le Drian.

(Emmanuel Jarry et John Irish, avec Edward McAllister à Dakar, édité par Yves Clarisse)