Le cofondateur de l'ONG accusée de "fichage" présente ses excuses

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PARIS (Reuters) - Le cofondateur de l'association belge EU DisinfoLab, accusée d'avoir "fiché" des milliers d'utilisateurs de Twitter en publiant les comptes qui avaient largement contribué à la diffusion d'informations sur l'affaire Benalla, a présenté ses excuses vendredi et annoncé qu'il cessait ses activités à l'Université catholique de Louvain.

"Dans mon prisme de doctorant, je ne pouvais soupçonner que le partage de ces données aurait une telle portée", écrit Nicolas Vanderbiest sur le site Medium. "J'assumerai les responsabilités qui m'incombent."

Il ajoute vouloir "cesser [s]es activités dans le cadre de l'Université catholique de Louvain, qui ne doit pas souffrir de [s]es activités bénévoles et de leur portée".

L'étude de EU DisinfoLab dit avoir constaté une hyperactivité de Twitter au moment de l'affaire Benalla. Elle observe que sur l'ensemble des comptes ayant publié sur le sujet, 1% sont responsables de 47% du contenu.

Elle conclut que des comptes militants, certains qualifiés de russophiles, ont largement contribué à la publication des tweets. Selon elle, certains pourraient être semi-automatisés.

Plusieurs personnalités politiques, comme la présidente du Rassemblement national (ex-FN), Marine Le Pen, le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, ou encore le député Les Républicains, Eric Ciotti, se sont plaints de voir leurs comptes cités dans les fichiers sources de l'étude.

Ces documents ont été publiés "par souci de transparence" pour répondre à des demandes "notamment de journalistes et d'enseignants" au sujet de la méthodologie, indique Nicolas Vanderbiest.

"Fichage, censure, manipulation de l'info, barbouzeries... Sympa le nouveau monde ! MLP #FichagePolitique", écrit Marine Le Pen sur Twitter.

"Scandaleux de voir qu'en France, en 2018, on peut être fiché pour ses opinions politiques. J'ai saisi la CNIL pour que toute la lumière soit faite sur cette lamentable manipulation de l'opinion", écrit pour sa part Eric Ciotti.

La CNIL a dit par l'intermédiaire d'un porte-parole avoir reçu "des dizaines de plaintes" à ce sujet.

EU DisinfoLab dit avoir été surprise par "la médiatisation" de son travail, "son détournement et sa récupération politique".

"Un grand nombre de personnes se sont senties fichées. Nous ne l'avions pas du tout anticipé en rendant ces données publiques. Nous sommes sincèrement et profondément désolés et nous en tirerons toutes les leçons", déclare-t-elle.

Elle estime toutefois ne pas être allée à l'encontre de la loi en publiant ces informations.

"L'étude publiée repose sur une base légale. Elle est fondée sur l'exercice du droit à la liberté d'information et du droit du public à l'information, (...) et ne nécessite donc pas de recueillir le consentement des personnes concernées", affirme-t-elle.

(Caroline Pailliez, édité par Danielle Rouquié)