La majorité démine tous azimuts avant les débats sur l'immigration

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PARIS (Reuters) - A une semaine du débat sur l'immigration au Parlement français, La République en marche s'active pour déminer le sujet, source de crispation entre les différentes sensibilités du parti présidentiel et de ses alliés.

Une première réunion était prévue au ministère de l'Intérieur ce lundi avec le groupe d'animation politique de La République en marche, qui compte une cinquantaine d'élus emmenés par Raphaël Gauvain et Jean-Bernard Sempastous, respectivement membres des commissions des Lois et des Affaires économiques.

Dans la soirée, une conférence organisée à l'Assemblée nationale devait permettre aux élus de tous bords - hors Rassemblement national - de rencontrer la capitaine du navire humanitaire Seawatch 3, l'Allemande Carola Rackete, arrêtée cet été pour avoir accosté sur l'île de Lampedusa malgré le blocus imposé par le ministre italien Matteo Salvini.

Mardi, les élus LaRem et MoDem verront le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner. Mercredi soir, La République en marche réunit son bureau exécutif sur le sujet.

Une rencontre avec le Premier ministre, Edouard Philippe, suivra le lendemain, complétant ce qui ressemble fort à une opération de déminage sur un sujet éruptif remis sur le devant de la scène par les récents propos d'Emmanuel Macron invitant à regarder l'immigration "en face".

A l'approche des débats sans vote de lundi à l'Assemblée et mercredi au Sénat, Matignon prépare un "document de synthèse" reprenant les grandes lignes et les chiffres-clés de récents rapports dressant un état des lieux de l'immigration en France.

RÉFORME DE L'AIDE MÉDICALE D'ETAT?

L'entourage du Premier ministre plaide pour un dialogue "lucide et apaisé". Sa "double ambition" : "mieux accueillir ceux qui ont le droit d'être sur le territoire national" et "reprendre un meilleur contrôle des flux migratoires". "Notre démarche est simple : avoir un débat et au regard des éléments qui en sortiront, prendre des décisions", souligne-t-on.

"Deux fois moins de personnes arrivent en Europe depuis la crise migratoire de 2015, pourtant ça fait deux années que l'augmentation des demandeurs d'asile en France prend 20%", a détaillé le délégué général de LaRem, Stanislas Guerini, lundi matin sur RMC et BFM TV. Le nombre de demandes d'asile est passé selon lui de 85.000 en 2017 à 125.000 aujourd'hui.

Des éléments destinés à contrer fantasmes et contre-vérités selon les défenseurs des débats; à mettre de l'huile sur le feu en allant sur le terrain du Rassemblement national, jugent ses détracteurs, parmi lesquels nombre de tenants de "l'aile gauche" des députés LaRem.

Lesquels ont publié deux tribunes distinctes, l'une demandant un traitement "humain" de la question, l'autre s'inquiétant d'une réforme de l'aide médicale d'Etat (AME) proposée aux étrangers en situation irrégulière.

Stanislas Guerini a souligné l'importance de lutter contre les "abus" de ce système auquel la ministre de la Santé, Agnès Buzyn a quant à elle dit son attachement.

Selon le journal l'Opinion, le gouvernement songerait aussi à réformer le régime d'assurance maladie des étrangers de même que l'accès au Revenu de solidarité active (RSA), qu'un étranger en situation régulière peut percevoir au bout de cinq ans.

(Elizabeth Pineau avec Marine Pennetier, édité par Sophie Louet)