Les Pussy Riot font sévèrement condamner Moscou à Strasbourg

reuters.com  |   |  429  mots
Les pussy riot font severement condamner moscou a strasbourg[reuters.com]
(Crédits : Sergei Karpukhin)

STRASBOURG (Reuters) - Les Pussy Riot, un groupe russe de musique punk et féministe, ont fait condamner sévèrement la Russie mardi par la Cour européenne des droits de l'homme, deux jours après que trois de ses membres eurent fait irruption sur la pelouse de la finale de la Coupe du monde de football à Moscou.

La juridiction du Conseil de l'Europe, saisie par trois autres Pussy Riot qui avaient été condamnées après une manifestation en 2012, estime que les autorités russes se sont rendues coupables à leur égard de traitements dégradants, violation du droit à un procès équitable, du droit à la liberté et à la liberté d'expression.

Les requérantes, Maria Alyokhina, Nadejda Tolokonnikova et Ekaterina Samoutsevitch, obtiennent un total de 32.000 euros en réparation de leur préjudice moral.

Les trois jeunes femmes avaient été condamnées à deux ans de prison pour "hooliganisme motivé par la haine de la religion" après avoir chanté une "prière punk" dirigée contre le président Poutine dans la basilique du Christ-Sauveur à Moscou.

Les deux premières avaient été amnistiées après un an et neuf mois, la troisième avait bénéficié d'une suspension de peine au bout de sept mois.

Dans leur arrêt, les juges de Strasbourg qualifient d'"inhumaines et dégradantes" les conditions dans lesquelles les trois requérantes ont été véhiculées durant leur procès et exposées dans des cages en verre surveillées par des policiers.

La Cour constate pour les mêmes raisons une violation du droit à communiquer avec leur avocat durant le mois qu'a duré le procès.

Elle estime insuffisamment justifiée la durée de leur détention provisoire, cinq mois.

Elle juge enfin la condamnation et la peine "exceptionnellement sévères au regard des actes des intéressées", une chanson qu'elles avaient entonnée pendant une minute avant de se faire expulser.

Une telle condamnation qui "forcément produit un effet dissuasif sur l'exercice par elles de leur liberté d'expression" n'était "pas nécessaire dans une société démocratique", conclut la Cour.

Elle porte le même jugement sur l'interdiction d'accès à l'enregistrement de la manifestation que les Pussy Riot avaient posté sur internet.

L'arrêt est susceptible d'appel.

Lundi, trois autres membres du groupe ont écopé de quinze jours de prison pour avoir brièvement interrompu la finale entre la France et la Croatie, dans le but de demander la libération de tous les "prisonniers politiques".

(Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse)