Ingenico ferme la porte à un mariage avec un partenaire

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PARIS (Reuters) - Ingenico a annoncé lundi sa décision de ne pas donner suite aux marques d'intérêt dont le groupe a fait l'objet, préférant se concentrer sur l'amélioration en interne de la performance du groupe.

Le spécialiste des paiements, qui a annoncé fin octobre une revue stratégique après des performances décevantes, repousse ainsi les avances formulées par la banque française Natixis.

A 12h10, le titre Ingenico chute de 6,87% à 53,44 euros à la Bourse de Paris, accusant l'une des plus fortes baisses de l'indice paneuropéen Stoxx 600 (-0,39%).

Le titre Natixis cède au même moment 0,79% à 4,511 euros.

"La société entend ainsi se concentrer sur l'accélération de la performance du groupe et sur la préparation d'un nouveau plan stratégique moyen terme", note Ingenico dans un communiqué.

"Ingenico communiquera son plan stratégique moyen terme avant la tenue de son assemblée générale annuelle 2019", ajoute la société.

Elle précise avoir mis fin au comité ad hoc d'administrateurs constitué cet automne pour réexaminer sa stratégie et se pencher sur l'évolution de sa gouvernance.

Ingenico a depuis remplacé son PDG Philippe Lazare par le tandem constitué de Bernard Bourigeaud à la présidence et Nicolas Huss, à la direction générale.

Natixis, qui avait exprimé le 11 octobre son intérêt pour un rapprochement de ses activités de paiement avec Ingenico, n'a pas souhaité commenter la décision d'Ingenico.

Une source proche du dossier avait indiqué au début de l'automne à Reuters que le groupe avait également reçu une marque d'intérêt d'Edenred cet été.

Mais le 26 octobre, Edenred, spécialiste des tickets restaurant, avait finalement fait savoir qu'il n'avait pas l'intention de faire une offre.

LA SOUVERAINETÉ DE L'EUROPE DANS LES PAIEMENTS

A l'ère du digital et avec l'usage croissant des smartphones, l'industrie des paiements est en pleine ébullition et connaît actuellement une vague de consolidation.

Worldline, filiale d'Atos, a ainsi annoncé en mai le rachat du suisse Six Payment pour 2,3 milliards d'euros.

Début avril, c'est le spécialiste américain des technologies de paiement Verifone Systems qui a été racheté par un groupe d'investisseurs emmenés par Francisco Partners pour un montant d'environ 3,4 milliards de dollars (2,8 milliards d'euros).

Son concurrent américain Vantiv a de son côté bouclé en janvier le rachat de huit milliards de livres (9,1 milliards d'euros) du britannique Worldpay.

Face à la menace de domination des géants américains du numérique comme PayPal, Google, Facebook et Amazon, ou chinois tels qu'Alibaba et Tencent, l'Europe cherche la parade pour préserver sa souveraineté dans les moyens de paiements.

Le mois dernier, la Banque centrale européenne (BCE) a ainsi lancé un nouveau système de paiement instantané.

Développé en à peine plus d'un an, ce système baptisé TIPS permettra aux particuliers et aux entreprises en Europe de transférer de l'argent en l'espace de quelques secondes et à tout moment de la journée.

Afin de conserver l'accès aux données de leurs clients, les fidéliser et mieux les connaître, les banques entendent garder la main sur les systèmes de paiement, soit en se renforçant dans ces activités soit en participant à des partenariats ou des projets de Place.

(Gwénaëlle Barzic et Claude Chendjou, avec la contribution de Matthieu Protard, Inti Landauro et Sudip Kar-Gupta, édité par Jean-Michel Bélot)