Les banques s'engagent à ne pas augmenter leurs tarifs en 2019

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Emmanuel macron recoit les banques et les entreprises[reuters.com]
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PARIS (Reuters) - Les banques françaises se sont engagées mardi, lors d'une réunion avec Emmanuel Macron, à ne pas augmenter les tarifs bancaires des particuliers en 2019 et à plafonner, de façon pérenne, les frais d'incidents bancaires pour les publics les plus fragiles, a annoncé l'Elysée.

Cette annonce survient au lendemain de l'allocution du chef de l'Etat qui, plus de trois semaines après le début de la crise des "Gilets jaunes", a décrété "l'état d'urgence économique et sociale" et appelé à la mobilisation de tous les acteurs.

Les représentants des banques françaises "se sont engagés" à ne pas augmenter les tarifs bancaires pour les particuliers en 2019 et "à plafonner les frais d'incidents bancaires à 25 euros par mois" pour les populations les plus fragiles, selon une source à la présidence française.

Cette mesure de plafonnement bénéficiera à 3,6 millions de personnes en France, a ajouté cette source, selon laquelle les deux engagements pris mardi représentent "500 à 600 millions de pouvoir d'achat redistribués au bénéfice des Français".

Dans un communiqué publié à l'issue de la rencontre, la Fédération bancaire française (FBF) ne mentionne pas le niveau global de plafonnement, précisant qu'il sera "fixé librement par chaque banque, en fonction notamment de ses propres coûts."

Le chef de l'Etat a également demandé aux banques d'accompagner les artisans, commerçants et les petites entreprises "qui sont le plus durement touchés par la crise actuelle, les blocages et les dégradations" qui se sont produites en marge du mouvement des "Gilets jaunes", peut-on lire dans un communiqué de l'Elysée.

Il a en outre exhorté les acteurs bancaires à prendre "une part active" à la grande concertation territoriale qui s'ouvre samedi en France jusqu'au 1er mars, leur demandant de proposer d'ici la fin des débats des mesures pour faciliter notamment l'accès à des crédits aux particuliers investissant dans la transition écologique.

UNE CENTAINE D'ENTREPRISES CONVIEES MERCREDI

Jean-Laurent Bonnafé (BNP Paribas), Philippe Brassac (Crédit Agricole), Laurent Mignon (BPCE), Frédéric Oudéa (Société Générale), Nicolas Théry (Crédit Mutuel), Rémy Weber (Banque Postale) et Marie-Anne Barbat-Layani (FBF) figuraient parmi les participants.

François Villeroy de Galhau (Banque de France), Eric Lombard(Caisse des dépôts), Nicolas Dufourcq (Bpifrance), Jean-Marc Vilon (Crédit Logement) et Françoise Palle-Guillabert (association française des sociétés financières) complétaient le tour de table.

Mercredi, le chef de l'Etat recevra à 16h30 "une centaine" d'entreprises publiques et privées françaises pour les appeler également à la "mobilisation générale".

Dans son allocution solennelle lundi soir, Emmanuel Macron avait indiqué avoir besoin que "les grandes entreprises" et les Français "les plus fortunés, aident la Nation à réussir".

Le gouvernement et le Parlement "devront aller plus loin pour mettre fin aux avantages indus et aux évasions fiscales", avait-il déclaré. "Le dirigeant d'une entreprise française doit payer ses impôts en France et les grandes entreprises qui y font des profits doivent y payer l'impôt, c'est la simple justice."

Les entreprises françaises ont également été invitées par le gouvernement à accorder une prime exceptionnelle de fin d'année à leurs salariés, prime qui sera défiscalisée et désocialisée.

Publicis a annoncé le versement d'une "prime exceptionnelle de 1.000 euros aux salariés du groupe en France gagnant moins de 2.500 euros brut par mois".

Le PDG d'Orange, Stéphane Richard, a quant à lui annoncé sur Twitter que son groupe, dont l'Etat est actionnaire, répondrait "présent à l'effort de solidarité nationale."

"LES RICHES PASSENT ENTRE LES GOUTTES"

Si les entreprises et les banques doivent participer à l'effort collectif, il n'est pas question de revenir sur la réforme de l'impôt sur la fortune (ISF), comme le réclament les "Gilets jaunes" et l'opposition de gauche, a souligné Emmanuel Macron lundi soir, estimant que "revenir en arrière affaiblirait" la France.

Cette fin de non-recevoir sur l'ISF a été critiquée par Benjamin Cauchy, membre du collectif des "Gilets jaunes libres" qui a estimé, dans le Figaro, qu'en ne réintroduisant pas cet impôt, le chef de l'Etat restait "le président des riches" - une image dont peine à se départir Emmanuel Macron.

"Les riches ont encore réussi à passer entre les gouttes", a renchéri Benoît Hamon, fondateur du mouvement Génération-s et ancien candidat socialiste à l'élection présidentielle.

"Ceux qui sont toujours protégés, systématiquement, de toutes contributions, ce sont les gros actionnaires, les entreprises polluantes, les banques, les plus riches", a-t-il souligné sur Public Sénat mardi matin.

(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)