L'Aquarius accueilli à Malte, les migrants répartis entre cinq pays

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Malte ouvre ses ports a l'aquarius[reuters.com]
(Crédits : Guglielmo Mangiapane)

par Chris Scicluna

LA VALETTE (Reuters) - Le gouvernement de Malte a autorisé mardi le navire humanitaire Aquarius, qui a secouru 141 migrants au large de la Libye, à accoster dans un de ses ports dans le cadre d'un accord avec cinq Etats européens, qui prévoit notamment l'accueil de 120 rescapés par la France et l'Espagne.

Cette solution "ad hoc" a été saluée par la Commission européenne et Paris, qui appellent cependant à trouver un mécanisme à long terme pour éviter les crises à répétition.

"Malte servira de base logistique et la totalité des 141 migrants censément à bord seront répartis entre la France, l'Allemagne, le Luxembourg, le Portugal et l'Espagne", précise le gouvernement dans un communiqué.

Cette décision, précise le communiqué maltais, met fin à quatre jours d'une nouvelle crise autour du sort des migrants secours par l'Aquarius. L'Italie, l'Espagne et la Tunisie ont refusé d'accueillir dans un de leurs ports le navire humanitaire affrété par l'ONG SOS Méditerranée.

L'accord concerne aussi une partie des 114 personnes secourues lundi en mer par les autorités maltaises, selon le communiqué.

Selon la vice-présidente du gouvernement espagnol, Carmen Calvo, l'Espagne va accueillir 60 migrants, tout comme la France, l'Allemagne 50, le Portugal 30, le Luxembourg cinq et 50 resteront à Malte, portant le total de migrants accueillis par ces pays de l'UE à 255.

Calvo a également déclaré que l'Italie allait accueillir des migrants de l'Aquarius, ce que dément le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini.

"Le navire humanitaire Aquarius va aller à Malte et les migrants à bord seront répartis entre l'Espagne, la France, le Luxembourg, le Portugal et l'Allemagne. Comme prévu, pas en Italie. Nous avons déjà assez fait", écrit-il sur Twitter.

Informé de l'annonce des autorités maltaises, le directeur des opérations de SOS Méditerranée, Frédéric Penard, a estimé que "c'était peut-être une ébauche intéressante, parce que Malte ou la Sicile sont les ports sûrs les plus proches, probablement les plus adéquats pour que des opérations de sauvetage soient menées".

"Malte permettrait une efficacité certaine, et le fait que ce soit une coordination entre un nombre important de pays européens est positif", a-t-il ajouté.

"IL NOUS FAUT DES SOLUTIONS DURABLES"

A Bruxelles, le commissaire européen chargé des Migrations, Dimitris Avramopoulos, a confirmé cet accord mais a ajouté que l'Union européenne devait trouver une solution à long terme.

"Nous ne pouvons pas nous en remettre seulement à des arrangements au cas par cas, il nous faut des solutions durables. Et ce n'est pas la responsabilité d'un seul ou de quelques-uns seulement de nos Etats membres, mais de l'Union européenne dans son ensemble", a-t-il dit dans un communiqué.

Sur son compte Twitter, Emmanuel Macron a mis en avant cette "coopération européenne concrète actée sur l'Aquarius, sur initiative franco-maltaise".

L'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) se rendra à Malte, probablement dès jeudi, "pour accueillir 60 personnes en besoin de protection", a-t-on appris auprès de l'Elysée.

"La décision a été prise une nouvelle fois dans un contexte d'urgence humanitaire, et démontre l'importante d'un mécanisme pérenne et soutenable pour éviter les crises à répétition", peut-on lire dans un communiqué transmis par la présidence

"La France, avec ses partenaires, fera des propositions dans les prochaines semaines pour la mise en place d'une réponse efficace afin que chacun prenne ses responsabilités en matière de sauvetage, de débarquement et de solidarité."

Mi-juin, lors d'une précédente mission de secours en mer, l'Aquarius avait été refoulé par le gouvernement italien nouvellement formé par la Ligue d'extrême droite et le Mouvement contestataire 5 Etoiles. La France et Malte l'avaient également rejeté.

Les 629 migrants qui se trouvaient alors à son bord avaient finalement pu débarquer en Espagne, à Valence. Une partie d'entre eux ont ensuite été répartis vers d'autres pays, dont la France.

Dans le sillage de ce premier épisode de crise, les Vingt-Huit s'étaient engagés le 29 juin à l'issue d'un Conseil européen à renforcer les frontières de l'UE, créer des "plateformes de débarquement" hors d'Europe et des "centres contrôlés" d'accueil sur le sol européen sur la base du volontariat, des engagements qui n'ont débouché pour l'heure sur aucun mécanisme concret de secours en Méditerranée.

(avec Julie Carriat à Paris, Andres Gonzalez à Madrid, Axel Bugge à Lisbonne et Foo Yun Chee à Bruxelles; Henri-Pierre André et Arthur Connan pour le service français)