Tunisie : Deux candidats hors système se disent en tête du premier tour

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Les tunisiens aux urnes pour une presidentielle indecise[reuters.com]
(Crédits : Zoubeir Souissi)

par Tarek Amara et Angus McDowall

TUNIS (Reuters) - Deux candidats hors système, l'universitaire Kaïs Saïd et le magnat des médias Nabil Karoui, incarcéré depuis trois semaines pour fraude fiscale, ont revendiqué dimanche soir leur qualification pour le second tour de l'élection présidentielle en Tunisie.

Les sept millions d'électeurs tunisiens étaient appelés aux urnes pour le premier tour d'un scrutin qui désignera le successeur du président Béji Caïd Essebsi, mort en juillet.

Les bureaux de vote ont fermé à 18h00 (17h00 GMT) et aucun résultat officiel n'a été diffusé.

Mais Kaïs Saïd, professeur de droit, qui était un inconnu avant la campagne, a déclaré que les sondages réalisés à la sortie des urnes le donnaient en tête du premier tour.

"Ma victoire porte une grande responsabilité pour transformer la frustration en espoir, c'est une nouvelle étape dans l'histoire de la Tunisie, c'est comme une nouvelle révolution", a dit cet universitaire conservateur au micro de Radio Mosaïque.

Un peu plus tôt dans la soirée, le porte-parole de Nabil Karoui avait affirmé que l'homme d'affaires incarcéré depuis le 23 août pour fraude fiscale et blanchiment d'argent serait lui aussi présent au second tour, le 13 octobre prochain.

"C'est une victoire impressionnante qui montre que les Tunisiens veulent rompre avec l'ancien système et élire un dirigeant qui leur ressemble. C'est une leçon pour les gouvernants", a souligné une autre responsable de son parti, Samira Chaouachi.

Le parti islamiste modéré Ennahda a indiqué pour sa part que son candidat, Abdelfattah Mourou, n'était pas distancé, augurant peut-être d'une situation de confusion à venir.

LA PARTICIPATION À 45%

Vingt-six candidats étaient en lice dimanche - deux se sont retirés de la course, mais leur nom figurait toujours sur les bulletins.

Huit ans après la "révolution du Jasmin" qui avait donné le coup d'envoi du "printemps arabe", la Tunisie est le seul pays concerné à avoir connu une réelle transition démocratique, même si celle-ci demeure fragile.

La situation économique pèse aussi sur les Tunisiens, qui ont le sentiment que leurs conditions de vie se sont dégradées, sur fond de chômage de masse et de forte inflation qui plombent la candidature du Premier ministre Youssef Chahed et d'autres anciens dirigeants du pays.

Lors des élections municipales l'an dernier, seuls 34% des quelque sept millions d'électeurs tunisiens s'étaient déplacés.

A la précédente présidentielle, en 2014, la participation avait atteint les 63% des inscrits. Elle a été annoncée pour ce dimanche à guère plus de 45%.

Même s'il demeure la personnalité la plus importante sur la scène politique tunisienne, le président n'exerce un contrôle direct que sur les affaires étrangères et la défense, les autres domaines d'intervention relevant du Premier ministre. Les Tunisiens renouvelleront par ailleurs leur Parlement le 6 octobre.

Plusieurs candidats à la fonction suprême ont remis en cause ce partage des tâches, réclamant une modification de la Constitution pour élargir les pouvoirs présidentiels.

(Jean-Stéphane Brosse, Tangi Salaün et Henri-Pierre André pour le service français)