La police nicaraguayenne reprend Masaya en mains

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La police nicaraguayenne reprend masaya en mains[reuters.com]
(Crédits : Oswaldo Rivas)

MANAGUA (Reuters) - Plusieurs centaines de policiers nicaraguayens et de partisans du président Daniel Ortega ont repris possession mardi du quartier de Monimbo, à Masaya, épicentre de la contestation contre le chef de l'Etat.

Les affrontements entre militants progouvernementaux parfois munis d'armes automatiques et jeunes manifestants équipés de mortiers de fortune, qui ont duré près de quatre heures, ont laissé le quartier jonché d'éclats de verre et de douilles.

Ramon Avellan, chef de la police locale, avait auparavant annoncé avoir reçu l'ordre de démanteler les barricades dressés par les contestataires. "Nous allons mettre cet ordre à exécution à n'importe quel prix. Masaya est à nous", a-t-il déclaré à la presse.

Au moins 275 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations, en avril. Le mouvement entamé pour dénoncer un projet de réduction des retraites pour combler le déficit de la sécurité sociale s'est depuis élargi, notamment en raison de la violence de la répression, qui s'est durcie à l'approche du 39e anniversaire de la révolution sandiniste, jeudi.

Ce week-end, des hommes armés et en civil ont ouvert le feu sur des étudiants qui avaient trouvé refuge dans une église de Managua et à l'université nationale autonome du Nicaragua.

Un étudiant a été tué dans l'église, ce qui a soulevé une vague d'indignation. Le département d'Etat américain et le secrétaire général de l'Onu Antonio Guterres ont notamment condamné les violences.

Daniel Ortega, ancien chef de fille de la guérilla sandiniste qui a dirigé le pays de 1979 à 1990, dénonce quant à lui une tentative de renversement par la force.

Malgré la reprise en mains de Masaya, certains manifestants disent vouloir poursuivre le mouvement.

"Avant dimanche, le formidable peuple nicaraguayen se lèvera à nouveau d'une manière ou d'une autre", a promis l'un des dirigeants étudiants de Masaya ayant requis l'anonymat.

"Nous ne nous battons pas pour les pavés, pour les barricades, mais pour la démocratie dans le pays et, aujourd'hui, l'opposition est plus forte que jamais", a-t-il ajouté.

Plusieurs dizaines de policiers sont restés à Monimbo après la fin de la confrontation, alors que la ville retrouvait peu à peu son calme habituel.

Mercredi, plusieurs dirigeants du mouvement ont prévenu qu'ils ne céderaient pas.

"Personne ne va se rendre", a dit l'un d'entre eux après être parvenu à fuir mardi de Monimbo, une localité située à une trentaine de kilomètres au sud de Managua et où se sont affrontés des partisans de Daniel Ortega équipés d'armes automatiques à des jeunes gens utilisant des mortiers artisanaux.

A Genève, Rupert Colville, porte-parole du Haut Commissariat de l'Onu aux droits de l'homme, a dénoncé "des exécutions extrajudiciaires, des actes de torture, des détentions arbitraires et le déni du droit à la liberté d'expression".

"La grande majorité des violations sont le fait du gouvernement ou d'éléments armés qui semblent à son service", a-t-il poursuivi, ajoutant que les manifestants étaient principalement pacifiques, même si certains étaient armés.

(Diego Ore avec Stephanie Nebehay à Genève, Jean-Philippe Lefief pour le service français)