La BCE ajuste sa stratégie pour gagner du temps, selon Groupama AM

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(Crédits : Kai Pfaffenbach)

PARIS (Reuters) - La Banque centrale européenne a ajusté sa politique monétaire pour insister sur les conditions de financement, une stratégie qui lui permet de gagner du temps et de maintenir sa crédibilité, dit-on chez Groupama AM.

Cette nouvelle stratégie est présentée par l'institution de Francfort comme transitoire, le temps de son programme d'achats d'actifs en urgence face à la pandémie (PEPP), soulignent deux économistes de la société de gestion dans une note publiée mardi.

"Cependant, nous pensons qu'elle pourrait être plus structurante et durable que suggéré par la BCE", écrivent-ils.

La BCE adopte un nouveau vocabulaire avec une "boussole", à savoir les conditions de financement, et un objectif d'"ancrage" de la stabilité des prix dans la durée, expliquent-ils.

Les conditions de financement, qui diffèrent des conditions financières parce qu'elles excluent les évolutions de marchés et du taux de change de l'euro, s'évaluent en amont en fonction d'indicateurs de marché et, en aval, en fonction d'indicateurs de crédit et de comportement bancaire, expliquent-ils.

En adoptant cet objectif intermédiaire de conditions de financement, la BCE améliore le pilotage de ses anticipations ("forward guidance"), à savoir les indications qu'elle donne au marché sur l'évolution à attendre de sa politique, écrivent Christophe Morel, chef économiste de Groupama AM, et Maryse Pogodzinski, économiste de la branche de gestion d'actifs de l'assureur français.

Cette communication améliorée, qui réduit les incertitudes et donc les primes de risque, enlève en outre de la pression à la BCE dans la poursuite de son objectif d'atteindre une inflation légèrement inférieure à 2%, ajoutent-ils.

"En déterminant cet objectif intermédiaire plus évident à atteindre que l'objectif final de stabilité des prix, la BCE se donne les moyens de ne prendre aucun risque avec sa crédibilité, susceptible d'être entachée si elle ne parvient pas à ramener l'inflation à 2% avant longtemps", lit-on dans la note.

"En effet, la perspective d'une inflation durablement à 2% ne dépend pas directement de la BCE et, de fait, ne sera pas atteinte avant plusieurs années. En revanche, les décisions de politique monétaire de la BCE ont plus d'impact sur les anticipations d'inflation à moyen terme, notamment sur les anticipations de marché, ce qui soutient sa crédibilité."

(Patrick Vignal, édité par Marc Angrand)