La Chine ne décolère pas, Blinken dénonce une escalade injustifiée

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(Crédits : Soe Zeya Tun)

par Yimou Lee et Sarah Wu

TAIPEI (Reuters) - La Chine a annoncé vendredi une série de mesures de rétorsion contre les Etats-Unis et des sanctions contre Nancy Pelosi, trois jours après la crise diplomatique provoquée par la visite à Taïwan de la présidente de la Chambre américaine des représentants.

L'armée chinoise a parallèlement entamé une deuxième journée d'exercices militaires aux allures de démonstration de force autour de l'île.

Pékin dénonce la violation par Nancy Pelosi du respect du principe d'"une seule Chine", reconnaissant la Chine populaire comme une et unie et faisant de Taïwan une province séparatiste.

Dans un communiqué, le ministère chinois des Affaires étrangères a annoncé la suspension de la coopération entre la Chine et les Etats-Unis dans un certain nombre de domaines, dont le dialogue militaire à haut niveau ou les négociations climatiques.

Les exercices aériens et navals, qui doivent durer jusqu'à dimanche midi, ont quant à eux repris au nord, au sud-ouest et à l'est de l'île, a déclaré le commandement du Théâtre Est de l'Armée populaire de libération (APL).

Une dizaine de navires de guerre chinois et vingt avions militaires ont brièvement franchi vendredi matin la ligne médiane séparant le détroit de Taïwan, a déclaré une source taïwanaise au fait du dossier.

Le ministère taïwanais de la Défense a déclaré que des avions et des navires avaient été déployés, ainsi que des systèmes terrestres de défense antimissile, afin de surveiller la situation.

"IL N'Y A PAS DE JUSTIFICATION À CETTE ESCALADE"

Lors de leur première journée de manoeuvres, les forces chinoises ont tiré plusieurs missiles, une "escalade injustifiée" selon le secrétaire d'Etat américain.

Lors d'une conférence de presse donnée vendredi en marge d'un forum régional de l'Asean (Association des Nations du Sud-Est asiatique) au Cambodge, Antony Blinken a réaffirmé que les Etats-Unis n'avaient pas cherché à déclencher une crise avec la visite de Nancy Pelosi mardi et mercredi à Taïwan.

"Il n'y a pas de justification à cette réponse militaire extrême, disproportionnée et susceptible de provoquer une escalade", a déclaré le chef de la diplomatie américaine.

De son côté, le ministère chinois des Affaires étrangères a annoncé qu'il sanctionnerait Nancy Pelosi et sa famille proche en représailles à ses actions "malveillantes" et "provocantes".

"En dépit des sérieuses préoccupations et de la ferme opposition de la Chine, Pelosi a insisté pour se rendre à Taïwan, interférant gravement avec les affaires intérieures de la Chine, sapant sa souveraineté et son intégrité territoriale, piétinant la politique d'une seule Chine et menaçant la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan", a déclaré un porte-parole du ministère dans un communiqué.

Selon le ministère japonais de la Défense, jusqu'à quatre missiles ont survolé Taipei jeudi. Cinq parmi neuf missiles tirés en direction de l'archipel japonais sont tombés dans la zone économique exclusive du Japon, qui ne s'était jamais produit auparavant. Tokyo a protesté par la voie diplomatique.

Le ministère taïwanais de la Défense a précisé par la suite que les missiles avaient volé haut dans l'atmosphère et n'avaient pas constitué une menace pour l'île.

Pour Bonnie Glaser, experte en questions de sécurité au sein du German Marshall Fund of the United States, le survol de missiles balistiques au-dessus de Taïwan est sans précédent.

"De mon point de vue, la plus grande menace, c'est que la Chine soit en train de s'entraîner pour un blocus, démontrant qu'elle peut bloquer les ports et aéroports de Taïwan, et empêcher la navigation", a-t-elle toutefois ajouté.

Taïwan est gouvernée de façon autonome depuis la retraite sur l'île des nationalistes du Kuomintang lors de leur défaite face aux communistes en 1949.

Pékin dit se réserver le droit de reprendre le contrôle de l'île, par la force si nécessaire.

Lors de sa dernière escale de sa tournée en Asie, au Japon, Nancy Pelosi a estimé que la Chine ne pouvait interdire à des responsables occidentaux de se rendre à Taïwan.

Elle a ajouté que sa visite ne visait pas à modifier le statu quo à Taïwan ou dans la région, à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre japonais, Fumio Kishida.

(Version française Jean-Stéphane Brosse, édité par Nicolas Delame)